La flûte sur du velours
Samedi soir dernier, Olivier D. Barrelet donnait sa conférence sur la Flûte enchantée la boule au ventre. De nature craintive, l’homme redoutait de passer à côté de son public. Vingt places avaient été préinstallées et il a fallu en ajouter dix puis dix autres et encore dix autres face à l’afflux des Vallonniers. Au final, la salle d’espaceVal était comble et une cinquantaine de personnes ont ainsi pu assister à sa présentation. Tout est passé comme sur du velours, l’équilibre entre prises de parole et extraits projetés sur grand écran a dynamisé cette soirée que l’on a sentie très préparée et aboutie.
Dans chaque œuvre d’un compositeur, il y a un moment plus attendu que les autres. Celui pour lequel la majorité des spectateurs sont venus, pour lequel ils se redressent sur leur siège et pour lequel ils sont soudainement épris de frissons dans tout le corps,
lançait l’homme de 83 ans pour commencer. Les spectateurs venus à espaceVal samedi soir dernier étaient sans doute dans les mêmes dispositions. Ils attendaient de découvrir ce qu’avait préparé le « sculpteur mélomane » avec impatience, se demandant vraisemblablement s’il allait être à la hauteur de l’événement. Face à cette attente palpable et devant cette salle pleine, Olivier D. Barrelet s’est montré très ému avant de présenter le résultat de mois de préparation et d’années d’admiration du travail de Wolfgang Amadeus Mozart. Au final, on a presque envie de dire que Barrelet a fait du Mozart dans la forme !
Ne jamais connaître le doute !
Il a créé, il a cadré avec précision sa présentation, il a charmé son public et il a vécu avec vigueur les extraits projetés du compositeur de Salzbourg. Il n’était pas rare de le voir serrer le poing ou agiter les bras en rythme pour accompagner les passages de la Flûte enchantée.
Se plonger dans l’univers de Mozart est une expérience unique et fascinante. Nul ne connut plus que lui les malheurs, l’hostilité et l’incompréhension. Nul ne connut plus que lui non plus le triomphe… et l’échec, l’adulation… et la haine, le respect… et le rejet. Pourtant, il n’a jamais connu le doute ! Cet homme inquiet savait qu’il était un génie.
Où comment résumer en quelques mots la complexité du personnage.
« Sa musique vient de tout là-haut »
Autre moment marquant, celui quand Olivier D. Barrelet a évoqué la méthodologie de travail de l’Autrichien.
Il composait à la vitesse de sa pensée jusqu’en 1790, soit une année avant sa mort. à cette époque, il a été victime d’une crise morale et il était dégoûté de la musique à tel point qu’il parvenait à composer que très difficilement. Mais c’était peut-être un passage obligé pour qu’il produise plusieurs œuvres importantes en 1791 comme celle de la Flûte enchantée.
Le génie d’un humain ne vient-il pas aussi de sa capacité à se nourrir de ses « plus bas » pour monter encore plus haut ?
Dans tous les cas, sa musique vient de tout là-haut, c’est tout à fait certain,
acquiesce le conférencier.
Une première réussie qui en appelle d’autres ?
Pour conclure, il n’est pas inutile de mentionner que Wolfgang Amadeus Mozart écrivait tous ses opéras de A à Z. Et c’est seulement lorsqu’il avait terminé qu’il en composait l’ouverture. Cela permet ainsi de donner le ton à ce qui va suivre et non l’inverse. Samedi soir, après 1 h 35 de « composition personnelle », Barrelet ne pouvait plus revenir sur son ouverture de soirée mais il a ouvert la voie à d’autres créations. « Merci au Courrier d’avoir si bien relayé l’ADN de ce projet qui a ainsi été compris par les Vallonniers. Cela m’a demandé énormément de travail mais je suis prêt à recommencer.
Après ce « haut », l’appel est lancé et sera peut-être entendu. Présent samedi pour superviser les opérations, le responsable Thierry Page ne fermait pas la porte à d’autres soirées du genre et se montrait lui aussi très satisfait de la tenue de cette conférence. Alors, au boulot Olivier D. Barrelet ?
Kevin Vaucher