Le KLUB˚, avec un K comme kaléidoscope

« Bonsoir, je m’appelle X et suis A, Bonsoir, Y et je suis B… », non, ce n’est pas une séance d’un groupe de parole à laquelle le Courrier du Val-de-Travers hebdo assistait mardi 24 janvier, mais à la première réunion de l’année 2023 du KLUB° qui se tenait à L’hôtel de l’Aigle à Couvet. Elles étaient une bonne vingtaine de personnes à avoir répondu présent pour cette séance qui était émaillée de deux présentations de Jacques Florey, collaborateur de l’association de coopération intercantonale et transfrontalière « arcjurassien.ch », et de Steven Grah, illustrateur et graphiste, établi à Pontarlier.

Un intervenant suisse et un autre français, soit une partie de l’ADN du KLUB°, ce club franco-suisse d’acteurs locaux qui souhaite tisser un réseau transfrontalier « kulturel » et entrepreneurial, est né en 2019 de la volonté de Benjamin Locatelli, artiste-graffeur, établi aux Verrières, et de son ami Antoine Marceau, chef de l’entreprise familiale à Doubs. « Plusieurs personnes ne pouvaient être là ce soir, mais nous sommes actuellement une cinquantaine d’adhérents », nous indique Benjamin Locatelli. « Entre les membres français et suisses, je dirais que c’est un 50-50% ». Toutefois, nous percevons que l’origine n’a qu’une moindre importance dans « l’appartenance » au KLUB°. L’essentiel est ailleurs.

Au-delà de la frontière

Même si, ce 24 janvier, la majorité de l’assemblée est française, des acteurs majeurs du Val-de-Travers sont présents, comme Laure et Matthias Von Wyss de Goût & Région. Toutefois, le plus surprenant est dans la diversité des profils des personnes présentes, entrevue durant un tour de table : graphiste, illustrateur, entrepreneur dans le transport, vidéaste, membres d’une association pour la pop culture, employé aux services généraux de la commune de Pontarlier, plasticienne et sérigraphe, tatoueuse, luthier, restauratrice, designer ou encore un couple qui imagine son avenir dans l’entrepreneuriat.

Un vaste horizon hétéroclite de parcours et de compétences qui est le noyau du projet du KLUB°. « L’idée est de créer des liens entre des acteurs de secteurs qui ne sont pas similaires et transfrontaliers », détaille Benjamin Locatelli, en ajoutant que cela peut combler un « manque de réseau et de soutien ». « Plus qu’un club classique ou l’on parle de chiffres et d’affaires, l’objectif est de partager des connaissances, des réseaux et des problématiques et de pouvoir apporter des solutions aux différents membres », complète l’artiste-graffeur.

Les axes de réflexions et des valeurs du KLUB° sont « écoute et bienveillance », « réseau de cocréation », « confiance et intelligence collective », « partage de connaissances et d’expériences », « éthique de l’offre et de gestion » ou « solidarité franco-suisse ». Il souhaite s’ouvrir à tous les acteurs locaux qui partagent une même « philosophie ». « L’aspect transfrontalier offre une opportunité d’ouverture à l’autre et de partager des visions différentes », estime le natif de Pontarlier, établi depuis plus de dix ans aux Verrières.

Prolongement du « KLAB° »

Ce projet, Benjamin Locatelli et Antoine Marceau l’ont imaginé pour développer les synergies transfrontalières dans les domaines de l’entrepreneuriat et de la culture. Lancé entre 2019 et 2020, son développement s’est heurté quelque peu à la pandémie et à l’impossibilité de se rencontrer mais, désormais, Benjamin Locatelli souhaite le relancer. « Les autorités des Verrières n’ont malheureusement pas pu être présentes ce soir », explique l’artiste, qui reconnaît qu’il les avait invitées pour la première fois à venir assister à une réunion, à l’instar d’autres personnes présentes ce soir-là.

L’idée du KLUB° découle quelque peu de celle du KLAB° (contraction de Kultural Laboratory), un tiers-lieu, notamment dédié au coworking, débutée par Benjamin Locatelli et quelques proches, entre 2016 et 2019 aux Verrières, et qui aura son pendant français prochainement. Un KLAB° de Pontarlier, dont Benjamin Locatelli a pu préciser certains détails aux membres ou aspirants, ce 24 janvier. Un espace tiers-lieu que l’artiste-graffeur aimerait aussi voir se matérialiser dans le silo des Verrières, projet qui est pour l’instant en suspens. Néanmoins, le KLUB° constitue plus un complément qu’un pendant de ces projets. Au-delà d’espaces de rencontre et de collaboration, un cercle ou un « club » pour permettre la convergence de compétences de part et d’autre de la frontière a certainement son utilité. Et avec un « K », comme, peut-être, un kaléidoscope de celles-ci.

Gabriel Risold