12e Fête de la nature
L’ère glaciaire s’invite à Môtiers
Entre la zone située devant l’entreprise Etel et le pont de la piscine de Boveresse, l’Areuse était droite, monotone et canalisée. Pour revitaliser ce cours d’eau, il a fallu créer des variations de profondeur ainsi que des zones d’échanges entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Dans le même temps, pour protéger contre les crues, une zone en losange inondable a également vu le jour, à proximité du terrain de foot de Môtiers. La 12e édition de la Fête de la nature était l’opportunité idéale pour présenter le site au public. On y a notamment appris que des sédiments du lac môtisan de l’ère glaciaire ont été retrouvés lors des sondages archéologiques.
C’est sur une zone de 10 hectares, équivalent à un kilomètre de longueur d’Areuse, que le projet de revitalisation et de protection contre les crues a pris ses aises à Môtiers. « L’objectif est de redonner toute sa place à la nature en offrant à la Vieille Areuse et au Bied de Môtiers leur fonction naturelle. Cette fonction est indispensable pour les poissons, les oiseaux, les insectes et la petite faune présents dans cet environnement. » Johanna Ramos est cheffe de projet à l’office cantonal des cours d’eau et des dangers naturels.
6000 plantations et 30’000 m3 de terre
Samedi matin, elle était accompagnée par deux ornithologues et par l’urbaniste aménagiste de la commune de Val-de-Travers, émilie Veluet, pour mener à bien la présentation de ces dix hectares nouvellement aménagés. « 30’000 mètres cubes de terre ont été déplacés durant les travaux. Tout a été récupéré et valorisé sur place, notamment pour construire les digues de protection. 6000 plantations ont également été effectuées pour offrir une nature foisonnante à la faune qui pourra y venir se protéger », détaille la représentante communale. Vingt-six sondages archéologiques ont été opérés en amont des travaux avec une petite « surprise » à la clé.
Quand l’ancien lac de Môtiers ressurgit
« Aucun grand vestige d’époque n’a été trouvé, si ce n’est quelques sédiments datant de l’ère glaciaire. Ils sont issus de l’ancien lac qui recouvrait une partie de Môtiers. » Pendant que notre groupe écoute les informations égrenées par Johanna Ramos et émilie Veluet, deux autres groupes sont partis faire le tour du site en compagnie des ornithologues. D’ailleurs, à ce propos, une plateforme d’observation de deux mètres sur trois sera prochainement installée en hauteur pour faciliter l’observation des oiseaux. « Une passerelle va également enjamber le Bied, à hauteur du terrain de foot de Môtiers, pour relier cette zone naturelle à la piste cyclable. »
Et si on se baignait ?
Au moment de la visite, certains ont des préoccupations immédiates un peu différentes. « Est-il possible de se tremper les pieds dans l’eau pour se rafraîchir un peu ? » Ah non, ça n’est pas possible. N’est-ce pas Madame Veluet ? « C’est une bonne question qui nous permet d’expliquer que cette zone n’est pas destinée à devenir un endroit de baignade. C’est la nature qui prime et qui va reprendre ses droits ici. » Et là où la nature prime, les chiens doivent être tenus en laisse. Les drones doivent rester au sol et les grillades ne pas sortir des sacs notamment. « Une communication ciblée reviendra prochainement sur toutes ces questions pratiques. »
Du boulot jusqu’en 2090
Car si les travaux sont pratiquement terminés, c’est en réalité le point de départ d’une nouvelle phase : celle de l’observation et du contrôle. « Un suivi cantonal et communal permettra de vérifier qu’on suit bien nos objectifs », ajoute Johanna Ramos. Ce projet s’inscrit dans une dynamique fédérale qui vise à revitaliser 25% des cours d’eau en mauvais état dans le pays. Ce sont 4000 kilomètres qui seront à couvrir d’ici à 2090. Du moins si tous ces points d’eau continuent à être alimentés en eau jusque-là. En tout cas, les 85 personnes présentes samedi n’ont pas été à sec d’infos utiles sur le sujet, c’est certain !
Kevin Vaucher