Carnet noir
La «Fée bleue» Sœur Odette a trouvé son dernier abri!
Figure incontournable du Val-de-Travers, Sœur Odette est décédée le 31 janvier en fin d’après-midi ! C’est au sein de sa communauté, à Saint-Loup (VD), qu’elle a rendu son dernier soupir (bien qu’elle n’était pas du genre à en faire beaucoup). Fatiguée par la maladie, elle s’y était définitivement retirée il y a trois mois de cela.
Sœur Odette Piazzini aimait garder le mystère sur son âge. C’est pourquoi nous ne vous le dirons pas ! J’ai l’âge de mon cœur disait-elle. Sachez que son cœur s’est mis à battre le 19 mars 1934 au Solliat, à la Vallée de Joux. Elle a grandi avec ses deux frères et a vécu une enfance marquée par la tuberculose. Séparée de sa famille à l’âge de 15 ans, et notamment de sa maman – soignée dans un établissement spécialisé de Leysin –, elle a d’abord travaillé en usine avant de s’occuper d’enfants malades.
Une vie de famille tourmentée
De cette vie de famille mouvementée, Sœur Odette ne gardait pas de haine mais juste des « pourquoi ? » Elle a pu trouver des réponses et cheminer dans sa foi au contact de diaconesses dont la bonté l’a marquée à tout jamais. À 19 ans, elle a compris que Dieu l’appelait. Et même si la maladie l’a rattrapée trois nouvelles années, rien n’a pu l’éloigner de Dieu. Le 30 août 1957, elle est donc entrée dans la communauté de Saint-Loup dont elle a pris le costume en mars 1961. La Fée bleue était née (elle était invariablement habillée en bleu) ! Elle a reçu la consécration diaconale le 16 juin 1965.
Travail à l’hôpital de Couvet
La Fée bleue a travaillé dans les hôpitaux d’Orbe, Saint-Loup, Yverdon puis Couvet, à partir de 1969. En 1983, elle a créé le Foyer de l’Étoile qui vient en aide à des personnes en proie avec les démons de l’alcool. Elle s’y engage à plein temps à partir de 1987.
Très présente en paroisse, elle ne rechignait jamais à occuper la rue pour différentes actions de solidarité. Qui ne l’a jamais aperçue sous sa petite tente blanche, vendant des chaussettes lors des foires de Couvet ou vendant des laits aromatisés aux jeunes lors de l’Abbaye de Fleurier. Dans le même style, elle prenait chaque année la direction de Paris avec des dizaines et des dizaines de couvertures, des habits et du matériel de première nécessité qu’elle allait distribuer aux sans-abri de la capitale française. Elle a pris la route durant plus de 30 ans.
Son réseau de « serial tricoteuses »
Les plus malheureux ? Elle les accueillait à sa table pour un brin de causette ou pour faire des jeux, derrière ses lunettes et son large sourire, parfois taquin. Les plus déshérités, elle en prenait soin et cherchait à leur réchauffer le cœur et… les pieds. Au fil du temps, elle a tissé un réseau de tricoteuses bénévoles à travers la Suisse romande. De quoi offrir des chaussettes par milliers. Sœur Odette a été nommée citoyenne d’honneur du Val-de-Travers en 2013. Elle s’est finalement endormie en cet hiver 2025, à la maison Juvet, entourée de ses proches. Son inhumation a eu lieu le 5 février au cimetière des diaconesses de Pompaples. Elle laisse derrière elle des milliers de bons souvenirs et autant de bonnes actions. Elle peut donc se reposer en paix dans son dernier « abri », celui qu’elle a toujours cherché à apporter aux démunis de la vie.
Un moment de partage et de recueillement, avec possibilité de témoigner, aura lieu le mardi 11 février, à 17 h 30, au temple de Môtiers.
Kevin Vaucher