Loi sur la reconnaissance des communautés religieuses
À contre-cœur, nous voterons NON !
Travaillant dans la précipitation, les parlementaires neuchâtelois se sont mis d’accord pour soumettre à la population une loi sur la reconnaissance des communautés religieuses certes généreuse mais inacceptable dans sa mise en œuvre, car en contradiction avec les principes de laïcité de notre République.
La laïcité n’est ni l’athéisme ni l’irréligion, encore moins une religion de plus. Elle n’est pas une croyance ni une incroyance, mais une volonté : celle de vivre ensemble, pacifiquement et librement, quelle que soit la religion ou l’irréligion des uns et des autres. Cela suppose une loi commune qui ne soit pas celle de Dieu mais celle du peuple souverain. C’est pourquoi démocratie et laïcité vont ensemble !
Ce propos d’André Comte-Sponville résume parfaitement la situation. Il renforce notre conviction que la laïcité n’est ni un dogme ni une fin en soi, ni une attitude particulière d’ouverture ou d’exclusion, mais bien plutôt un vecteur neutre de paix civile et de respect des convictions de chacun.
Dans ce contexte, il est aussi de notre devoir de constater et d’admettre que notre société multiculturelle exige une pleine reconnaissance d’autres communautés religieuses que les trois Églises retenues par notre Constitution. En conséquence, nous sommes sur le fond favorables à cette refonte de la loi ; et pas uniquement pour le seul fait que reconnaître, c’est exiger et contrôler, c’est empêcher toute dérive sectaire, mais surtout par humanisme et universalisme.
Cependant, parce que ce texte de loi n’a pas été suffisamment pensé au travers du filtre de la laïcité, nous ne pouvons l’accepter. Sa mise en œuvre s’avérerait en effet contraire au fondement laïque de notre société sur un point au moins : elle permettrait aux imams, rabbins et autres prédicateurs de venir prêcher en terres scolaires, cela alors même que les Églises officielles y ont depuis longtemps renoncé ! Relevons ici que l’École n’exclut pas le fait religieux puisque celui-ci est inscrit dans les plans d’études, ce qui nous paraît dès lors largement suffisant.
Parce qu’il s’agit de voter en pleine connaissance de certaines conséquences potentiellement néfastes de cette loi, nous nous voyons malheureusement contraints de recommander le « non » à la reconnaissance de communautés religieuses.
Pour le Collectif du Pervou :
Christiane Benoit, Daniel Balmer, Claude-Alain Kleiner, Nicolas Rousseau, John Vuillaume, Pierre Wessner