(2/2) Suite de l’article publié le 29 avril.
Arrête ton char !
Encore faut-il pouvoir restaurer
Avant de pouvoir mettre en avant ce patrimoine auprès du public, la grosse partie du travail est évidemment l’achat, la rénovation et l’entretien des fortins.
Actuellement, nous sommes en négociations pour acquérir le site de Môtiers qui comprend un bouclier pouvant accueillir une mitrailleuse et un canon. Il y a aussi des tranchées et des barrages antichars par exemple. Mais comme à chaque fois, nous devons l’acheter à l’armée et déposer des plans comme si on achetait une villa.
Une fois cette première bataille remportée pour chaque nouveau site découvert, la guerre est loin d’être définitivement gagnée.
Mais où sont cachés ces fortins ?
L’utilité de ces fortins était de freiner l’avancée ennemie durant 24 à 48 heures.
Pour tenir plus longtemps, il y avait pratiquement toujours deux fortins sur une même position, l’un protégeant l’autre et inversement.
Était-ce une tactique efficace ? Nous ne le saurons jamais, puisqu’aucune nation n’a osé violer la neutralité helvétique armée. En tout cas, cette stratégie « du doublon » a permis de retrouver un peu plus facilement certaines constructions une fois la menace de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre froide derrière nous.
Cette première étape coûte environ 5000 francs avec les différents frais qui s’ajoutent à l’achat du fortin en question. à ce moment-là, il faut encore remettre en état les ouvrages qui sont souvent dans un état déplorable. Il faut aussi les rééquiper et les agencer car il n’y a plus rien à l’intérieur. Parfois il reste un vieux téléphone si on a de la chance. Mais il faut réinstaller un canon dans celui-là ou une vieille machine à télégrammes dans celui-ci et ainsi de suite.
C’est ce volet de sécurisation et de remise en état qui coûte le plus cher. Actuellement, l’association a pris sous son aile deux fortins au Haut de la Tour mais elle n’a pas pu les restaurer faute de moyens.
Au bout du compte : la paix pour les fortins
Il faut 30’000 à 40’000 francs et on ne les a pas. Notre budget est de 10’000 à 15’000 francs par année et il permet uniquement d’entretenir les constructions déjà retapées. La solution viendra peut-être d’un don de la Loterie romande.
Une fois passée par tous ces obstacles, les ouvrages militaires bénéficient de la protection de l’association.
Ils sont considérés comme monuments historiques et ne peuvent plus être démolis. J’ai reçu cette décision il y a quelques jours pour ceux qui n’en bénéficiaient pas encore au Val-de-Travers. Le décret doit encore être signé par le Conseil d’état et ce sera bon.
Pour venir à bout de ce parcours du combattant, mieux vaut être brave comme un soldat et patient comme une sentinelle.
Kevin Vaucher