Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Noël approche à grands pas. Et, avec cette fête, viendra invariablement le moment de s’asseoir autour d’une table, peut-être autour d’un feu de bois. En tout cas, chacun sera amené à raconter à tour de rôle ses petites histoires de l’année écoulée. Certaines drôles, d’autres banales et d’autres plus dramatiques. C’est selon ce schéma de prise de parole que les conteurs Begonia Velardi, Carinne de Martini et Jean-Pierre Carrel ont procédé, vendredi soir, au théâtre des Mascarons pour une « Errance dans l’étrange ». Il reste une place, asseyez-vous donc !
80 minutes d’émotions
Sans artifice, sans filtre et sans filet, les 70 spectateurs du soir sont passés d’un univers à l’autre avec plus ou moins de facilité. L’humour était présent mais par petites touches subtiles. Toute la place était dédiée aux émotions. Comme dans un repas de Noël, certaines « discussions intimistes » flirtaient parfois avec l’étrange. Jusqu’à y tomber la tête la première lorsqu’on entendit ces mots (en substance) : « Elle ferme la porte et lui coupe la tête. Elle l’aimait tellement qu’elle la planta alors aux côtés d’autres plantes de son jardin et commença à l’arroser chaque jour. » Remis dans leur contexte, et finement amenés, ces mots ont réussi à faire rire une partie du public alors qu’ils sont en soi plutôt effrayants. C’est là toute la magie des contes et de la façon de « bien raconter des histoires ».
Peut-on capturer la mort ?
Il y a aussi eu des moments plus profonds, comme ce jeune homme qui captura la mort dans un flacon pour protéger sa maman malade. Mais après son geste, le village s’est peu à peu éteint car les habitants mouraient de faim. De sorte qu’il finit par la libérer de son flacon. La mort lui dit alors ceci : « Tu sais, petit, je ne suis pas l’ennemi de la vie. Je suis son double. Un peu comme les deux faces d’une pièce. Sans moi, la vie n’existerait pas ! » Au fil de cette errance, le sujet de l’intelligence artificielle a également été posé sur la table de Noël. C’est un peu ce vieil oncle dont on aime bien se moquer. Qui se croit parfait alors qu’il a plein de défauts. Allez, à mon tour maintenant de m’essayer à l’étrange. Selon l’étude zurichoise « JAMES 2024 », un tiers des jeunes de 12 à 19 ans utilisent chaque semaine des outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT. Jusqu’où la fainéantise humaine poussera-t-elle à aller ? On fait un tour de table pour y répondre ?
Kevin Vaucher