Noël les pieds dans l’eau ! (1 sur 3)
Noël les pieds dans l’eau, cela renvoi pour beaucoup à une image sympa, de vacances en bord de mer, sous les tropiques. En réalité, c’est à Travers que plusieurs habitants ont connu ce problème cette année. La faute à l’Areuse qui est une nouvelle fois sortie de son lit, dans la nuit du 24 décembre. De l’extérieur, c’est un fait insolite qui prête à l’étonnement ou au sourire. De l’intérieur, c’est nettement moins drôle à vivre. Cela fait des années que ça dure. En cinq ans, certains bâtiments ont été touchés huit fois. Devant l’inaction des autorités pour régler le problème, l’incompréhension et la colère commencent à déborder.
Lorsque le ciel gronde, le réflexe est toujours le même pour les Traversins touchés par les débordements réguliers de l’Areuse. D’abord regarder les prévisions de précipitations, sonder le ciel et veiller jour et nuit pour contrôler le niveau de l’eau de la rivière. C’est notamment le cas du couple Sylviane et Jean-Pierre Schenk, qui habite le numéro 3 de la rue des Moulins, depuis une trentaine d’années. « On en a connu des inondations, croyez-nous. Quand les enfants étaient jeunes, on s’occupait de vider l’eau ensemble. C’était presque un rituel. » Un rituel qui laisse des souvenirs mais qui n’est pas du goût de tout le monde. La partie inférieure de la maison des Schenk s’est retrouvée sous l’eau une dizaine de fois lors des quinze dernières années. Alors forcément, les assurances commencent sérieusement à manquer d’air et de patience quand les « inondés de Travers » se manifestent à nouveau.
Couche après couche, tout a été surélevé en sous-sol
« On nous a clairement fait comprendre que les assurances n’allaient pas éternellement être derrière nous. Déjà maintenant, nous devons prendre à notre charge certains frais et nous évitons de les solliciter pour de ‹ petites inondations › », explique le couple d’un certain âge. Les assurances reconnaissent d’ailleurs que les Schenk ont tout mis en œuvre pour lutter contre les dégâts des eaux. À la cave, tout a été surélevé au maximum. Les congélateurs touchent presque le plafond. Le chauffage a été changé afin de pouvoir le surélever, même si cela a nécessité le passage au gaz.
Des socles en béton ont été érigés afin de placer en hauteur la machine à laver et le sèche-linge. « Au fil des années et des inondations, on a rajouté des couches de béton pour essayer de les garder au sec. » Si elles avaient été sauvées des eaux en 2021, les deux machines n’ont pas survécu à l’inondation de ce 24 décembre. Certains mois, comme en janvier 2021, ce n’est pas une mais deux inondations qui ont touché les maisons longeant l’Areuse, comme celles de la rue des Moulins.
Une menace permanente qui pèse lourd !
« Les premières fois, on le prenait avec le sourire. Mais on a plus vraiment envie de rigoler aujourd’hui. Ça se répète chaque année et rien n’est fait pour améliorer la situation. Les gens ne se rendent pas compte des problèmes que cela implique pour nous. Ils nous disent ‹ ah, vous avez encore eu les pieds dans l’eau ? › sans se douter de la galère que c’est de vivre avec cette menace permanente au-dessus de la tête. » Douze jours après la montée des eaux de la fin décembre, des déshumidificateurs et de gros ventilateurs tournaient encore à plein régime et à grand bruit au sous-sol de la maison familiale.
Il s’agit de sécher l’espace au maximum afin d’éviter les pourritures et ce genre de surprises. Le même bruit est perceptible chez le voisin Pedro Marques. Le directeur du garage Touring de Travers (rue des Moulins 5) est doublement impacté puisqu’il habite avec sa famille au-dessus du garage qu’il a repris en 2005. « À chaque fois, c’est mon espace professionnel et mon environnement familial qui sont touchés. Cette fois, l’inondation a coupé le chauffage et mes enfants se sont réveillés un peu au frais le matin du 24 décembre. » Ils se sont aussi réveillés sans leur papa, qui était en train de limiter les dégâts au rez-de-chaussée du garage. Là aussi, tout a été surélevé au maximum mais l’eau a immergé les stocks d’au moins 70 centimètres. Une partie du matériel devra être jeté. Des experts étaient encore en train d’évaluer les dégâts la semaine passée. Nous les évoquerons la semaine prochaine dans la suite de ce reportage.
Kevin Vaucher