La vie au Vallon
L’incessante marche en avant de Tonya
« Sʼaimer soi-même est le début dʼune longue vie heureuse » Oscar Wilde
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Berger
Prénom: Tonya
Née le: 13 avril 1990, première enfant d’une fratrie de trois, dont Tamara, sa sœur jumelle et son frère Jeff
Profession: Automaticienne – Collaboratrice CNIP – Atelier d’observation mesures AI
État civil: Célibataire, compagne de Poupette, sa chienne de 6 ans
Domicile: Fleurier
« Je m’appelle Tonya ! »… Ainsi, aurions-nous pu titrer cet épisode consacré à Tonya Berger. Sans rien dénaturer de son lien avec sa sœur, Tonya a dû travailler beaucoup et longtemps pour parvenir à cette identité vraie. Grâce à elle et quelques personnes qui lui sont chères, grâce à sa passion pour les animaux et la nature ! Grâce à son altruisme, son besoin constant d’aller vers les plus démunis, ceux qui ont besoin d’elle, elle qui sait ce que gagner en confiance signifie !
Enfance et adolescence
Enfance et adolescence
À cinq ans, j’accompagnais déjà mon père à l’entraînement des chiens. Avec mon bonnet à pompon !
Cette seule phrase résume l’enfance de Tonya, immédiatement tournée vers les animaux, plus particulièrement le dressage de Oxxo et Fax.
J’ai également commencé le hockey sur glace, mais je voulais être au but, on a refusé, j’ai donc immédiatement arrêté !
Déterminée, Tonya l’est depuis son jeune âge. Sa vie sera au milieu des animaux :
D’ailleurs, au cours de ma scolarité, je n’ai jamais voulu partir en camp. Je pleurais car je ne voulais pas quitter mon chien et ma famille !
De l’école, Tonya ne garde pas un très bon souvenir :
J’étais très réservée voire timide. J’ai mal vécu le fait d’avoir une sœur jumelle, je souffrais de la comparaison ! J’ai toujours été mieux avec les animaux qu’avec les gens !
Tonya déteste l’injustice, à son encontre comme à l’encontre des autres :
Je me mêlais des injustices subies par mes camarades. Ma sœur me défendait. Elle a même cassé l’appareil dentaire d’un garçon qui se moquait toujours de moi ! Quelle histoire cela avait fait…
À dix ans, Tonya vit cela tellement difficilement qu’elle souhaite quitter le Val-de-Travers :
Le Valais et ses montagnes me faisait si envie. Et là-bas, personne ne me connaissait !
Choix et parcours professionnels
Choix et parcours professionnels
Depuis toute petite, je savais ce que je voulais faire plus grande : m’occuper de personnes handicapées ! J’ai donc rêvé de devenir maître socio-professionnelle en ateliers protégés !
D’ailleurs, dès l’âge de 16 ans, Tonya participe à des camps avec des enfants handicapés. Elle inventorie alors les métiers susceptibles de lui ouvrir ces portes. Ebéniste notamment, Tonya effectue un stage dans une entreprise de Fleurier mais elle développe des allergies et observe que ce n’est pas possible. C’est donc vers le CPLN qu’elle se dirige en entamant un apprentissage d’automaticienne :
Seule fille dans cette filière, j’ai souffert ! Même si les camarades de ma classe étaient plutôt sympas, beaucoup d’autres et même un professeur en particulier se sont montrés très violents avec mon choix professionnel ! Des phrases telles que « une fille n’a rien à faire ici ! » ou encore « il vous faut retourner vers vos handicapés ! », sans compter des lettres d’insultes dans mon casier !
Cela ne décourage cependant pas Tonya qui obtient un CFC en 2011. Œuvrant aux Perce-Neige durant ses études, elle choisit d’augmenter son temps de travail au sein de l’institution. À la demande de certains parents, elle dispense des soins à domicile d’enfants handicapés, au titre d’éducatrice non diplômée. Elle trouve ensuite un emploi à Alfaset, à Serrières :
J’ai adoré, en qualité de ressource tournante d’abord, puis je disposais de mon propre atelier, en lien avec l’entreprise Nivarox !
De nouvelles allergies entravent ce choix… Elle doit donc quitter Alfaset et s’engage en 2019 au CNIP de Couvet, au sein de l’atelier d’observation des mesures AI.
