40e anniversaire du Modèle-Air Club
Le monde aux histoires démesurées
Le club de modélisme du Val-de-Travers a sorti lʼartillerie lourde pour fêter ses 40 ans. Samedi, une trentaine de passionnés de modèles réduits se sont réunis sur lʼaérodrome de Môtiers pour une journée de démonstration appréciée des observateurs. à chaque avion sa propre histoire, elle-même souvent influencée par la « grande histoire ». Le Courrier est parti en « reconnaissance aérienne » sur la piste môtisanne et vous livre quelques secrets de ce monde aux histoires sans commune mesure.
Une fois arrivé sur la piste de décollage de Môtiers, lʼimmersion est immédiate. Le bruit des engins, couplé à leurs acrobaties et à leurs traces dans le ciel est instantanément captivant. Au micro, le speaker du jour nous maintient agréablement dans lʼambiance en distillant de nombreuses informations sur les modèles qui sʼexécutent devant nos yeux. Une bonne partie des modèles ont un lien avec lʼaviation militaire, comme cette réplique du Rafale de lʼarmée française. Malgré leur taille diminuée par rapport aux appareils dʼorigine, les avions de chasse, pilotés avec télécommandes, gardent leur impressionnante vitesse. Jusquʼà plus de 300 km/h pour certains. Prix du « jouet » : entre 8000 et 10ʼ000 francs.
Des cours sur simulateur
Stop ! Ce ne sont pas des jouets mais bel et bien une discipline à part entière. Les pilotes nʼont évidemment pas le droit de voler sur de vrais avions mais ils prennent des cours poussés pour manœuvrer leurs modèles réduits. Il y a des leçons en double commande où un instructeur peut rattraper les erreurs en temps réel (un peu comme le moniteur dʼauto-école grâce à ses trois pédales) et des cours sur simulateur.
Si on se loupe, il nʼy a pas de casse, il suffit dʼappuyer sur un bouton et ça repart,
me glisse Maxime Gigandet. Lui et son frère Arnaud ont débuté le modélisme en accompagnant leur papa au magasin. « Quand lui se dirigeait vers les voitures, moi, je me dirigeais vers les avions », explique Maxime et ses 12 ans de pilotage.
Le baron rouge sʼinvite sur la piste de Môtiers
Son frère sʼest rapidement mis dans son sillage. Samedi, la fratrie jurassienne avait embarqué deux répliques dʼavions de la première Guerre mondiale. Le Nieuport 28 était utilisé par les Français et les Américains et le triplan Fokker DR1 par les Allemands. Ce dernier modèle a été popularisé par le fameux baron rouge.
Du nom du pilote allemand Manfred von Richthofen, sorti vainqueur de 80 combats en 1914-1918. Il doit son surnom à la couleur de son Fokker.
Quand je parlais de grande histoire… Ces deux modèles ont une puissance de 38 cm3 et grimpent jusquʼà 60 à 80 km/h. Ils font environ dix kilos pour deux mètres dʼenvergure. Cʼest trois fois moins que le planeur.
Jusquʼà 800 cm3 et 65% de la taille réelle
Si le Nieuport 28 et le Fokker DR1 sont quatre fois plus petits que le modèle dʼorigine, dʼautres se rapprochent davantage de la « taille adulte ». Parfois, des modèles réduits portent maladroitement ce nom puisquʼils atteignent 65% de la taille réelle de lʼavion. De sacrées machines. Le Valaisan Olivier Bonvin est venu avec un appareil de 800 cm3 (7 cylindres) par exemple. Certains passants ont pointé du doigt les importants rejets propulsés dans lʼatmosphère. Il est bon de noter que la plupart des engins utilisent la même essence que celle des débroussailleuses et des tronçonneuses.
On appelle ça lʼAspen. Cʼest une essence propre élaborée avec lʼalkylate. Un composant qui est produit synthétiquement. ça ne sent pas, ça ne pollue pas mais cʼest 4 francs le litre.
De lʼhuile plein les lunettes
Ceci explique sans doute en partie pourquoi les vols durent en moyenne dix minutes alors que leur autonomie est au moins du double, sans problème. « On ne vole pas à plein non plus afin de rendre lʼappareil plus facilement maniable », précisent les frères Gigandet. Les Jurassiens ont déniché leurs deux avions de la première Guerre mondiale sur le marché de lʼoccasion.
Neufs, ils auraient coûté 1500 francs alors quʼon a pu les avoir à moitié prix à peu près. Lʼoccasion marche fort dans ce secteur.
Le prix dépend aussi du soin apporté aux détails de lʼappareil. Souvent, des figurines de pilotes sont introduites dans les cockpits. Les Gigandet poussent même le sens de lʼesthétique encore plus loin.
On a ajouté un bout de tissu pour faire référence à lʼécharpe du pilote. à lʼépoque, les moteurs laissaient échapper beaucoup dʼhuile et ils sʼen servaient pour sʼessuyer les lunettes pendant quʼils pilotaient.
Et là, ce nʼest pas le modèle mais le champ de vision qui était réduit.
Kevin Vaucher