Mettre en sons le Creux du Van
Son nom de scène est Dylo – diminutif de Dylan Lopes – et sa scène était ni plus ni moins que Le Creux du Van à l’aube de ce samedi matin 23 octobre. L’artiste de 27 ans était accompagné d’une équipe de professionnels pour tourner le clip de son prochain EP (format entre un single et un album) « Melodic Mountains ». La musicalité de son septième morceau est directement inspirée de la nature, des montagnes et de longues étendues se jetant sur l’horizon. Pour lui, « ça ne pouvait logiquement pas se tourner ailleurs qu’à cet endroit qui m’a vu grandir ».
C’est dans la maison familiale de Plancemont, à un jet de pierre du mythique canyon vallonnier, que Dylan a passé une large partie de son enfance.
Je n’y habitais pas mais j’étais toujours fourré chez mes grands-parents. En réalité, c’est une partie de mon enfance que j’ai mise en sons et que j’ai mise en images à travers le clip que nous avons tourné très tôt pour avoir de belles lumières.
Pour lui et son équipe, c’était diane à 5 h pour être du côté du Soliat à 6 h 30 précises. Un réveil matinal et frisquet.
Il a gelé et avec le vent il faut bien dire que ça piquait un peu à cette altitude. Mais on est bien tombé car c’était totalement dégagé et on a pu filmer le lever du soleil. Un spécialiste en vidéo m’accompagnait et il y avait aussi quelques figurants. Le but était de faire un maximum d’images de ce qu’on appelle la période bleue donc il fallait agir avant que le soleil ne monte trop haut dans le ciel.
Le nouveau Roi Lion est né ?
De cette virée matinale au Creux du Van, il en ressortira dans quelques semaines un clip vidéo de deux minutes. Ce clip accompagnera un double morceau prévu en 2022. Les deux seront liés puisque le second sera un remix du premier.
J’ai eu l’idée de faire ces images il y a trois mois. Je parlerais même de déclic ou d’évidence. Ma musique est de la techno très douce dont je trouve la sensibilité et l’imagination durant mes randonnées. C’est dans ces moments que je crée le plus. Je m’inspire aussi du compositeur Hans Zimmer qui est à l’origine de plusieurs génériques de films comme Le Roi Lion, Gladiator et Pirates des Caraïbes. Je ne me suis fixé aucune limite créative tant que le morceau faisait danser. Et je pense que j’ai réussi sur ce point.
Et comme le Creux du Van est à la base de sa passion pour la randonnée, c’est pour cela qu’il parle de choix évident.
Si c’est son premier clip vidéo, il a déjà sorti six chansons à ce jour.
La dernière – « too much » – date de juin 2021 et c’est aussi un moment marquant pour moi car c’était un premier test en studio étant donné que je me suis mis à la production à la suite de l’arrivée du Covid.
Le jeune DJ y a tellement pris goût qu’il a déjà quatre morceaux en préparation en plus des deux titres qu’il prévoit de sortir en 2022.
Je les garde au chaud, je les peaufine et je verrai quand je les sortirai,
fait-il savoir. Dylo est un artiste Spotify certifié et ses créations sont donc disponibles sur cette plateforme ainsi que sur d’autres services tels que Youtube.
Les disques c’est dépassé maintenant, tout passe par le streaming. Étonnamment, le bon vieux vinyle revient aussi en force et marque une certaine nostalgie.
Une vieille chaîne hi-fi pour débuter
Indépendant, Dylan Lopes ne parvient pas encore à vivre de la musique et il est courtier en assurance à 100%.
En gros, je me lève tôt le matin et je me couche tard le soir mais je fais ce que j’aime. Quand je termine mon travail, je vais directement en studio. J’en ai un qui est aménagé chez moi et je me rends également dans un studio professionnel. Là-bas, un expert nettoie mes sons et corrige quelques erreurs que je n’entends pas. C’est un encadrement pro très bénéfique pour moi.
Que de chemin parcouru pour Dylo qui a baigné dans la musique grâce à sa maman qui écoutait beaucoup de variété française.
Dans l’appartement, c’était un flot continu de chansons de Jean-Jacques Goldman, de Johnny Hallyday, de Florent Pagny, de Pascal Obispo et j’en passe.
Il est effectivement passé sur un autre style de musique le jour où un DJ est venu mixer à l’anniversaire de sa maman.
J’ai compris tout de suite que c’était fait pour moi. Mes parents m’ont donné une vieille chaîne hi-fi avec deux entrées CD sur laquelle j’ai fait mes premiers « mix ». Mais j’ai dû laisser tomber plusieurs années pour terminer mes études et mon apprentissage d’employé de commerce.
Puis un soir de 2012, de sortie au Mad Club de Lausanne, un ami l’a mis au défi de mixer au moins une fois dans cet endroit dans les cinq ans.
Trois années plus tard, après beaucoup de travail en autodidacte, je relevais le défi en mixant deux fois au Mad. C’est quand même un club reconnu dans le top 100 mondial.
Pour l’exclusivité du Courrier, il va mixer pour la première fois à l’international le 10 décembre prochain à Paris. Des sollicitations du Portugal seraient aussi d’actualité. Il faut y croire pour croître !
Kevin Vaucher