La chatière du paradis (2 sur 2)
Mutilés, battus ou sur le point d’être tout simplement tués, plus de 2500 chats ont trouvé une seconde chance auprès de l’association SOS Chats à Noiraigue depuis 40 ans. Nous avons évoqué la première partie de ces quarante ans de vie la semaine passée. Aujourd’hui, nous allons évoquer la seconde moitié de ce récit. De la création de la fondation (en plus de l’association), aux développements des activités en passant par les attaques que les membres ont dû subir, vous ne manquerez rien. Si dans le passé, Tomi Tomek et les siennes ont dû être placées sous protection policière et qu’un énergumène a brûlé un chat en pleine nuit, cela ne les a en rien freinées. En 2021, c’est le cheikh de Dubaï qu’elles ont défié.
Suite logique de ses activités, la Fondation SOS Chats Noiraigue a été créée en mars 2015 afin de renforcer l’armature logistique permettant de soutenir financièrement ses projets. Près de 2000 membres y ont adhéré dans plusieurs pays. Elle participe à différentes actions comme en Ukraine ou plus récemment à Dubaï qui a déclaré la guerre aux chats errants.
En vue de l’organisation de l’Exposition universelle prévue en juillet 2021, nous avions envoyé une lettre au directeur de la municipalité de Dubaï, Hashim Al Awadhi, pour qu’il arrête sa traque des chats « abandonnés » dans les rues. Il était devenu interdit de les nourrir et ils étaient capturés pour être abandonnés dans le désert. Vous voyez, c’est un combat permanent que nous n’abandonnerons jamais,
tance la responsable de SOS Chats Noiraigue Tomi Tomek.
SOS Faon en pleine expansion !
Pour l’épauler, la structure s’appuie sur une petite dizaine d’intervenants plus ou moins réguliers. On y trouve notamment Edith Paccosi.
C’est une complice de longue date qui intervient comme secrétaire bénévole depuis 2006. Elle écrit tous les courriers à la main, sans ordinateur. C’est une façon de faire qui amuse beaucoup nos soutiens,
décrit la responsable Tomi Tomek. La jeune Aurore Lecerf (27 ans) est également très active. C’est elle qui sera amenée à prendre le relais lorsque Tomi Tomek fera un pas de recul. Elle apporte déjà un vent de fraîcheur remarquable et remarqué.
Un jour de 2017, on a retrouvé un faon coupé en deux dans un champ et on a voulu intervenir pour ne plus avoir à faire ce genre de découvertes. Ainsi, SOS Faon Neuchâtel a vu le jour dès l’année suivante. Le but est de sauver les faons cachés dans les hautes herbes avant la fauche des champs étalée de mai à juillet. Notre équipe de bénévoles possède quatre drones pour les repérer et les sauver,
explique Aurore. Plus de 60 faons ont été sauvés l’année dernière.
Castration, découpe de visiteurs et pistolet
Côté félins, la plus grosse victoire politique est celle obtenue en 2008 avec l’interdiction de la vente de peaux de chats en Suisse. Si aujourd’hui la cause animale est mieux reconnue, acceptée et défendue, c’était plus compliqué à l’époque.
Certains politiciens disaient qu’une balle dans la tête coûtait moins cher qu’un placement. Nous étions assimilées à des sorcières, au début, avec nos chats dans cette ferme isolée. Une dame du Vallon nous avait même dit que la rumeur disait qu’on découpait nos visiteurs en morceaux pour les donner à manger aux chats. Et elle y avait cru puisqu’elle était venue avec un pistolet dans sa poche nous le dire. Lorsqu’on proposait la stérilisation et la castration gratuite, on a reçu pas mal de lettres de menaces où on nous proposait d’aller nous faire stériliser nous-mêmes. Et lors de certains événements, les journalistes avaient même peur de nous accompagner par crainte de se faire tirer dessus.
Malheureusement, certaines personnes moins équilibrées que les autres sont parfois passées aux actes.
Nous avons été cambriolés en 2018 et les responsables ont été condamnés à de la prison en 2020.
Le montant total du préjudice s’élevait à quelque 80’000 francs. Une grosse vague de soutien avait suivi cet acte répréhensible.
Les chats errants ont toujours une cible sur le dos
« La chatière du paradis » est désormais protégée par deux chiens pour éviter toute récidive. Pire encore, un ou une illuminée (la personne n’a jamais été retrouvée) s’est immiscé dans le périmètre de la ferme en 1996 pour y brûler un chat en pleine nuit.
Cette personne l’a aspergé d’essence avant d’y mettre le feu. C’était vraiment choquant, en plus d’être criminel.
Si la personne est encore en vie et qu’elle lit ces lignes, qu’elle n’hésite pas à nous envoyer un explicatif anonyme. Car là, vraiment, on ne comprend pas ! SOS Chats Noiraigue veille actuellement sur une centaine de chats abandonnés et l’association recueille principalement des « adorables terreurs ».
Ce sont des chats agressifs, qui ont souvent déjà mordu des gens. Si nous n’étions pas là, ils seraient probablement tués. Il y a aussi des chats rejetés car ils ont le sida.
Et comme Tomi et son équipe n’arrêtent jamais, elles partent à nouveau à la lutte aujourd’hui pour interdire l’article 5 de la loi sur la chasse.
Celui-ci considère les chats errants comme des nuisibles et il est toujours possible de les tirer. On a essayé trois fois de faire tomber cette loi et on ne perd pas espoir d’y arriver prochainement.
Pas de doute, « la chatière du paradis » a trouvé ses anges protecteurs !
Kevin Vaucher