2e ligue
Comme une griffure sur la peau!
On l’a aimée cette équipe du CP Fleurier. Oh que oui on l’a aimée ! Les spectateurs auront donc vibré, du mois de septembre au mois de mars, derrière l’escouade de Nicolas Motreff et d’Alain Valentini. Les Chats ont tenu sur leurs pattes jusqu’au cinquième match décisif de la finale de groupe. Il aura finalement manqué 5 minutes et 2 secondes pour aller au bout de l’histoire. Cette défaite prend la forme d’une griffure, sur la peau encore vierge de cicatrices, des jeunes Chats. Un but, un seul petit but des Stelliens a précipité la chute des Fleurisans, jeudi soir passé, lors de ce moment de vérité vécu en plein cœur… des Franches-Montagnes. Eh oui, cette partie finale délocalisée à Saignelégier a été l’un des derniers rebondissements de cette saison que l’on qualifiera de renouveau. On refait le film de « La Griffure » avec vous !
Star Chaux-de-Fonds – CP Fleurier 1-0 (0-0, 0-0, 1-0). Les étoiles du Courrier : *Nicolas Motreff **Alain Valentini ***la saison des Chats
C’est justement car on l’a aimée, cette équipe du CP Fleurier, que l’on peut se montrer déçu aujourd’hui. Il ne convient nullement de sous-estimer ce qui a été fait mais nous restons persuadés que les « jaune et noir » avaient tout ce qu’il faut pour soulever le trophée. Les Fleurisans ne menaient-ils pas 2-1 dans cette série au meilleur des cinq matches ? Qui l’eût cru et qui l’aurait parié, il y a 6 mois de cela, lorsque Nicolas Motreff entamait sa première saison derrière le banc des Chats ? Lorsque le coach affichait ses ambitions d’aller titiller les meilleurs, on voyait poindre comme un sourire au relent de « cause toujours » sur certains visages. Il faut dire que l’équipe fanion locale sortait d’une saison compliquée, empilant treize défaites pour deux succès seulement.
Les doutes se dissipent, la réconciliation commence
Le technicien français ne partait pas avec une équipe fondamentalement différente mais il a rapidement mis son empreinte sur un groupe dans lequel il a immédiatement fait confiance aux jeunes. Ceux-ci n’auront eu de cesse de lui rendre la monnaie de sa pièce. Ruffieux, Pulzer, Dell’Orefice et quelques autres ont été là ! Sandy Dubois (20 ans) a également vécu « l’année de la confirmation » de son plein potentiel. Les exemples sont nombreux mais je m’arrête là pour me concentrer sur le collectif. Après six matches, Fleurier avait déjà remporté davantage de parties que l’année précédente. 50% de victoires, c’était bien mais pas suffisant pour la troupe à Motreff. Le coach continua alors son travail de fond sur le jeu et son travail acharné sur la forme : cohésion, état d’esprit, combativité… Et les résultats ont commencé à être à la hauteur des efforts entrepris. La belle série de huit victoires en dix matches de fin 2022-début 2023 est la simple conséquence de ce qui était accompli au quotidien. Les sourires inquisiteurs ont peu à peu disparu sur les visages des sceptiques et les Vallonniers ont entamé la réconciliation avec leur équipe !
Quart compliqué, demi aisée et une finale à disputer !
L’enthousiasme galopant a envahi le Val-de-Travers lorsque le CP Fleurier prenait la tête du championnat. Un beau duel pour la première place a eu lieu avec…Star Chaux-de-Fonds (déjà). Un coup de mou de fin de saison a logiquement privé les « jaune et noir » de la première place mais ils ont aisément conservé le second rang. Les play-off pouvaient commencer. Ils commençaient de la plus mauvaise des façons. Crispés et épris de doutes, les jeunes Chats ont perdu le premier acte des quarts de finale contre Erguël. Mais les joueurs de Motreff ont montré qu’ils avaient grandi cette saison et qu’ils avaient gagné en caractère. Ils ont d’abord renversé la tendance contre Erguël avant d’éliminer facilement Franches-Montagnes en demi-finale. Place au dernier duel et place à la reprise de la lutte entre voisins avec Star Chaux-de-Fonds. Si les Stelliens avaient pris le meilleur au classement durant la saison, le CP Fleurier a rapidement remis les choses à leur place en emportant le premier point de la finale du côté des Mélèzes. S’en est alors suivi une série pour le moins atypique où chaque équipe est allée gagner à l’extérieur. Résultat : il y avait 2-2 après les premiers affrontements et un cinquième et dernier match décisif devait avoir lieu.
La suspension importantissime de Valentin Aeschlimann
Mais ce n’est pas à La Chaux-de-Fonds que nous l’avons vécu, jeudi dernier. Les Mélèzes étant déjà le théâtre d’une autre histoire (celle du HCC, qui disputait le cinquième match de sa demi-finale ce soir-là), la partie décisive a été délocalisée à… Saignelégier ! Cette finale 100% neuchâteloise a donc rendu son verdict en terre jurassienne, dans une patinoire qui sonnait étrangement vide pour un match de cet enjeu (200 spectateurs). L’autre coup de théâtre (on y reste) de cette finale est intervenu durant le match numéro 4. Avant de l’évoquer, il faut relever que ce duel a été une belle vitrine pour le hockey neuchâtelois grâce au niveau de jeu et à l’état d’esprit fair-play des débats. Si on excepte quelques bagarres et mauvais coups donnés lors de l’acte 4, tout s’est passé plutôt calmement. Mais les pénalités de match sifflées lors du quatrième acte ont malheureusement rejailli sur la rencontre décisive. L’importantissime Valentin Aeschlimann était suspendu. Si l’idée de Star était de mettre hors-jeu un élément essentiel du dispositif fleurisan, la formation stellienne a parfaitement joué son coup. Fleurier est tombé dans le panneau.
Star a attendu son heure pour frapper
Et qu’est-ce que les énormes coups de canon de la ligne bleue d’Aeschlimann auraient fait du bien jeudi soir. Alors que le score était toujours de 0-0 lors du dernier tiers-temps, les Vallonniers ont bénéficié de deux situations d’avantage numérique. C’est dans cette position-là que le défenseur est particulièrement redoutable pour faire trembler le filet. Beaucoup se sont dit ceci après le match : « S’il avait été là, peut-être bien que Fleurier aurait marqué à ce moment-là. » Peut-être ! Et peut-être que le trophée aurait choisi un autre camp. Mais Fleurier n’a pas saisi les occasions qu’il a eues et Star n’a pas volé son titre. Dans cet ultime duel, les Stelliens ont commencé fort la partie avant de subir un peu le jeu. Mais ils n’ont jamais sombré, attendant le bon moment pour frapper.
Les jeunes Chats ne sont pas devenus tigres. Mais…
Et c’est finalement l’expérience de leur contingent qui a fini par parler. C’est Alain Oppliger qui a marqué l’unique but de cet acte décisif à… cinq minutes et deux secondes de la fin du match. Les jeunes Fleurisans étaient violemment renvoyés sur terre. Les « petits chats » fleurisans se rêvaient en grands tigres dominants. Ils ont finalement flanché ! Ils ne sont pas entrés dans la peau des tigres espérés mais ils ont gagné le respect de toute une population pour leur excellente saison. C’est en combattant et en se faisant parfois violemment griffer qu’un jeune félin devient tigre. Cette griffure sera extrêmement bénéfique pour mener la prochaine bataille. La « family Cat’s » se relèvera pour aller plus loin encore ! Simplement merci, et surtout, surtout,… à l’année prochaine, plus fort encore et avec une cicatrice en plus !
Kevin Vaucher