La céramique casse des briques
Marie-France Bitz et Patricia Schick travaillent ensemble depuis vingt-cinq ans. D’abord à Môtiers puis à Fleurier dans leur « Atelier de céramique du Val-de-Travers ». Passionnées et expérimentées, elles voient d’un bon œil l’intérêt grandissant pour la poterie et la céramique tout en précisant bien qu’il s’agit d’un métier avant tout.
Ancienne enseignante aujourd’hui à la retraite, Patricia Schick a toujours aimé la poterie et c’est le fils de Marie-France Bitz, qu’elle avait comme élève, qui a permis la rencontre entre les deux femmes. Avant cela, elle n’ont pas du tout eu la même trajectoire. La première nommée n’a pas suivi de formation dans sa jeunesse alors que la seconde a toujours su qu’elle voulait creuser cette voie.
Pour être franche, c’est difficile d’en vivre donc il faut au moins travailler à cinquante pour cent en parallèle. Personnellement, j’ai suivi des études de cinq ans à l’école des Arts décoratifs de Genève et ce n’est donc pas un passe-temps pour moi. La poterie, ça demande beaucoup de temps et de savoir-faire, c’est un métier,
pose Marie-France.
« Ce n’est pas du tricot »
Et ne parlez pas de poterie, non ! Dites plutôt céramique, car notre duo s’occupe de tout le processus de création d’un objet (tournage, cuisson, émaillage,…).
C’est possible grâce à notre four adapté dans lequel chaque création doit passer deux fois. à 980 degrés durant neuf heures d’abord puis à 1280 de puissance durant douze heures ensuite. Sans cela, impossible d’étanchéifier les pièces et de les colorer puisque c’est la chaleur qui fait émerger les teintes,
précisent-elles.
Un investissement de 15’000 francs qui leur permet d’être autonomes et de proposer des cours lorsque la situation sanitaire le permettra.
Le virus et ses restrictions ont aussi eu pour effet de redynamiser la poterie et la céramique.
C’est très vite prenant et l’exemple de Patricia est parlant. Elle m’a d’abord contactée pour avoir des conseils puis elle s’est de plus en plus investie pour ne plus me lâcher,
taquine Marie-France.
Sérieusement, je pense que ça plaît parce que cela touche à la géologie, à la chimie, à l’artisanat, à l’artistique et à la peinture. De quoi satisfaire pas mal de monde. Mon conseil à ceux qui apprennent à travailler la terre serait quand même de faire des stages. Ce n’est pas du tricot, ça ne s’apprend pas sur le pouce, je le répète.
Une activité d’hommes au Japon
Les deux femmes accueillent volontiers vos objets dans leur four et vous pourrez ainsi les comparer à leurs créations. Créations qu’elles vendent et exposent tous les jours au public entre 13 h 30 et 16 h 30.
Nous sommes particulièrement fières de nos fontaines à absinthe. Et également de nos tasses qu’une entreprise de la région nous a commandées pour ses employés,
place Patricia. Elles remplacent avantageusement les gobelets jetables qu’ils utilisaient jusqu’ici.
Plus encore que le coronavirus, les complices voient avant tout une envie de consommer plus responsable et local dans le regain de popularité de la céramique. Une tendance qui se serait renforcée depuis trois à quatre ans selon elles.
C’est aussi un très bon moyen de relaxation qui n’est pas uniquement réservé aux femmes. Au Japon, il y a une majorité d’hommes qui s’adonnent à cette activité par exemple. En Europe, c’est l’inverse mais c’est en train de changer aussi. Il y a pratiquement une parité parfaite chez celles et ceux qui suivent des formations dans ce domaine.
Voilà de quoi briser net une idée reçue !
Kevin Vaucher