Barrelet-Picard font les scouts
Pour leur quatrième exposition commune, le sculpteur môtisan Olivier D. Barrelet et la peintre néraouie Sabine Picard se sont mis au vert. Du 1er au 24 juillet, ils ont posé bagages, sculptures et peintures à la maison de la nature « la Noctule » à Champ-du-Moulin. Au bord de lʼeau et perdus au cœur de la forêt, les deux artistes sont dans leur élément respectif. Lʼeau pour elle, le bois pour lui. Nous avons fait une visite à ces deux « scouts dʼun jour » (ou de toujours ?).
Durant encore dix jours, Olivier D. Barrelet et Sabine Picard donnent à voir 80 sculptures et 51 peintures à la Noctule. Présents chaque jour sur place pour accueillir les visiteurs, ils livrent un bilan plutôt bon de la première partie de lʼexposition.
En neuf jours, plus de 400 personnes ont pris le temps de sʼintéresser à notre travail. Cʼest bien car, ici, au cœur de la nature, il y a beaucoup de randonneurs qui nous rendent visite,
brosse Sabine Picard. Autrement dit, ils ne sont a priori pas venus « se perdre » dans les gorges de lʼAreuse pour assister à une expo.
Sʼils rentrent, cʼest que nous avons réussi à les interpeller et à piquer leur curiosité. Dʼailleurs, ceux qui ressortent sont très heureux dʼavoir pris le temps de sʼarrêter vers nous. Il y a beaucoup de partages et de ressentis positifs par rapport à nos créations.
Arrivées « par hasard », reparties convaincues
On se sent reconnectées au vivant lorsquʼon a fait le tour de lʼexposition. Les poèmes qui accompagnent certaines œuvres sont aussi très parlants. Cʼétait un très bon moment,
me confirment rapidement deux amies venues marcher en forêt et arrivées là par hasard. Comme elles, la plupart des visiteurs découvrent lʼexposition une fois sur les sentiers. Dans ces conditions, il leur est difficile de repartir avec une sculpture, souvent imposante, ou une peinture, souvent délicate, sous le bras.
Pas de problème, il est tout à fait possible de réserver une création et de venir la chercher ensuite ou de se la faire envoyer. Une dame va dʼailleurs prochainement passer à lʼatelier dʼOlivier pour aller récupérer une œuvre,
rétorque la peintre.
Surpris en pleine sieste
En parlant du sculpteur môtisan, où est-il caché ? Aussitôt la question posée, le voilà qui déferle de la clairière ombragée, une mèche rebelle au vent.
Pardon Monsieur Vaucher, je faisais une petite sieste.
Comme un bon morceau de bois (je nʼai pas dit une vieille branche), un sculpteur prend parfois le temps de « reposer » avant de donner tout son éclat.
Le mélange de mon univers avec celui de Sabine crée un contraste intéressant. Les deux renvoient un message dʼamour et de fraternité. Cʼest le contre-pied de ce que nous voyons à la télévision, cʼest-à-dire de la haine et des guerres.
Pas de doute, lʼesprit du Môtisan est bel et bien (r)éveillé.
Besoin de reconnaissance et de partage
Si on arrive à toucher les gens, autrement, alors on aura gagné,
reprennent-ils en cœur. Puis lʼanxiété du sculpteur pointe le bout de son nez :
Bien sûr, jʼaimerais quʼon touche encore plus de visiteurs car cʼest la mission dʼun artiste. Jʼai besoin de davantage de retours des visiteurs pour pouvoir me dire que ce que jʼessaie de partager est compris. En exposant, je me rends vulnérable. Je suis comme ça, je mʼinquiète et je ne dors plus, jʼespère que nous aurons encore plus de passage dʼici au 24 juillet.
Sinon, il faudra se résoudre à prolonger la sieste pour récupérer les heures de sommeil perdues.
Kevin Vaucher