Une femme en état de sièges
Amanda Rossetti est l’une des rares représentantes du sport automobile dans le canton de Neuchâtel. C’est dans le siège de copilote qu’elle sévit aussi bien dans le championnat de Suisse que sur le circuit français. La Vallonnière de 35 ans lorgne sur le baquet de pilote sans pour autant avoir fait le pas à ce jour. Dans la vie de tous les jours, cette maman s’occupe de son petit garçon de cinq ans tout en épousant avec efficacité la forme de son siège de comptable dans une régie immobilière. Elle nous parle du fil de sa vie sur lequel les risques et l’adrénaline ne l’effraient pas !
Amanda Rossetti, née Thiébaud, est originaire de Buttes. Elle a grandi dans les rues de Fleurier et y a passé toute sa scolarité. Aujourd’hui elle a 35 ans et un petit garçon de cinq ans dont les yeux s’illuminent d’étoiles lorsqu’il l’accompagne sur des rallyes. C’est une histoire familiale puisque son papa Mathias, avec qui Amanda est aujourd’hui séparée, roule depuis 2009.
C’est avec lui que je suis montée à droite, dans le siège du copilote, pour la première fois. C’était en 2011 ! Et nous participions déjà au championnat de Suisse junior (moins de 26 ans) une année plus tard.
Cette première expérience en compétition aurait pu être gagnante mais une sortie de route est venue bousculer le destin.
Vice-champion suisse junior en 2012
Nous étions en tête toute la saison avant de nous faire coiffer au poteau lors de l’avant-dernière étape du championnat à la suite de cette sortie de route. On s’en est finalement bien sortis mais le titre nous est passé entre les mains à cause de ça,
ressasse-t-elle encore. Ils se sont néanmoins consolés avec celui de vice-champion suisse junior. Mathias Rossetti a d’ailleurs roulé avec un autre Vallonnier, Mathieu Wyttenbach. Le Courrier en a dressé le portrait dans son édition du 21 avril.
Le rallye est un petit monde, surtout au Val-de-Travers où nous sommes qu’une poignée de pilotes et copilotes (Grégoire Hotz, Jérôme Geiser,…). Et je crois bien que je suis la seule femme du Vallon à m’y risquer.
Jusqu’à maintenant, c’est dans la combi de copilote qu’elle s’y est risquée mais elle n’a pas abandonné l’idée de potentiellement prendre le volant un jour.
C’est vrai que j’aimerais bien franchir le pas mais ça demande du temps et un certain budget pour passer la licence. Je vais donc continuer à prendre du plaisir dans la position de navigateur.
« On est ses yeux et le pilote est nos jambes »
Dans le jargon automobile, le navigateur signifie le copilote.
Ce terme est plus juste pour rendre compte de notre responsabilité. On navigue littéralement ! C’est nous qui donnons les indications de direction au conducteur. Il ne peut rien faire sans nous car on est ses yeux. Et lui est nos jambes !
Après une année au côté de Mathias, Amanda a ensuite roulé trois ans avec une autre femme, Maude Studer. Et cette année, c’est avec Sébastien Studer (l’ex-mari de Maude) qu’elle fait équipe. Comme quoi, le monde du rallye est effectivement petit ! Ils participent ensemble au championnat de Suisse ainsi qu’au championnat de France « terre » (il y a aussi une catégorie « asphalte »).
En version « terre », on est très proche de ce qu’il se fait en WRC (championnat du monde des rallyes) où les voitures sont constamment en glisse. Ça signifie qu’on roule essentiellement sur du terrain non goudronné. La voiture doit être montée bien plus haute que ce qui se fait sur route par exemple. C’est un super terrain pour s’éclater !
Son pilote Sébastien possède son propre véhicule et son propre staff. C’est une configuration différente par rapport à Mathieu Wyttenbach et d’autres de ses « semblables » qui font appel à des services de location pour prendre le départ des courses.
La fatigue psychique du copilote
En revanche, la condition physique doit être bonne pour tout le monde car dans « sport automobile » il y a le mot sport. « C’est vraiment physique de participer à une compétition. Il y a le repérage, les reconnaissances, les prises de notes puis le passage des ouvreurs. Ce n’est pas obligatoire mais nous avons des ouvreurs qui passent juste avant la fermeture du parcours pour nous donner les dernières informations (coulées d’eau, présence de graviers,…). Du coup, s’il faut ajouter des informations à nos notes, on le fait rapidement puis on relie nos pages avec notre propre relieuse. Puis on va dormir et les spéciales commencent le lendemain. C’est du 7 h-19 h non-stop où il faut encaisser les chocs dans notre siège et résister à la fatigue psychique qui s’installe au fil des spéciales. » Amanda tient le coup car elle a toujours fait beaucoup de sport, notamment du ski de compétition.
Les accidents mortels, un ciment tragique
J’aime l’adrénaline et la sensation de vitesse. Je fais aussi de la course à pied et je peux vous garantir qu’après une journée dans l’auto, je suis aussi crevée qu’après un bon trail de trente kilomètres. Heureusement on se soutient tous, un peu comme dans une deuxième famille. J’aime cette ambiance rallye.
Les moments tragiques comme les accidents mortels ou les graves sorties de route participent à ce lien invisible qui unit les différents équipages. Professionnellement, elle peut aussi « couper » après chaque compétition puisqu’elle travaille dans l’immobilier et non pas dans l’automobile. Après dix-sept ans passés au sein de la Fiduciaire Reymond, elle œuvre désormais dans une régie immobilière située dans le bas du canton. Encore un siège dans lequel la Vallonnière est à l’aise et sait faire la différence !
Kevin Vaucher