Baby-foot
Hors de sa tanière, il devient vice-champion suisse
Que feriez-vous si vous aviez un père chef d’orchestre, qui fait valdinguer les notes de musique, d’un côté ? Et si de l’autre, vous aviez un frère qui fait voltiger les balles (de unihockey) comme un jongleur s’amuse avec ses massues ? Vincent Pianaro a trouvé la réponse à ce dilemme en devenant un expert du baby-foot. Sa voltige maîtrisée des balles et son jeu réglé comme du papier à musique ont fait de lui l’un des meilleurs joueurs du pays. Rencontre en tapant quelques balles…
Le problème avec un joueur comme Vincent Pianaro, c’est qu’il aurait vite fait de vous dégoûter du baby-foot si vous deviez l’affronter trop longtemps. Même s’il a rangé ses ambitions de titre mondial au placard, le trentenaire a gardé de beaux restes. Monté jusqu’à la 61e place mondiale sur table allemande (il en existe plusieurs sortes), le natif de Saint-Sulpice occupe toujours la 80e position aujourd’hui.
« Je vivais pour ça »
Plusieurs fois par semaine, il retrouve des amis et des amoureux du jeu dans un local situé à côté des Arcades, à Fleurier. C’est là qu’ils ont niché deux baby-foot pour s’entraîner et s’amuser ensemble. Rassurez-vous, il n’y a pas que des monstres comme lui si vous avez envie de passer taper la balle. D’ailleurs, l’un des plus gros soucis de Vincent est de trouver des adversaires à sa taille.
« Je devrais partir en Valais ou à Genève pour défier des opposants capables de me battre, et ainsi continuer à progresser, mais je suis passé à autre chose. À une époque, cette discipline représentait tout pour
moi, je vivais presque uniquement pour ça. »
Objectif champion du monde
C’est tellement vrai qu’il avait pour ambition de devenir champion du monde. Au final, il n’y est pas arrivé mais il en ressort quand même grandi d’un titre de vice-champion suisse en solo (catégorie semi-pro) et d’un titre de vice-champion suisse en double chez les débutants. Il existe trois catégories en fonction de votre niveau : débutant, amateur et open. L’open représente l’élite. C’est le niveau qu’il a atteint au fil des années. « Le problème, c’est que je suis obligé d’affronter des joueurs de mon statut si je veux gagner des points pour le classement mondial. Et c’est forcément plus difficile maintenant. »
La folle virée à Darmstadt
Pour mieux comprendre, prenons un exemple concret. « En tournoi, vous êtes éliminé dès que vous avez perdu deux parties. Il suffit de jouer le numéro un mondial puis le numéro 5 et vous avez toutes les chances de repartir à la maison », déploie-t-il. Parmi ses souvenirs de compétition, Vincent Pianaro se rappelle d’une folle virée à Darmstadt, en Allemagne. « Nous avions été massacrés en deux contre deux en compétition. Avec mon coéquipier, nous étions dégoûtés et nous ne voulions plus entendre parler de baby-foot. Nous étions alors sortis boire un verre et nous avons finalement passé notre soirée à jouer dans les bars de la ville. »
Comme il est sympa, il n’a jamais profité de son excellent niveau pour « racketter » les joueurs de bistrot.
Prime pour le champion du monde : 1000 francs
« Certains sont allés jusqu’à poser leur carte de crédit sur la table en pariant qu’ils me battaient. Mais j’ai refusé. » Loin des bars, sa passion pour le baby-foot s’est déclenchée… en études. Il jouait pendant les pauses de midi lorsqu’il était en formation au CPLN.
Puis direction la Tanière à Môtiers où se retrouvaient les meilleurs joueurs du Vallon. « C’est à ce moment que j’en suis devenu addict et que je m’entraînais 3 heures par jour en moyenne. Par la suite, je me suis rendu compte que cela n’allait pas payer mes factures. » Malgré le bon niveau qu’il a atteint, l’ingénieur en systèmes embarqués qu’il est n’a jamais gagné plus de 270 francs de prime. Le champion du monde reçoit, quant à lui,… 1000 francs. De quoi peut-être apaiser sa déception de ne pas avoir atteint le sommet mondial ?
Kevin Vaucher