Absinthe Cuvée communale 2022
Et il n‘en resta plus qu’une…
Vendredi dernier, le Conseil communal de Val-de-Travers avait convié plusieurs invités à la dégustation dʼabsinthes visant à choisir la Cuvée communale 2022, dont la citoyenne dʼhonneur 2021 et l’artiste Benjamin Locatelli à qui a été confiée la création de lʼétiquette. Bref récit dʼune dégustation à laquelle le Courrier était aussi convié.
Elles étaient treize absinthes douces, toutes produites par des membres de lʼinterprofession, et anonymisées par des numéros. Ils étaient treize pour les déguster et élire au bout du processus de sélection celle qui serait le millésime 2022 de la Cuvée communale, servie lors des réceptions officielles. En plus des cinq membres du Conseil communal et du chancelier Christian Reber, la citoyenne dʼhonneur 2021 Marlyse Castellani et son époux Marco, Yann Klauser, directeur de la Maison de lʼabsinthe, qui officiait en maître de cérémonie, et lʼartiste des Verrières Benjamin Locatelli qui aura aussi pour tâche la création de lʼétiquette, étaient invités. Également étaient conviés quelques chanceux et chanceuses, les correspondantes au Val-de-Travers de RTN et dʼArcInfo, Stéphanie Wenker et Bérénice LʼEpée, ainsi que, pour le Courrier du Val-de-Travers hebdo, le soussigné.
Le processus dʼélection de cette Cuvée communale tenait presque du tableau dʼun tournoi dʼun Grand Chelem, avec trois tours de sélection. Dès le premier, les différences furent notables et obligèrent à avoir tous les sens en éveil. Le néophyte pourrait croire que rien ne distingue une « bleue » dʼune autre « bleue », et bien évidemment ce nʼest pas le cas. Un simple coup dʼœil fit déjà apparaître des variations de teinte, et ce malgré un dosage strictement identique de 1cl dʼabsinthe et de 3cl dʼeau. Très rapidement, certaines convainquirent moins, alors quʼentre dʼautres, un choix sʼavéra plus ténu. Lors de ce premier tour de dégustation, où les treize absinthes étaient réparties par quatre entre chacun des dégustateurs, une sélection apparut et quelques numéros se distinguèrent déjà.
Égalité et « tirs au but »
Si trois absinthes se détachaient aisément, trois autres se retrouvaient à égalité de points. Un tour supplémentaire sʼinstaura pour les départager : une séance de « tirs au but » si lʼon peut dire. Les sens furent mis à rude épreuve. On sentit et sentit à nouveau, on goûta et goûta encore les trois absinthes aux caractéristiques analogues. Après le recueil des notes, le résultat fut assez net. Et il nʼen resta plus que quatre. Au deuxième tour, les absinthes restantes avaient des caractéristiques relativement homogènes, mais chacune possédait quelques fines subtilités et variations. Rebelote : il fallut observer les jambages sur les verres, humer et lentement déguster chaque breuvage après sʼêtre « rincé » le palais en buvant un peu dʼeau minérale. Un bout de pain offrait un répit bienvenu aux papilles et on nʼhésitait pas à recracher les gorgées. Deux absinthes semblèrent sortir du lot et se démarquèrent par des robes aux reflets bleutés plus soutenus. Au fil du tour de table et du report des notes des jurés, il parut limpide que la « finale » se jouerait entre les numéros 12 et 2. Et il nʼen resta plus que deux.
Pour le dernier tour, une certaine concentration se fit ressentir. On « remit » le palais à zéro et recommença le rituel sensoriel : vue, olfaction, goût. Même si les deux « finalistes » étaient de belle qualité, des différences notoires se relevaient : robe, amertume plus prononcée ou plus douce, notes florales ou plus épicées. Et là, les préférences et le goût de chacun sʼexprimèrent. Lors de lʼultime tour de table, lʼégrènement des notes ne laissa pas planer longtemps le suspense, malgré les votes de certains tendant à vouloir le prolonger: la n°12 fut plébiscitée. Et il nʼen resta plus quʼune.
Une Absinthe, Cuvée communale 2022, dont personne ne connaîtra jamais le producteur, puisque seules deux personnes de lʼorganisation de cette dégustation par la Maison de lʼabsinthe, savaient à quels distillateurs se référaient les numéros. Un voile de mystère entourant la n°12 qui inspirera Benjamin Locatelli pour lʼétiquette de cette cuvée ? Réponse le 24 février lors de la fête de la commune.
Gabriel Risold