Un patrimoine à dévaler !
Depuis qu’il existe, le téléski de La Côte-aux-Fées a pris une place importante dans la vie du village. Ce n’est pas qu’une simple remontée mécanique, c’est aussi et surtout un lieu où se crée des histoires que l’on se transmet de génération en génération et qui tournent dans toutes les têtes des habitants. Comme il y a Paris et sa tour Eiffel, il y a La Côte-aux-Fées et son téléski. La comparaison est audacieuse et un brin exagérée mais, à l’échelle locale, c’est un des marqueurs du territoire des Fées. Partons à la découverte de ce patrimoine que l’on peut toucher et même dévaler !
Le 11 décembre. Non, ce n’est pas la date à laquelle le téléski a été mis en service pour la première fois mais c’est le jour qui a marqué le début de la saison 2021/22 du téléski de La Côte-aux-Fées.
On a pu ouvrir tous les mercredis, samedis et dimanches de 13 h 30 à 16 h 30 jusqu’à Noël. C’était un excellent début mais la pluie nous a ensuite contraints à fermer durant les vacances scolaires. Dommage ! Mais on a pu rouvrir le 9 janvier et le froid nous permet pour l’instant de rester ouvert,
rapporte le président du ski-lift Laurent Piaget. L’une des figures du village est l’un des « sages » qui entourent la nouvelle garde de bénévoles qui intervient sur le site.
C’est important d’avoir des anciens comme Max Leuba pour pouvoir s’occuper notamment du téléski les mercredis après-midi quand les plus jeunes sont au travail. Il s’en occupe depuis bien 40 à 45 ans, c’est dire s’il s’y connaît.
De par leur flexibilité, l’apport d’indépendants tel Sébastien Gyseler est aussi très apprécié pour assurer la sécurité sur les trois pistes officielles de l’installation.
Des anecdotes et des petites bêtises
Le téléski tourne depuis l’hiver 1964/65 grâce aux bénévoles, aux sponsors et à l’aide de la commune.
Nous étions l’un des premiers télé-skis du Vallon. Il y en avait un à Travers avant nous sauf erreur mais il a été fermé il y a un certain temps maintenant. C’est important que nos enfants et nos petits-enfants puissent eux aussi continuer à dire j’ai appris à skier à La Côte-aux-Fées.
C’est eux qui viendront alimenter le livre des histoires vécues sur les pentes du village. De cet impressionnant accident de ski-bob (interdit depuis) en passant par le double saut creusé pour passer par-dessus deux routes bordant les pistes du téléski, les anecdotes fusent rapidement lorsqu’on aborde le sujet.
Les anecdotes et les petites bêtises varient en fonction des générations.
Je n’irai pas jusqu’à évoquer le fait de savoir si les gamins étaient plus ou moins sages avant qu’aujourd’hui.
Il vaut mieux pas,
rigole Laurent Piaget. Il faut aussi dire que les exigences en matière de sécurité sont incomparables et que tout s’est professionnalisé même dans des petites structures puisque toutes les stations sont soumises aux mêmes normes.
Ce qui exige notamment du matériel comme une dameuse suffisamment performante pour résister au relief vallonné du lieu. On a de la chance car c’est la société des pistes de fond qui nous la prête et c’est un gros plus financièrement.
Les deux sociétés – alpine et nordique – ne sont pas officiellement liées mais elles s’entraident pour proposer l’offre sportive hivernale la plus complète au village.
Le thé servi à la fenêtre des paysans de « Vers chez Crêtenet »
On est tous bénévoles mais on est tous guidés par l’envie de proposer un maximum de choses. Finalement, notre récompense est de voir le sourire illuminer le visage des gens et des enfants.
Si on y ajoute encore les 15 kilomètres pour les raquettes et les 2.5 bornes pour la randonnée pédestre sur neige, il y a effectivement de quoi faire des heureux.
Même si on est loin de tout, il y a de quoi faire chez nous.
Voilà un bon slogan pour la station des Fées ! Pour pouvoir l’afficher, il faut cependant que l’or blanc soit déposé en quantité suffisante. Ce qui ne fut pas le cas toutes ces dernières années.
Le téléski d’environ 500 mètres de long n’a pas pu être ouvert une seule fois il y a deux ans. Heureusement, on peut assumer ce type de saison grâce à nos différentes sources de revenus.
Tout ne dépend pas que des billets vendus, l’équilibre serait bien trop délicat. À ce sujet, notez qu’un abonnement de saison d’une valeur de 120 francs pour les adultes et de 70 francs pour les moins de 16 ans est valable aussi bien du côté des Verrières que de La Côte-aux-Fées. Des améliorations sont régulièrement apportées sur le téléski niquelet. Il y a par exemple eu la construction d’une buvette quelques années après le lancement de l’activité.
Ce sont les mamans et les grands-mamans des enfants qui la font tourner. Au début, c’est-à-dire avant la création de la buvette, c’était les paysans de « Vers chez Crêtenet » qui préparaient le thé et le servait par la fenêtre.
Des Japonais « participent » au financement du téléski
Pour ce qui est des autres réparations :
Le câble a été changé il y a quatre ou cinq ans. Plus récemment, des passerelles d’intervention ont été ajoutées sur les pylônes pour pouvoir monter plus facilement au niveau des roulements. L’armoire électrique va bientôt être changée aussi pour un coût estimé de 20’000 à 40’000 francs. C’est encore du matériel d’époque et les normes vont évoluer dans ce domaine.
C’est en 1963 que Valentin Piaget, Jean Piaget et Jean-Claude Barbezat se sont mis autour d’une table pour lancer le projet du téléski.
Valentin Piaget, l’un des directeurs de l’usine Piaget est même allé jusqu’à vendre des parts à des clients japonais pour financer l’achat de l’installation.
Un bon investissement apparemment puisqu’il s’agit de l’un des derniers téléskis Poma de ce type (avec moteur en bas) encore en service en Suisse.
Il tourne bien malgré une petite frayeur au début des années 2000 lorsqu’un problème mécanique a fait craindre le pire. On a tout fait pour trouver une solution et on l’a trouvée. Une station de départ étant tarifée aux alentours de 200’000 francs, on s’en est évidemment réjoui,
souffle Laurent Piaget. Et le patrimoine est sauf !
Kevin Vaucher