150 ans d’espérance en famille
C’est un jour de 1873 que la fanfare l’Espérance de Noiraigue a envoyé ses premiers échos dans la vallée. Année après année, cette société a tenu un rôle de pilier dans de nombreuses familles. Chacun, ou presque, avait un proche qui en faisait partie. L’intégrer, c’était respecter un rite et s’inscrire dans la lignée familiale. C’était aussi une façon de rapprocher les habitants et de les unifier. 150 ans après sa création, la fanfare est toujours active au village et ils sont une vingtaine à faire persister son écho dans la même vallée. Flashback !
« Dans l’Espérance de Noiraigue, il y a toujours eu quatre ou cinq membres de la famille Monnet », débute fièrement Pierre Monnet. Celui qui a occupé la fonction de président durant seize ans est l’un de ses plus fidèles serviteurs. « Cela fait 60 ans que j’ai intégré la fanfare. C’était ça ou la gym et j’ai choisi la musique », se souvient-il encore. Les années passent et la société surfe par-dessus les âges. Mais il y a quand même certaines choses qui évoluent. Pierre est désormais l’unique représentant de la famille Monnet dans l’Espérance. Heureusement, d’autres familles sont là pour l’entourer…
Avantage Perrenoud !
Les Perrenoud sont de celles-ci. à seulement 21 ans, c’est d’ailleurs Jordan qui a succédé à Pierre Monnet à la présidence de la société, l’an dernier. « Mon grand-oncle et mon arrière-grand-père avaient été présidents avant moi. Et aujourd’hui, mon frère et ma mère font également partie de la fanfare. » Avantage Perrenoud ! Si Pierre manie le cornet, Jordan privilégie la flûte depuis dix ans. Les deux hommes sont accompagnés d’une vingtaine de musiciens et d’un directeur. « Sans compter les renforts », glissent-ils. C’est quoi les renforts, au juste ? « Ce sont des membres des autres fanfares du Val-de-Travers qui viennent nous épauler quand on a besoin de monde. On se donne régulièrement ce genre de coups de main. » Cette solidarité est bienvenue car la société tourne financièrement sans même s’appuyer sur des cotisations.
Les uniformes de 1988
Une particularité qui est inscrite dans les statuts. « On a la chance de pouvoir vivre comme ça grâce au soutien qu’on reçoit tout au long de l’année », savoure Pierre. L’Espérance vit donc de ses recettes (une douzaine de sorties annuelles), de dons et de quelques aides, venues sous forme de subvention communale. Mais forcément, quand il faut remplacer les uniformes qui datent de 1988, ça coince un peu.
« Ils avaient été faits sur mesure pour les musiciens de l’époque, du coup ça pose effectivement quelques soucis aujourd’hui. » La fanfare de Noiraigue a donc lancé le projet d’un nouvel équipement. Coût estimé : 10’000 francs. Même si l’événement du 2 septembre prochain n’a pas été pensé pour récolter de l’argent en vue de se payer une « nouvelle peau », il va probablement y participer.
« J’étais déjà présent au 100e anniversaire »
C’est à cette date que les 150 ans de la société vont être fêtés dans la cour du collège. Les six fanfares du Vallon se produiront. « Il y aura aussi du cor des Alpes, des démos de danse, un cortège, une tombola et bien d’autres animations », esquisse Jordan. De quoi rappeler quelques souvenirs à Pierre : « Eh oui, j’étais déjà présent pour la fête du centième anniversaire », lâche-t-il en rigolant et en lançant un regard vers son successeur de 21 ans. « Je me souviens qu’il avait plu durant deux jours et le sol était épouvantablement boueux. Mais heureusement, le tunnel de la Clusette était en construction et un de nos membres y travaillait. On avait vite pu aller chercher des tapis en géotextile pour colmater les brèches. » C’est sans doute la magie de ce village, même quand il y a de la pluie, il y a de l’espoir. Non mieux, il y a l’Espérance…
Kevin Vaucher