2 h 51 ! Vaucher explose le chrono à Lucerne !
Dimanche, en pleine ville de Lucerne, quelque 10’000 coureurs se sont retrouvés pour prendre le départ du Swiss City Marathon. Les marathoniens ont ouvert la voie, suivis par les participants du semi et ceux du 10 kilomètres. Dans la foule, six Vallonniers ont défendu les couleurs du Val-de-Travers. De belles performances ont été réalisées, grâce notamment au Butteran Kevin Vaucher. Notre journaliste s’est offert un temps canon sur marathon (2 h 51), une 6e place en catégorie et un record personnel qui devrait lui ouvrir la porte… de Brandebourg et du marathon de Berlin. Récit !
Dimanche matin, sur le coup des 8 h 30, les premiers coureurs et coureuses du marathon s’élancent dans les rues lucernoises. Beaucoup, ou du moins certains, préparent ce rendez-vous depuis des mois. Il faut être à l’heure, c’est le jour J, il n’y aura ni rattrapage ni excuse. Le temps est parfait. L’heure gagnée durant la nuit permet de partir dans une température idéale de 10 degrés. Les gladiateurs du bitume sont lancés ! à eux d’éviter maintenant la mort de leur espoir de chrono que constitue chacun des pièges du marathon.
Dans la peau d’un gladiateur du bitume
Le danger peut surgir à chaque coin de rue. Ici une bousculade, plus loin un trottoir un peu plus haut qui surprend les jambes marathoniennes qui se sont mises à battre le rythme à la façon d’une machine infernale. Après des mois d’entraînement au côté de mon coach Jacques Müller, je suis dans l’arène, dans la peau de l’un de ces gladiateurs du bitume. Mon objectif est de faire moins de 3 heures, interdiction de traîner en route. Après un premier kilomètre rapide, je me cale peu à peu sur ma stratégie de course ambitieuse. Mais je garde la raison et j’entends le coach dans ma tête.
« T’es un félin fou, ne part pas trop vite ! La régularité finit toujours par payer sur marathon. »
Les poulains du coach Jacques Müller
Le Covasson connaît la mécanique à la perfection. Son meilleur temps sur la distance est de 2 h 32. C’était il y a 26 ans, à Rotterdam. Depuis quelques années, c’est dans le coaching qu’il vit sa passion. Jonathan Raya et Pierre-Alain Rohrer sont de ceux qui ont bénéficié de sa maestria par le passé. Le second a aujourd’hui 60 ans et il continue de courir. L’ancien tenancier des Six-Communes était d’ailleurs du déplacement à Lucerne. Il est reparti avec un magnifique temps de 3 h 20 (132e du général et 2e homme le plus rapide dans sa tranche d’âge). Un autre Môtisan du « Team Julot », Alain Perrenoud, était aussi du voyage. Il a malheureusement dû arrêter son effort après 24 kilomètres.
Un lièvre suédois parfait !
Le 24e kilomètre, c’est justement à partir de là qu’une course comme le marathon devient intéressante. Le défi consiste à maintenir son allure cible le plus longtemps possible sans faiblir. Et pour ça, la présence d’un lièvre, capable d’enfiler les kilomètres en restant à la même cadence, est importante. Je trouve justement le parfait lièvre en me glissant dans la foulée de John Harrison. Le coureur suédois de la « Runacademy IF » est un vrai métronome. Les kilomètres défilent et on garde un tempo constant, d’une précision militaire. Même si tout va bien, il faut rester lucide. Je sais que le danger guette au moindre relâchement. Comme ce coureur intrépide qui tente de s’immiscer entre Harrison et moi.
Le moment où tout aurait pu mal tourner
Je lui ferme la porte. Il insiste ! Nos jambes s’entrechoquent et il est éjecté sur le côté de la route. Moi, je garde l’équilibre, non sans frôler un frontal à pleine vitesse avec un groupe de spectateurs. Ce n’est pas passé loin mais je suis toujours « en vie » et parfaitement dans les temps prévus. Mon lièvre a pris un peu d’avance et je lisse mon effort pour le rattraper. Ensemble, on remonte les « morts », ces coureurs qui sont partis trop vite et qui en paient le prix en fin de parcours. Aussitôt dit, aussitôt fait. Kilomètre 38, je décide alors d’attaquer et de donner ce qu’il me reste. L’ambiance est folle, les spectateurs me poussent à gros coups de « Hopp Kevin » (avec l’accent alémanique qui va avec bien sûr).
Feu vert pour Berlin !
Après avoir notamment traversé le stade de foot du FC Lucerne, j’arrive non loin de l’arrivée. J’accélère encore et je stoppe le chronomètre sur 2 h 51, avec un dernier kilomètre couru en 3’35. Médaille autour du cou, je prends le temps de remercier mes fidèles suiveurs (ils se reconnaîtront) puis mon coach. Très vite, je pense déjà au prochain objectif. Avec cette performance, tous les signaux sont au vert pour participer au marathon de Berlin 2023.
C’est l’un des six « Major », c’est à dire l’un des six marathons mythiques dans le monde ! Saluons encore les résultats d’Hugo Pétremand (3 h 44, 362e) et du Ponlier Stéphan Eigenmann (4 h 33, 743e). Sans oublier le Grenouillard Bastien Jornod sur le semi-marathon (1 h 18, 46e). Joli feu d’artifice vallonnier !
Kevin Vaucher