12 heures dans la meute du « Lions »
Lors d’un festin, il y a certaines règles à respecter dans une meute de lions. Il y a une hiérarchie, même à l’heure du repas. Aux 12 heures des tripes, du Lions Club Val-de-Travers, l’organisation du festin a demandé une minutie et une précision de tous les instants aussi. Il a fallu faire cohabiter une quarantaine de bénévoles du club dans la meute. Sans oublier la présence d’une vingtaine de lutteurs et de lutteuses au service. Tout ça pour que plus de 220 kilos de tripes soient dévorés par quelque 600 personnes. Le Courrier a intégré la meute le temps de ce long repas de charité.
Une valse de caquelons, des allers et retours permanents entre la salle et la cuisine ainsi que des gourmands qui se pressent pour avoir une place à la table du festin : voilà la vue d’ensemble que l’on pouvait avoir samedi, entre 11 h et 23 h, à la salle de spectacles de Couvet. Et pour accompagner ce qui constitue presque un rituel pour une partie des gourmets, ajoutons-y la musique de La Foulée folklorique du Vallonnier Philippe Kisslig. Avant que la meute du Lions Club Val-de-Travers n’entre en scène, tout avait commencé quelques heures plus tôt en cuisine.
25 kilos d’oignons à couper
Samedi 8 h : l’équipe de cuisine prend possession de ses quartiers car elle a des oignons sur la planche. Il y en a plus de 25 kilos à couper. C’est la proportion prévue par la recette des tripes à la neuchâteloise de Pierre Aubert. Jamais à court d’énergie, le Vallonnier est accompagné par une meute de « Lions » en cuisine dont Denis Scagnetti (on en reparlera un peu plus loin…). Ils s’attendent à un gros service à partir de midi mais ils sont loin de se douter de ce qui les attend. Pour le moment, il faut préparer les tripes. « Elles sont lavées et précuites mais nous devons encore les cuire trois à quatre heures avant de les envoyer en salle », détaille un autre membre de la meute, Vincent Codoni.
Du fromage aux tripes
Bien que les tripes sortent dans des caquelons et sont maintenues au chaud sur des réchauds, ce n’est pas une fondue que les amateurs de tripaille vont déguster. « C’est drôle que vous parliez de fromage car l’idée des 12 heures des tripes découle des 12 heures du fromage, organisées au Val-de-Ruz (la fournée 2023 a lieu ce samedi 4 février) », continue-t-il. Mais pourquoi donc être passé d’un mets apprécié, comme le fromage, à un plat qui pousse moins à l’appétit, en apparence ? « On s’est rendu compte que les restaurants proposaient moins les tripes à la neuchâteloise. Et on trouvait ça un peu injuste pour ce produit qui reste très apprécié quand il est bien préparé. Comme c’est à gogo, certains mangent à midi et le soir. » Il faut avoir confiance en ses tripes et son estomac…
Midi : le coup de feu !
Le Lions Club Val-de-Travers a aussi pensé à ceux qui ne sont pas (encore) prêts à redonner ses lettres de noblesse aux tripes à la neuchâteloise. « On avait préparé du jambon. C’est une valeur sûre même si je tiens à dire qu’on a vendu quatre à cinq fois plus de tripes que de jambon. » Le menu du festin n’est donc pas près de changer. Et c’est tant mieux, à en croire la fréquentation record enregistrée cette année. « Le service de midi était complètement dingue. On a même dû ajouter des tables dans le hall pour recevoir tout le monde. Les 120 à 130 kilos de tripes préparés étaient liquidés à 15 h. »
L’accalmie avant le second coup de feu
Au final, ce sont 360 personnes qui ont été accueillies à midi et 200 à 250 dans la suite de la journée (surtout lors du souper). Plus de 100 kilos de tripes ont encore
été servis. « On a préparé la deuxième partie des tripes dans l’après-midi pour qu’elles soient prêtes à partir de 18 h 30 », me souffle-t-on en cuisine. Samedi 18 h 30 : la salle de spectacles commence à se remplir à nouveau sérieusement.
Certains viennent seuls, d’autres arrivent en groupes. Tout le monde se retrouve ensuite sur de longues tables. Pour donner un coup de main au service, le club de lutte du Val-de-Travers a mis une vingtaine de membres à disposition.
Le journaliste entouré par la meute
Normal, le bénéfice d’environ 10’000 francs est reversé, chaque année, à deux associations ou clubs du Vallon. Et pour cette cinquième édition, c’est le club de lutte qui bénéficiera principalement de cette somme. La 2e association n’est pas encore connue. En cuisine, la meute se remet en marche et plusieurs « Lions » m’entourent alors pour que je goûte à mon tour au festin. Denis Scagnetti sort quelques bouts de tripaille de la marmite et me les tend au bout d’une grande spatule en bois. « Bon appétit le journaliste… ». Coincé ! « Attendez, il a encore quelques photos à faire », laisse fuser Pierre Aubert. J’en profite pour « échapper à la meute ». Sauvé, pour cette fois ! Merci Pierre !
Kevin Vaucher