Musique
Le Conservatoire de Fleurier veut des courants d’air
Après deux années rythmées par les mesures sanitaires, le Conservatoire de musique neuchâtelois organise à nouveau ses portes ouvertes. La facette vallonnière de l’événement aura lieu le samedi 14 mai, et offrira à tout un chacun de découvrir l’antenne du Conservatoire au Val-de-Travers. Présentation de l’événement et réflexions musicales avec Séverine Jequier, professeure de piano et responsable du site de Fleurier et Nicolas Farine, directeur de l’institution.
Jʼaimerais les nommer les portes « grandes » ouvertes,
image Nicolas Farine. Après deux années sans une véritable ouverture au public des différents sites du Conservatoire de musique neuchâtelois (CMNE), son directeur désire ardemment refaire vivre ses portes ouvertes du conservatoire. Et il a déjà pu constater que cette édition 2022 partait sur de bonnes bases.
À Neuchâtel, le 30 avril, nous avons accueilli plus de monde que dʼhabitude », relate-t-il, en espérant que la foule vienne également à Fleurier le 14 mai prochain de 9 h 30 à 14 h. Le directeur de lʼinstitution insiste sur ce moment fort de lʼannée qui permet de renforcer le lien avec la population et qui offre la possibilité de rencontrer de nouvelles personnes qui, dʼordinaire, nʼoseraient peut-être pas pousser la porte du lieu.
En effet, si le mot « conservatoire » peut apparaître comme « paralysant », lʼinstitution cantonale a pour slogan « la musique pour tous » et le programme, pas encore totalement fixé, se veut le plus large possible. De la guitare à lʼaccordéon, de la flûte à bec aux percussions en passant par le saxophone, la trompette ou simplement le chant, il y en aura pour tous les goûts.
Les visiteurs pourront voir, toucher et surtout essayer. Il est aussi important dʼentendre le timbre dʼun instrument pour le découvrir,
explique Séverine Jequier, coordinatrice de lʼantenne de Fleurier et professeure de piano, en pensant aux « coups de cœur » ressentis à lʼécoute dʼune sonorité. En plus de la visite des locaux et de la découverte des instruments et des enseignements, un moment de concert aura lieu entre 11 h et midi et un petit espace restauration sera tenu par des élèves. De quoi accomplir lʼobjectif du Conservatoire de musique, soit comme lʼexprime Nicolas Farine, « transporter la bonne nouvelle musicale ».
De 5 à 75 ans
Lʼantenne du CMNE de Fleurier fait partie des quatre sites principaux de lʼinstitution, avec Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Le Locle, en plus dʼune douzaine de lieux décentralisés.
Ce conservatoire se veut au cœur du Val-de-Travers, proche de la communauté,
poursuit Nicolas Farine.
Il est imbriqué dans la vie locale,
ajoute Séverine Jequier, en citant la collaboration avec les commerces locaux et les autorités communales. Ainsi, le conservatoire de Fleurier accueille environ 100 élèves sur les 1800 du Conservatoire à lʼéchelle cantonale et propose un large panel dʼenseignements. Panel qui dʼailleurs pourrait sʼétoffer au gré de futures inscriptions et demandes. Actuellement, la coordinatrice de Fleurier et le directeur constatent un certain engouement pour le piano ou divers instruments à vent, mais estiment que le chant choral, un peu passé de mode, sera revalorisé. Toutefois, Séverine Jequier avoue que lʼenseignement musical doit sʼadapter à la tendance « zapping » de la jeunesse.
Si la majorité des cours concerne la jeunesse, des adultes aussi pratiquent leur instrument à Fleurier.
La classe dʼâge va de 5 à 75 ans,
sourit Séverine Jequier en songeant à ces personnes qui regrettent dʼavoir arrêté de jouer, faute de temps. Dʼailleurs, la professeure de piano a lʼimpression que depuis la pandémie de Covid-19, de plus en plus dʼadultes souhaitent commencer ou recommencer une activité musicale.
La musique est un relais pour faire vivre les choses. Cʼest une activité qui fait respirer,
note avec philosophie Nicolas Farine, en soulignant que le CMNE offre une formation adulte aussi soutenue par lʼétat. Le fait que lʼinstitution soit intégrée au service de lʼenseignement obligatoire du canton est pour son directeur la preuve de sa mission globale.
Globalité et qualité
Cette intégration à lʼenseignement obligatoire permet ainsi au CMNE de soutenir les enseignants des cycles scolaires 1, 2 et 3 pour continuer de délivrer des cours de musique, alors que malheureusement, il sʼagit parfois dʼune branche qui « passe à la trappe ». De plus, pour Nicolas Farine, le slogan « musique pour tous » doit être véritablement un mantra.
Nous nous ouvrons au plus grand nombre,
déclare-t-il. De ce fait, le CMNE regarde en direction de nouveaux styles musicaux et de nouveaux instruments. Également, le conservatoire souhaite prendre en compte lʼaccueil dʼélèves handicapés ou ayant des troubles du spectre autistique, dʼailleurs deux professeurs spécialisés enseignent sur le site du Val-de-Travers. Enfin, lʼinstitution musicale est aussi attentive à lʼécueil financier que peut représenter la pratique dʼun instrument avec la possibilité de bourses et de prêt dʼinstrument. Un système de bourses qui est financé par un legs privé.
Cʼest une chance. Lʼaspect financier nʼest plus un argument pour ne pas pratiquer,
estime Nicolas Farine.
Une « musique pour tous » mais qui conserve une exigence de haute qualité.
Derrière chaque instrument, il y a un professeur,
relève Séverine Jequier.
Nous souhaitons une offre grande et professionnelle aussi sur nos sites extérieurs,
complète le directeur du CMNE, en espérant des « courants dʼair » pour ces portes ouvertes du 14 mai. Ce « point dʼorgue » du conservatoire est quoi quʼil en soit la bonne occasion pour sʼessayer à un instrument, poser des questions et comprendre ce que signifie la pratique musicale.
Le choix dʼun instrument est toujours étonnant,
relatent Séverine Jequier et Nicolas Farine en soulignant les bienfaits de sa pratique : cognition, coordination gestuelle, habilité, respiration. Des arguments en faveur dʼune grande affluence le 14 mai prochain, en plus de celui que la musique adoucit les mœurs.
Gabriel Risold