Sécurité de vie, la passion de
Charles Michel !
« Cʼest une chose étrange à quel point la sécurité de la conscience donne la sécurité du reste. » Victor Hugo
Carte d’identité
Carte d’identité
Nom: Michel
Prénom: Charles
Né le: 1er mai 1946, à Couvet
État civil: Marié à Pierina, deux enfants et deux petits-enfants et une maman qui vient d’entrer dans sa 100e année en septembre dernier
Profession: Retraité
Domicile: Boveresse
Très bon moment que celui passé en face de Charles Michel ! Il imprime un climat de sérénité, de calme et de confiance qui engage au généreux dialogue. Magnifique parcours que le sien, belle revanche en même temps que parfait assouvissement d’une aspiration qui occupe sa retraite, à temps complet, ou presque !
Enfance et adolescence
Enfance et adolescence
Aîné d’une fratrie de quatre enfants de parents agriculteurs, Charles Michel grandit à Boveresse :
Une vie d’enfants d’agriculteurs ! On ne sortait pas du cercle de la maison, peu de loisirs, pas de vacances, on œuvrait aux travaux de la ferme, les foins en été, les patates et les betteraves en automne ! Les copains jouaient dehors, certains partaient en vacances, nous, on n’y voyait rien !
Charles ne nourrit aucune amertume de cette période, bien au contraire :
On n’a jamais manqué de rien ! Mais je me demande toutefois comment faisait ma mère pour gérer le train de ferme, la traite de nos vaches, le ménage, les lessives et les repas pour sept personnes ! Le tout sans subvention agricole…
Charles effectue l’entier de sa scolarité à Boveresse, dans une classe à tous degrés, chez M. Brenneisen.
Tu seras paysan, tu ne feras jamais autre chose !
lui lança un jour son enseignant. Charles s’en souviendra toute sa vie…
À dix ans, je conduisais le tracteur, à 14, j’avais le permis bleu… Je voulais apprendre mécanicien sur autos. Pas de place à cette époque, j’entre alors chez Tornos, en 1962, en qualité de mécanicien de précision !
Quatre années rendues difficiles par la rigueur du maître d’apprentissage :
J’étais un peu révolté à cette époque, même parfois arrogant !
Quatre années plus tard, Charles Michel décroche son CFC :
Nous étions 9 apprentis de Tornos sur 160 apprentis dans le canton. Nous avons terminé aux neuf premières places ! Une sacrée revanche vis-à-vis de ceux qui ne croyaient pas en moi !
Son école de recrues à Sion, en qualité de chauffeur poids lourds, il est quatre mois sans salaire. à son retour, engagé par Tornos, il a la chance de travailler dans l’atelier d’Alfred Oberbeck :
Il m’a fait une confiance extraordinaire ! Rapidement, j’ai eu l’opportunité de devenir chef de groupe et, plus tard, adjoint du chef d’atelier !
Vies familiale, professionnelle, communale et associative
Vies familiale, professionnelle, communale et associative
On ne peut user de l’expression « faire connaissance » lorsque Charles évoque Pierina, celle qui deviendra son épouse en 1970. La famille Rebucini réside à Boveresse, Charles est l’ami de la famille depuis plusieurs années. Pierina travaillant également à Fleurier, elle fait donc les courses avec Charles :
À 19 ans, j’avais ma voiture ! » lance Charles. C’est donc tout naturellement qu’ils unissent leurs vies et auront deux enfants, Cédric et Thierry.
En 1968, Charles est engagé chez Dubied, pour deux années. Le plaisir n’est plus le même, il s’en va sur Neuchâtel, au sein de l’entreprise Favag, dans un bureau de méthodes et de calcul de rendement :
J’y suis resté un an seulement, je partais d’ici il faisait beau, j’entrais dans le brouillard et je remontais, il faisait nuit ! De surcroît, la mentalité était exécrable !
Retour à Tornos en qualité de responsable du contrôle qualité et près de 80 employés sous sa responsabilité :
Une période où Tornos tournait à plein tube, 45 heures hebdomadaires et 15 heures supplémentaires par semaine !
Ainsi, jusqu’à l’annonce de la fermeture, en 1980.
Charles évoque alors un chapitre primordial dans son existence, le bénévolat, ainsi que sa participation au corps des sapeurs-pompiers dont il fut le commandant pendant plus de vingt ans. Sans compter son engagement au service de la vie politique de son village, puisqu’il devient conseiller communal en 1971 – dicastère de la sécurité – jusqu’en 1978 :
Tout ça au détriment de la famille !
ajoute-t-il avec un zeste d’amertume.
