Art Môtiers 2026
Pour les artistes, les inspirations viennent en marchant
Les organisateurs d’Art Môtiers ont convié les artistes présélectionnés à une balade sur le parcours de la prochaine édition 2026, samedi dernier. Objectif : titiller la créativité et nourrir l’imaginaire des artistes dans l’élaboration de leurs futurs projets d’œuvres. Le Courrier du Val-de-Travers hebdo a eu l’opportunité de cheminer avec eux.
Samedi 5 octobre dernier, aux alentours de dix heures, un groupe d’une quarantaine de personnes se met en marche direction la place de la gare du village de Môtiers, futur lieu de départ du parcours d’Art Môtiers 2026, nouveau nom de Môtiers Art en plein air. Le but de la journée a été énoncé quelques minutes auparavant dans l’arrière-salle du café « À Côté » par le nouveau président de l’association, Emil Margot. « Il s’agit de vous présenter le parcours de la prochaine édition, de vous permettre de vous imprégner des lieux et de l’histoire du village et de la région », a-t-il déclaré aux artistes présents. « Les membres du comité sont présents pour toutes les questions possibles et inimaginables, et pour le plus possible réaliser votre volonté. » Le nouveau comité d’Art Môtiers a ainsi convié une soixantaine d’artistes, venus de toute la Suisse et présélectionnés parmi 300 potentiels candidats, à deux balades inspiratrices, dont la première s’est tenue le 28 septembre. « Un rapport de votre œuvre avec le lieu et son histoire sera une bonne chance d’être définitivement retenu », explique aux créateurs et créatrices, Jérôme Baratelli, membre du comité. Dès le départ de la gare en direction de la rue du Moulinet, nouveau sens de la visite, la partie historique et mémorielle est assurée par un guide môtisan de renom, Jean-Nat Karakash, qui rappelle la « fibre industrielle et horlogère de la vallée, malgré son cadre rural », la qualité d’ancien chef-lieu du district de Môtiers et évidemment l’histoire de l’absinthe, « élément de l’ADN de la vallée ».
« Laissez-vous rêver »
Rapidement, l’imagination des artistes est à l’œuvre. On photographie les maisons, les endroits susceptibles d’accueillir une sculpture, on prend des notes. « Dans ce champ, il y a la possibilité d’une œuvre massive », détaille Emil Margot, ajoutant que l’artiste Ben a occupé l’espace il y a quelques années.
« Laissez-vous rêver et nous surprendre », intime Jean-Nat Karakash à l’assistance. Le Bied de Môtiers attire les attentions, ce qui nécessite une précision. « Il ne faut pas penser que l’on peut investir le lit de la rivière impunément, car durant les trois mois de l’exposition, il y aura des risques d’orage », prévient-il, narrant un épisode d’une précédente édition où la sculpture d’une nageuse avait été emportée. Les artistes sont prévenus.
Précision presque similaire à la cascade qui émerveille l’assistance. « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’eau, mais en été elle peut être à sec. C’est à prendre en compte », indique Jean-Nat Karakash. Arrivés au Plat de Riaux, il est le moment d’aborder les questions financières. Pour cette 9e édition, le comité d’organisation a décidé de participer au financement des œuvres, à hauteur de 8 à 9000 francs par projet. « Pour le soutien du travail de création des artistes », relève-t-il, ajoutant que l’aide logistique et technique bénévole peut être, elle, très importante. Après ces questions, place à l’apéritif et à l’absinthe, dont l’histoire est narrée de long en large, et sa dégustation faite à la fontaine.
L’absinthe très inspirante
Le mythique breuvage impressionne et captive les artistes, à l’instar de deux jeunes femmes originaires de la Vallée de Joux. « C’est inspirant, cette histoire, la clandestinité, le rituel », avancent-elles. La nature environnante est aussi vectrice d’idées, ainsi un parterre de champignons est photographié à de nombreuses reprises. « La vallée est déjà riche en légendes, mais elle est prête à en accepter d’autres si vous voulez en inventer », annonce Jean-Nat Karakash aux artistes. Lors de la redescente vers Môtiers, deux artistes loclois se montrent admiratifs du concept. « Tout un village qui s’anime autour d’œuvres d’art, c’est génial », notent-ils, avouant être sensibles à l’important patrimoine. Leurs pistes de réflexions sont déjà nombreuses.
Le long du chemin de la Sourde et de la Grande Rue, les artistes apprécient les œuvres des précédentes éditions restées en place. Certaines maisons aussi captent leur attention et sont photographiées. Le passage devant quelques fontaines est l’occasion d’un dernier cours d’histoire sur le canton de Neuchâtel et l’origine de la fête qui leur est dédiée, le 12 septembre. Le passage par le parc Girardier est le moment des dernières notes et photos. « Ici, vous avez vraiment la place pour une œuvre monumentale », indique Emil Margot. La remarque a, semble-t-il, bien été entendue par certains. Les artistes auront jusqu’en décembre pour proposer leur idée au jury. Une quarantaine de projets sera retenue. Résultats de cette pérégrination à l’été 2026.
Gabriel Risold
Deux parcours et un « kit absinthe/sirop »
Pour sa prochaine édition, Art Môtiers mettra en place deux parcours distincts, un accessible à tous et l’autre non accessible aux personnes à mobilité réduite. Le premier restera dans le village, via la rue du Moulinet, le chemin de la Sourde et la Grande Rue et sera praticable en chaise roulante. Le second reprendra cet itinéraire, mais en y ajoutant la cascade et la montée au Plat de Riaux et sa redescente. Également, la traditionnelle buvette au Plat de Riaux sera déplacée pour des raisons de facilités logistiques à la cantine du stand de l’Abbaye de Môtiers. Pour les personnes ne pouvant suivre l’entier du parcours, des photos ou des vidéos des œuvres y seront visibles. Et afin de pouvoir troubler à la fontaine du Plat de Riaux, comme il se doit, un « kit absinthe ou sirop » sera proposé aux visiteurs.