À propos d’un cinquantenaire
Le chemin de fer du Val-de-Travers
1881
À partir de 1881, l’isolement se fait sentir si fort au Val-de-Travers qu’un réveil se produit. De nouvelles industries s’y sont implantées, celles des ciments et des tabacs. Les « ciment » remettent tout en question en projetant pour leur compte un funiculaire reliant Saint-Sulpice à la ligne franco-suisse. On charge l’ingénieur Mérian de présenter préavis sur cinq projets en présence. Comités locaux en branle. Appels réitérés par voie de la presse. Le 9 mai, une demande de concession est déposée à Berne par MM. Mérian et Pümpin. Assemblée générale à Môtiers. Reconstitution d’un comité central.
Le 9 août, la compagnie du chemin de fer régional du Val-de-Travers est enfin constituée par acte reçu chez M. H.-L. Vaucher, notaire à Fleurier. La durée est fixée à celle de la concession fédérale (1961), le capital à Fr. 250’000.-. L’élan est encore quelque peu enrayé par des oppositions se manifestant à Couvet et Travers quant à la contribution financière locale.
L’assemblée constitutive de la Société du Régional siège à Môtiers, en janvier 1882. M. Edouard Petitpierre est nommé président du conseil d’administration. Plus tard lui succéderont M. Edouard Dubied en 1892, M. Wilhelm Sutter en 1911, puis M. Auguste Leuba dès 1922, aujourd’hui encore à la tête de l’entreprise. M. Henri-Louis Vaucher sera secrétaire du conseil durant quarante-huit ans. Mais n’anticipons pas et donnons quelques renseignements sur la mise sur pied et l’inauguration.
Le Grand Conseil au Vallon
Tout arrive ! eût pu s’exclamer à ce moment-là, déjà, Henri Ardel. Le 29 mai 1882, le Grand Conseil vote en faveur du Régional une subvention de Fr. 404’000.-. Voilà qui, certes, avancera les affaires !
À Fleurier, le canon tonne ; les drapeaux claquent au vent. Un cortège enthousiaste d’habitants de Saint-Sulpice et Fleurier s’achemine vers la gare de Couvet. Il va cueillir là députés au Grand Conseil et délégation du Conseil d’état. En tête, deux fanfares attaquent les marches de jubilation. Elles traversent fièrement Couvet où de nombreux adversaires du Régional s’embusquent derrière leurs volets ! Le train entre en gare. Les tambours battent. Quinze bannières saluent les députés auxquels M. Vaucher souhaite bienvenue. La notice relatant ces faits dit : le cortège se rend alors à Môtiers « sans avoir l’air de traverser Couvet » (!).
Au chef-lieu, discours du préfet Favre, de Numa Grether, député, de Frédéric Soguel, président du Grand Conseil, et de Jules Philippin, conseiller d’état. Tout se passe au « Cercle démocratique » et Dieu sait si le « blanc » de Neuchâtel égaye son petit monde.
À suivre