Virage
Virage
Suite à la fermeture de Tornos, Charles Michel se retrouve un mois au chômage, avant d’œuvrer pour l’entreprise MPF puis Handtmann, en tant que chef d’atelier et du bureau de méthodes jusqu’en 1993. Voilà que la Commune de Couvet met au concours un nouveau poste de responsable de la sécurité publique – police, police du feu, centre de secours régional, protection civile, service des ambulances (plus tard) –. Charles postule et c’est le début d’une histoire passionnante, même si le domaine de la police lui est totalement inconnu.
Au début, je n’avais même pas un bureau, juste une petite machine à écrire, j’ai donc pris mon ordinateur personnel, c’était le premier de la commune ! Mon premier boulot, adresser 80 convocations pour les pompiers !
Plusieurs chefs, des souvenirs aux saveurs diverses selon les noms cités. Toutefois, un administrateur admirable.
C’est le manque de reconnaissance qui, au fil des ans mais surtout les dernières années, fut le plus dur à vivre. Le domaine de la police notamment qui occasionnait un nombre incroyable d’heures supplémentaires et nous étions, au tout début, deux agents seulement, dont moi !
Charles Michel prend sa retraite en 2010, accepte un mandat temporaire au service des permis de construire durant trois mois en 2011, avant de pleinement profiter de son nouveau statut de pensionné !
Les fortins neuchâtelois
Les fortins neuchâtelois
Toutefois, la passion demeure… En 2010, Charles Michel intègre l’Association ProFortins Neuchâtel fondée en 2001 et en devient le président en 2012 :
C’est presque du plein temps, soit environ 800 heures par année, donc 2 à 3 heures par jour, fins de semaine comprises !
Création d’un site internet, gestion des visites des fortins, contacts avec la Confédération, les autorités cantonales, l’Armée… Bref, Charles est dans son élément dès lors il ne compte pas son temps et développe nombre de projets afin de conserver l’histoire de ce patrimoine, auprès des jeunes notamment, écoles et université. Pensez donc, 132 fortins dans le canton de Neuchâtel, une centaine aujourd’hui, dont une vingtaine au Val-de-Travers. Et d’ajouter encore que l’Association ProFortins est propriétaire d’une vingtaine d’ouvrages fortifiés. La retraite, disions-nous ! Charles Michel trouve encore le temps d’organiser la course des Aînés depuis quelques années !
Équilibre
Équilibre
Lorsque Charles Michel lance :
Dans la vie, il ne faut jamais avoir de regrets, il faut toujours regarder devant !
on ressent quelques-unes des blessures qui ont jalonné son parcours de vie. En être réservé qu’il est, au travers de cette phrase, sans doute se livre-t-il déjà beaucoup. Réservé, discret et humble… Car, à lire les regards de ses anciens collaborateurs et nombre d’autres auraient témoigné dans le même esprit, ce passionné de sécurité a fait preuve de nombre de compétences relationnelles qui ont marqué leurs esprits : confiance réciproque, respect, chaleur humaine et humour. La marque des « grands » ! Des apprentissages de vie qui comptent pour toujours. Tout comme il a su instiller cette passion pour la sécurité à ces deux fils ! Une belle récompense pour cet homme sage, discret et mesuré en toutes circonstances. Un modèle pour beaucoup…
Regards extérieurs
Regards extérieurs
Mascia Galati, collaboratrice de Charles Michel, parle ainsi de son ancien chef :
C’est Charles Michel qui m’a engagée dans son service, en 2001. C’est une personne réservée qu’il faut absolument découvrir car il est un homme remarquable, plein d’humour, amoureux du travail bien fait, accordant une pleine et immense confiance à ses collaborateurs. À un point tel que lorsqu’il s’agissait de donner un coup de collier, même durant le week-end, jamais personne ne rechignait. Un bel esprit d’équipe qu’il a su créer !
Le successeur de Charles, Jean-Claude Blaser, use des mêmes termes pour décrire celui qu’il connaît depuis presque toujours :
Charles est une personne difficile à cerner de prime abord. Réservé, mais tellement agréable, capable de rires énormes. Toujours disponible, toujours en quête de solution, on peut compter sur lui en toutes circonstances !