87e concert du Chœur des Rameaux
Avec un « chœur » gros comme ça !
Pour la 87e fois, le Chœur des Rameaux et ses 71 choristes vont donner de la voix lors de leur concert annuel qui aura lieu le samedi 12 et le dimanche 13 avril à la salle de musique de La Chaux-de-Fonds. Trois grandes œuvres et deux très grands compositeurs (Mozart et Beethoven), tel est le délicat menu concocté par le chef (de chœur) Olivier Pianaro. Il nous met l’eau à la bouche à quelques heures du coup de feu musical ! Tout cela, avec un « chœur » gros comme ça (imaginez la taille) !
Passionné, il l’est ! Amoureux de son art, il l’est aussi ! Certains diront même qu’Olivier Pianaro est habité par ce qu’il fait et que cela aura été sa meilleure maîtresse durant toute sa vie, tant il a passé d’heures à ses côtés. Lors de notre échange, cet amour a plusieurs fois débordé et il a commencé à battre le tempo à pleine voix et à pleine main, parfois, pour illustrer ses propos. Il ne lui manquait plus que la baguette pour qu’il se laisse perdre dans les bras des notes de musique avec lesquelles il apprécie tellement de jongler pour le plus grand bien de nos oreilles.
Qui tient la baguette Olivier ?
Des anecdotes, il en a beaucoup à raconter. Des villes, il en a beaucoup visitées grâce à cette fougue aventureuse qui le pousse sans arrêt à approfondir ses connaissances. Aujourd’hui, il a 68 ans et « … je ne suis pas sûr que ce soit déterminant pour me décrire », m’interrompt-il en riant. Bien Olivier mais c’est moi qui tiens la baguette aujourd’hui ! Pour une fois, à vous de suivre le rythme au lieu de le donner. Pouvez-vous nous présenter les trois œuvres choisies pour votre concert s’il vous plaît ? « Volontiers ! Nous commencerons avec Regina Coeli KV 108. C’est la première des trois pièces qui étaient destinées au temps pascal à la Cathédrale de Salzburg où Mozart œuvrait lorsqu’il était jeune. C’est une pièce assez méconnue qu’il a composée en 1771. » Il avait alors… 15 ans.
Deuxième œuvre : toute l’artillerie est déployée !
Quinze, c’est aussi le nombre de minutes que dure cette entrée en matière qui ne sera pas dépourvue d’un côté spectaculaire avec les trompettes et les timbales qui y font autorité. Le gros morceau de la soirée arrive ensuite via Beethoven. « Nous allons interpréter la Fantaisie Chorale avec six solistes et la pianiste Sylviane Deferne, passée par l’Orchestre de Montréal, le National Symphony Orchestra de Washington ou encore le Philarmonia Orchestra de Londres sous la direction de Charles Dutoit. » Ici, toute l’artillerie va être déployée : « C’est une œuvre conséquente avec plusieurs variations successives. Une introduction au piano, puis un moment piano-orchestre puis une partie solistes-instrumentistes et enfin la totale. En résumant dans les largeurs », se marre Olivier Pianaro.
Des histoires de cœur…
Les 12 et 13 avril, il n’aura pas le temps de rigoler bien longtemps sur scène car il faudra enchaîner très vite avec la Grande Messe en ut mineur KV 427. Là encore, c’est Mozart qui était à la manœuvre. « Il l’a composée une douzaine d’années après la Regina Coeli. Il s’agit d’une pièce inachevée qu’il dédiait à son épouse Constance selon la version officielle. Pour le côté officieux, il se dit qu’il aurait peut-être aussi été inspiré par sa belle-sœur sur qui il avait initialement des vues. » Amour et turpitudes ! En tout cas, c’est œuvre comporte des parties dramatiques marquées qui seront interprétées à double-chœur (ou double cœur pour Mozart peut-être… ?). Ce concert annuel sera aussi un bel aboutissement pour certains choristes. « En effet, le Chœur des Rameaux consacre plusieurs matinées dans l’année à la formation. C’est un rôle qui nous tient vraiment à cœur. » Que d’histoires de cœur décidément…
Entrée libre, à votre bon cœur !
Le concert annuel des Rameaux se veut populaire dans le sens noble du terme. « L’année dernière, nous avons eu environ 400 personnes le samedi et près de 1000 (à guichets fermés) le dimanche. Même si cela demande neuf mois de travail et un budget de plusieurs dizaines de milliers de francs, nous fonctionnons au plus juste avec une entrée libre et un prix conseillé de 30 francs (au chapeau) », développe Olivier Pianaro. Ce système fonctionne assez bien. « Ceux qui ont les moyens sont généreux et ceux qui sont moins aisés donnent un peu moins, ce n’est pas grave », appuie-t-il en bon humaniste qu’il est !