Bastien Jornod
De «cobaye» jusqu’au mondial d’Ironman à Hawaï!
Pour comprendre qui est une personne, il faut connaître sa trajectoire de vie. Celle de Bastien Jornod est unique. Ce Vallonnier de 31 ans est un sportif accompli. Plus jeune, il portait essentiellement l’équipement de hockeyeur. Puis, à 23 ans, sa trajectoire a pris un virage inattendu. Soucieux d’appliquer les leçons qu’il apprenait au Centre national du sport de Macolin, le Fleurisan s’est tourné vers le triathlon. Huit ans plus tard, sa transition réussie le mène jusqu’à Hawaï où il participera au mondial d’Ironman en octobre prochain.
Un coup d’œil sur Bastien Jornod conduit rapidement à une certitude : le jeune homme est en forme ! Comment on le voit ? Car il est affûté comme jamais, comme on dit dans le jargon sportif. Il semble loin le temps où le Fleurisan flirtait avec les bandes de hockey. Sa transition vers le triptyque natation - vélo - course à pied lui va comme un gant…
Jusqu’à 30 heures de sport par semaine
Le début de sa trajectoire a pris forme à Fleurier où il a grandi. Il a ensuite quitté le Vallon un moment, juste le temps de suivre avec succès des études en sport à Macolin. Bachelor, Master, HEP et le voici prof de sport au sein du Centre de formation professionnelle neuchâtelois (CPNE). Un emploi qu’il occupe à 70%. Idéal pour se perfectionner dans trois sports simultanément. « C’est énergivore ! Je passe en moyenne 20 heures par semaine à transpirer. » Cela peut même monter jusqu’à 30 heures lors des gros blocs de travail.
Une blessure « heureuse »
Mais pourquoi diable avoir porté son choix sur le triathlon ? « à 23 ans, je commençais mes études à Macolin. La science du sport me fascinait et j’ai voulu devenir mon propre cobaye. J’ai décidé d’appliquer sur moi ce que nous apprenions aux cours. » Son changement de carrure, au sens propre comme au sens figuré, n’a alors pas tardé. « La transition d’un sport à l’autre a été plutôt facile car je faisais déjà pas mal de vélo et de VTT. C’était plus compliqué de nager vite. » Presque « heureusement », Bastien Jornod s’est blessé durant cette transition, l’empêchant de faire du sport sauf… de la natation. « Je cumulais 15 à 20 bornes de nage par semaine. Cela m’a bien aidé. »
La fameuse première fois
Le « cobaye » vallonnier n’a pas de coach. Il planifie ses séances semaine par semaine tous les dimanches soir. L’athlète et le prof de sport ne font plus qu’un dans ces moments-là. Les résultats sont venus sous forme de pyramide. « J’ai d’abord participé aux triathlons courte distance de la région, regroupés dans le championnat jurassien. Je terminais entre la 10e et la 15e place. » De progrès en progrès, le triathlète a fini par remporter cette compétition en 2023. Il prend désormais part au circuit international d’Ironman. « Mon objectif principal était l’Ironman de Thoune en juillet. C’est la première fois que je me confrontais à la distance complète. »
Un voyage à 5000 ou 6000 francs
à savoir 3.8 kilomètres de natation, 180 bornes de vélo et 42.195 kilomètres de course à pied. « Sur de telles distances, tout peut vraiment se passer. Un seul petit problème peut mettre à mal des mois et des mois d’efforts à l’entraînement. » Il a passé la journée à transpirer et a franchi la ligne d’arrivée 9 h 28 après son départ. Résultat : vice-champion suisse de sa catégorie et billet pour le championnat du monde d’Hawaï en poche. Le voici quitte pour un voyage de 10 jours qui lui coûtera entre 5000 et 6000 francs. « C’est énorme mais c’est un grand aboutissement. Je recherche des sponsors qui voudraient bien m’aider financièrement en contrepartie d’un logo sur ma combinaison tri-fonction. » Et si c’était à nous d’aider le cobaye à réussir son expérience maintenant ?
Kevin Vaucher