Les animaux
Les animaux
Les obstacles de vie de Tonya – allergies, commotions, etc… – représentent à chaque fois une épreuve à surmonter. Même si, comme elle l’envisage,
il n’y a jamais de hasard dans la vie,
À chaque fois, c’est un combat que Tonya parvient à surmonter grâce à sa foi. Une foi bien personnelle :
La foi m’a sauvé la vie ! Je ne suis pas du tout adepte de religion, je n’ai par exemple pas communié, j’étais rebelle, je ne croyais pas. Cependant, aujourd’hui, je considère ma foi comme une aide à prendre confiance en moi, à accepter et à mieux comprendre la vie ! J’aime donc partager cela avec d’autres, lors de camps chrétiens de hockey par exemple au cours desquels Tamara et moi sommes monitrices hors glace, Jeff était coach sportif !
Cette confiance en elle gagnée au fil des épreuves n’a toutefois pas renforcé sa confiance en l’être humain :
J’ai appris et accepté grâce à la Foi, que l’être humain pouvait me décevoir au contraire de l’animal qui est sincère et honnête… Auprès de personnes en situation de handicap, c’est différent, elles sont souvent plus franches dans leurs façons d’être, de vivre… Et j’ai fait le choix de partager cet amour des animaux avec mes petites voisines par exemple, Talia et Kiara !
Confiance gagnée grâce aux autres également :
J’ai une amitié sincère pour deux personnes qui m’ont fait confiance. Une en particulier qui m’a demandé d’aller nourrir le chat qu’elle a apprivoisé, durant son absence !
Un mentor
Un mentor
Tonya n’évoque pas volontiers sa scolarité. Toutefois, elle se plaît à relever combien elle a apprécié son instituteur de 5e année, Michel Audétat :
Il m’a marquée. Il est le seul qui a cru en moi, il m’a aidée à prendre confiance. Il est une personne de paroles. Tout comme moi, proche de la nature, il est également le seul à être parvenu à me faire participer à un camp. Il avait dit à tout le monde : « Si Tonya vient avec nous, je vous promets des filets mignons aux champignons comme repas de fin de camp ! …J’y suis allée ! Je lui serai à jamais reconnaissante ! ».
Outre celui qu’elle considère comme son véritable mentor de l’époque, Tonya a noué de vraies amitiés avec des personnes qui lui ont aussi permis de se construire. Ce travail de construction devenu permanent chez Tonya…
Force
Force
Un parcours de vie jalonné d’obstacles, de problèmes de santé, de quête identitaire. Pourtant, Tonya demeure souriante. Peut-être pas en toutes circonstances, mais en tous les cas, lorsqu’elle évoque « ses » animaux et sa joie de vivre à leurs contacts. Ces combats, toujours surmontés, ces trajectoires souvent interrompues contre son gré, la dotent d’une force rare. Non pas une force de façade camouflant des faiblesses, non ! Une force intérieure vraie, une force qui lui permet de poursuivre ce cheminement qu’elle parcourt à la fois seule et avec les siens. Toujours habitée par cette foi découverte au fil de sa vie. Tonya dit ne pas dormir beaucoup, s’interrogeant en permanence sur sa manière de penser, de dire et de faire. N’est-ce pas une force encore que cette capacité à se mettre à distance pour aller de l’avant ? Tonya a un rêve… Un refuge pour animaux qui lui permettrait d’accueillir des enfants en difficultés… Cette volonté de donner, toujours !
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Marguerite Sammali, amie de Tonya, réside à Lens près de Montana où Tonya lui rend visite parfois :
Tonya est une fille qui a eu beaucoup de problèmes de santé ce qui la rend souvent très soucieuse. Pourtant, elle a la force de demeurer très positive. Sa douceur lui permet un contact singulier avec les animaux ! Réservée, Tonya ne se livre pas volontiers…
Charlotte Cuche de Gals, amie de Tonya depuis plusieurs années, s’exprime ainsi :
Malgré ses soucis, Tonya est une fille rayonnante et courageuse. Elle a la volonté de toujours se remettre en question, de s’interroger sur sa quête de confiance. Avec Tonya, il vaut mieux être une bête à poils sur quatre pattes, on aura alors une relation privilégiée avec elle !