Absinthe la Valote Martin
Une pétillante fée
Ce jeudi, Philippe Martin présente un nouveau produit : un vin mousseux aromatisé à l’absinthe. Le distillateur des absinthes la Valote Martin à Boveresse veut ainsi étoffer son offre et proposer un breuvage moderne aux palais peu adeptes de la fée verte.
En 1935, alors qu’il est à La Havane, Ernest Hemingway imagine un cocktail mêlant champagne et absinthe et lui donne le nom d’un de ses romans, « Mort dans l’après-midi ». L’anecdote est relatée au verso de la bouteille de Féetillante que nous présente Philippe Martin.
A l’époque, je crois qu’ils essayaient un peu toutes sortes de mélanges,
plaisante-t-il. Même si la référence est voulue, le nouveau vin mousseux aromatisé à l’absinthe proposé par le distillateur de Boveresse ne ressemble en rien au cocktail « tassé », à l’aspect trouble, de l’écrivain américain. Dans le verre, la robe est claire et dorée et la bulle assez fine, le pourcentage d’alcool de 12.5% reste raisonnable.
Depuis quelques années, Philippe Martin avait à l’esprit d’élaborer un produit à base d’absinthe qui pourrait s’adresser aux palais quelque peu rétifs à l’amertume et la pointe anisée de l’absinthe.
Dans les dégustations, j’ai remarqué que certaines personnes et notamment les dames n’étaient pas très fans de ces aspects,
détaille-t-il. Le distillateur des absinthes la Valote cherche ainsi une alternative pour toucher également cette clientèle. Au Vallon, certains de ses collègues proposent d’autres produits comme des liqueurs ou crèmes d’absinthe, mais Philippe Martin ne souhaite pas copier et désire trouver une idée originale.
Une rencontre comme déclic
Le déclic se produit il y a un an lorsque le distillateur fait la rencontre d’un producteur de sirop dans le Jura français.
Cette personne avait racheté un brevet de sirop aromatisé et travaillait avec un fabricant de vin mousseux à Lons-le-Saunier,
relate Philippe Martin. Ainsi, germe l’idée de mêler « bulles et absinthe ». Néanmoins, la recette demeure à élaborer et celui qui a repris la distillerie en 2014 nous avoue avoir fait de multiples tests et essais pour trouver le bon dosage d’absinthe et de liqueur.
On a dû jouer un peu avec le sucre pour réguler l’amertume et le côté anisé de l’absinthe,
explique-t-il, en ajoutant avoir aussi découvert la méthode de fabrication d’un vin mousseux. Notamment l’étape du dégorgement par congélation pour retirer le dépôt de fermentation des bouteilles de vin mousseux. L’adjonction de l’absinthe se fait lors de la phase suivante, celle du dosage.
Après avoir établi le mélange adéquat, Philippe Martin s’est concentré sur le packaging et la recherche d’un nom pour ce nouveau produit. La législation autour de l’appellation « champagne » étant drastique, ceci ne fut pas évident. Finalement, c’est le nom de « la Féetillante » qui fut adopté. La première série de production s’élève à 600 bouteilles, mais Philippe Martin assure qu’une augmentation de la production est possible en cas de succès.
Je crois que c’est un produit parfait pour les beaux jours, les terrasses,
image-t-il. Et, la belle saison commence.
Diversité autour d’un produit
Depuis 2005 et la nouvelle légalisation de l’absinthe, se produit une véritable émulation autour de la fée verte. Liqueur, chocolats, sirop, « chips » et maintenant un vin mousseux sont élaborés avec « la bleue ».
Cela apporte une publicité pour l’absinthe,
reconnaît Philippe Martin. Bien qu’il souligne que l’objectif principal continue d’être la production d’absinthes de tradition, ces produits contribuent à faire connaître le distillat du Val-de-Travers.
Cet été, j’ai reçu des Suisses allemands désireux de découvrir nos produits uniquement car ils avaient dégusté des chocolats de chez Perrenoud à Fleurier,
évoque-t-il. Sa Féetillante est ainsi une autre façon de consommer l’absinthe, lors de moments où peut-être « troubler » convient moins.
Depuis toujours, le distillateur de Boveresse apprécie collaborer avec les différents acteurs régionaux, ainsi on peut se montrer surpris que le vin mousseux provienne de France voisine alors que dans le domaine, le savoir-faire de Mauler & Cie au Prieuré Saint-Pierre est plus que reconnu.
Cela s’est fait comme cela, car j’ai rencontré cette personne qui avait ses contacts là-bas. Mais si le succès est là, je pense déjà à m’approcher d’eux,
répond tout de suite Philippe Martin. Comme pour la Féetillante, l’appel est lancé.
Gabriel Risold