Môtiers Art en plein air 2021
édition « exceptionnelle » pour la der des Delachaux
Le lundi 20 septembre, Jeûne fédéral, marquait le dernier jour de la huitième édition de Môtiers Art en plein air. Alors que le démontage des œuvres va encore se dérouler sur les deux prochaines semaines, le Courrier du Val-de-Travers hebdo a voulu dresser le bilan de la manifestation avec Marie et Pierre-André Delachaux. Une édition qui était leur dernière en tant quʼorganisateurs.
Comme le veut lʼadage populaire, toutes les bonnes choses ont une fin et il en va ainsi également pour lʼédition 2021 de Môtiers Art en plein air. Une édition exceptionnelle dans tous les sens du terme.
Cʼétait une belle aventure cette année. Il y avait un monde fou, mais pourtant les visiteurs étaient calmes, tranquilles, cʼétait une impression particulière,
note Pierre-André Delachaux, président du comité, en repensant aux files dʼattente dans la Grande Rue les jours de forte affluence. Marie Delachaux abonde dans le même sens et souligne la beauté de voir la rue de Môtiers si animée avec les différentes terrasses.
Quand jʼétais à la caisse et que je voyais la queue, je me disais quʼon devait un peu se dépêcher,
sourit-elle.
Malgré un mois de juillet maussade et plus propice aux musées quʼà la visite dʼune exposition en plein air, la manifestation sʼest largement rattrapée sur la fin août et le mois de septembre et peut annoncer une affluence record. Pour la quantifier, le président du comité use dʼune formule consacrée :
40ʼ000 personnes selon les organisateurs, 30ʼ000 selon la police.
En effet, certains visiteurs prennent un ticket pour deux ou dʼautres encore, resquilleurs, parcourent lʼexposition sans passer par la caisse. Une exposition 2021 qui fut exceptionnelle aussi en raison de la pandémie. Outre le report dʼune année et des œuvres influencées par le confinement, soit dans leurs thématiques, soit dans leurs dimensions monumentales, Marie Delachaux se demande si la manifestation nʼétait pas lʼopportunité dʼune journée au grand air, loin des mesures sanitaires.
En tout cas, il y avait lʼimpression dʼune absence du virus,
conclut-elle.
Dernière monumentale
La 8e édition de lʼexposition de sculptures en plein air môtisanne était aussi la dernière du couple Delachaux en tant que membres de lʼorganisation.
Une expo monumentale pour cette dernière,
note le président de la manifestation. Lors de la discussion, nous percevons bien que la tête nʼest pas encore totalement au bilan global. Il nous explique plutôt les défis logistiques du démontage des « grosses pièces » comme le corail géant en marbre de Carrare de Claudia Comte ou le destin de certaines des œuvres exposées. Ainsi, plusieurs œuvres devraient demeurer au Val-de-Travers, comme la rampe de skateboard qui sera donnée à la Robella, la sculpture de la Chinoise Linglan de Catherine Gfeller devrait elle aussi rester au Vallon, alors que différents matériaux en bois seront donnés à des sociétés du Val-de-Travers.
Lʼœuvre des frères Chapuisat (ndlr : le temple en bois brûlé) va rester sur son tertre jusquʼà la réhabilitation de la carrière,
détaille Pierre-André Delachaux. Pour lʼinstant, ce qui est certain, cʼest que le fameux « Pont à Bagatʼ », fruit de la collaboration entre Simon Paccaud, Morgan Erpen et le ferronnier Franco Bagatella, demeurera à sa place.
Une passerelle quʼarpenteront certainement les visiteurs de futures éditions, tant le parcours de lʼexposition tient à cœur au couple Delachaux.
Durant cette visite, vous pouvez voir et admirer tous les paysages et la géologie du Jura,
résume le fondateur, en citant la grotte, la cascade, les trois cours dʼeau de divers types et le village du 18e siècle de Môtiers. à certaines reprises, le choix du parcours de lʼexposition est revenu dans la réflexion mais sans réellement varier.
Pour voir les œuvres, il faut faire lʼeffort, donc peut-être que cela marque plus les esprits,
estime Marie Delachaux, en repensant à certains visiteurs un peu essoufflés.
« On a fait des petits »
Lʼédition record de cette année est la cerise sur le gâteau pour le retrait de ces fondateurs et premiers moteurs. Pourtant, le succès qui sʼest établi au fil des éditions nʼavait rien dʼévident.
Tout est parti dʼune exposition dʼœuvres au-dessus de Chamonix en 1973,
narre Pierre-André Delachaux. Cʼest là où germe lʼidée de monter une exposition du genre dans leur région. Ce nʼest que dix ans plus tard en 1983 que le couple Delachaux décide de mettre cette idée à exécution.
Cʼétait une période terne et il y avait eu le film dʼHenry Brandt, « Nous étions les rois du monde », qui décrivait une région en difficulté,
évoque le président du comité. Toutefois, cʼest en réaction à ce récit que le couple Delachaux désire mettre sur pied cette manifestation. Deux ans plus tard, en 1985, cʼest un succès.
En 1985, les gens sont venus !
se souvient-il, en estimant que la manifestation a permis un regard différent sur le Val-de-Travers. Au fil des éditions, la manifestation est devenue la principale exposition du genre en Suisse et a essaimé.
On a fait des petits et créé une émulation,
sourit Pierre-André Delachaux, en citant des expositions à Malbuisson ou Assens qui sʼinspirent dʼArt en plein air et dʼajouter quʼaujourdʼhui beaucoup de villages désirent un événement en lien avec lʼart.
Durant ces huit éditions, lʼADN de Môtiers Art en plein air sʼest précisé, alliant artistes confirmés et jeunes talents, œuvres conceptuelles et monumentales. Cette signature, le couple Delachaux souhaite la voir se perpétuer dans les possibles futures éditions. Et même sʼil se retire officiellement du comité, il ne sera pas très loin.
Je resterai très proche du comité, peut-être comme mémoire de lʼexposition, même si à bientôt 80 ans, je nʼen ai plus beaucoup,
plaisante Pierre-André Delachaux. Quant à son épouse, elle sera évidemment la première visiteuse dʼune future exposition. Néanmoins, pour lʼinstant lʼavenir reste vierge de toute date. Comme le disent les époux Delachaux, jamais ils nʼont fixé immédiatement la prochaine édition ni donné de délai pour lancer une nouvelle exposition.
Ce sont toujours les habitants qui nous ont poussés à refaire,
reconnaissent-ils, à lʼunisson. Au vu des « œuvres sauvages » faites par les Môtisans cette année, il est probable que les habitants de Môtiers interpellent dans quelques années le nouveau comité pour une 9e édition.
Gabriel Risold