Pas un, pas deux… 14 capitaines!

Alors que le « navire » du stand de tir de Môtiers nage dans un joyeux désordre, entretenu dans la bonne humeur par tous les capitaines présents, des détonations sont entendues à une petite vingtaine de mètres de là. Cela a le mérite de recentrer les esprits et les regards vers un même point : celui du ciel ! Les détonations étaient en réalité des feux d’artifice, tirés par l’artificier en chef Roland Fatton. On aurait dû s’en douter…

Les bons coups de Fatton

Le Vallonnier n’a pas pris avec lui son habituel canon mais il est à nouveau dans les bons coups. « Vous avez entendu ? Douze coups pour renvoyer aux douze coups de minuit puis cinq coups plus rapprochés pour les cinq siècles de l’Abbaye. » Compris ! Aussitôt fait, le voici qu’il entre dans la peau du maître de cérémonie, la passation d’arme va pouvoir commencer au pas de charge. Avec Roland, pas de désordre, c’est lui le capitaine des opérations. C’est d’ailleurs l’un des quatorze anciens capitaines qui ont été nommés pour occcuper ce poste pour l’année spéciale qu’est 2023.

Dominique Wyss sort le sabre

Le capitaine 2022, Dominique Wyss, est prié de s’avancer. Ses successeurs se trouvent tous face à lui, main droite posée sur les bannières de l’Abbaye et du Prix des Mousquetaires. Les couleurs sont tenues par Gilles Walder (lieutenant de l’Abbaye) et Romain Haldi (lieutenant du Prix). Dominique Wyss sort alors son sabre et le porte au-dessus de sa tête (il le tient lui aussi de la main droite). La passation d’arme est rapide et « sans chichi ». Ce n’est pas le temps qui est important mais la solennité du moment. Une quarantaine de personnes – membres ou invités – suivent le rituel. Les femmes sont rares mais il y en a quand même quelques-unes. Les plus jeunes ont une vingtaine d’années. Non, les traditions ne sont pas réservées à de « vieux nostalgiques ».

Une corporation qui s’est (entre)ouverte

Le président de cette Noble corporation, Valentin Bezzola, est d’ailleurs loin d’avoir atteint le 3^e âge. Et s’il y a plus d’hommes que de femmes, c’est que le titre se transmet de génération en génération. « Durant longtemps, il était seulement possible de le remettre à son fils. Puis, l’Abbaye de Môtiers s’est ouverte aux femmes et il a été possible de passer le témoin à sa fille. Finalement, nous avons remarqué que trop de titres disparaissaient faute de descendants directs, alors on a élargi les possibilités de transmissions familiales », nous éclaire Christian Moser, l’un des anciens capitaines « honorés ».
Lui-même a d’ailleurs choisi de le remettre à sa nièce, faute de descendants directs pouvant perpétuer la tradition.

Le cœur et les armes

Chaque année, la passation d’arme est l’un des moments forts de l’Abbaye de Môtiers. « Elle a toujours lieu le dernier samedi du mois de mars. Il y a d’abord l’assemblée, puis le repas et enfin la passation, ça n’a pas changé en 500 ans d’existence », ajoute un autre « ancien », Yves Martin. La cérémonie s’est terminée par la remise de la médaille de capitaine à Dominique Wyss. Cette récompense, vous ne l’a retrouverez qu’autour du cou de ceux qui ont eu la fierté d’être capitaine. C’est le plus vieux ex-capitaine encore vivant, Jean-Pierre Barrelet, qui a procédé à cette remise de décoration. Vous pouvez voir cela comme un geste de reconnaissance pour service rendu, comme à l’armée. Ici, c’est de l’armée môtisanne dont on parle. Non, il serait plus juste de parler de famille môtisanne. De celle qu’on défend avec les armes et qu’on aime avec le cœur !

Kevin Vaucher