1er mars
2005 Légalisation de l’absinthe : l’autre révolution du 1er mars !
Il y a 20 ans, le 1er mars a pris une tournure tout à fait mémorable au Val-de-Travers. Quelque mille personnes étaient rassemblées dans les rues de Môtiers pour la libération d’une détenue pas comme les autres : la fée verte ! Pour marquer le coup de la légalisation de l’absinthe, une mise en scène hors norme avait été mise en place à coup de prison, de faux gendarmes et de liberté retrouvée. Retour sur ce 1er mars 2005 définitivement pas comme les autres.
Aujourd’hui, on a un peu de mal à réaliser l’importance de cette journée qui a vu la bleue devenir officiellement légale. D’ailleurs, cette appellation de bleue, en écho à ses tendres reflets dans l’eau, était le mot code pour se faire servir une petite absinthe dans un restaurant, sous interdiction. Toute cette histoire a commencé en 1797, à Couvet, dans l’ancienne buanderie de l’auberge de l’Écu de France. C’est là que Henri-Louis Pernod avait installé la première distillerie industrielle d’absinthe au monde. Cette histoire rebondira une première fois au début des années 1900, à la suite d’un drame familial.
1er mars 2005 : date de libération pour la fée verte
Tenancière du bistrot des Parcs, situé au-dessus de Saint-Sulpice, Berthe Zurbuchen officiait aux Bayards et était l’une des dernières fabricantes d’absinthe à vivre presque uniquement du produit de sa vente. L’interdiction de la bleue dura finalement 95 ans. Le 1er mars 2005, le même Conseil fédéral a décidé de lever son interdiction. Un trio vallonnier, accompagné par quelques complices, a alors imaginé une façon bien particulière de marquer le coup. Une mise en scène digne des plus grands films de l’époque ou presque… Plusieurs équipes de télévision étaient présentes ce jour-là à Môtiers dont l’une venait tout droit du Japon. C’était de la folie. Mille personnes attendaient devant le poste de police de l’époque. Clin d’œil de l’histoire au passage : ce poste de police est aujourd’hui… la Maison de l’absinthe. Ça ne s’invente pas !
Les marcheurs et le goût de l’absinthe
Tout à coup, la fée verte (incarnée par Marie-France Bitz, décédée il y a peu) est apparue à la porte, entourée par deux gendarmes. Elle fut alors conduite dans une prison (une grande cage) posée sur un char et emmenée aux Six-Communes où les liens qui entravaient la liberté de ses mains ont été coupés par le conseiller d’État Bernard Soguel. La révolution du 1er mars 2005 avait passé ! Aujourd’hui, le 1er mars reste principalement connu pour « l’autre révolution », celle de 1848 bien sûr ! Mais nombreux sont les Vallonniers à faire le parcours jusqu’à Neuchâtel avec une fiole d’absinthe dans leur sac. Et comme pour garder un petit goût de clandestinité, il n’est pas rare qu’elle soit cachée sous le manteau…
Kevin Vaucher