Bobo Numbi
D’une usine minière au Congo jusqu’à La Côte-aux-Fées
Bobo Numbi a 52 ans et il vient d’être nommé en tant que nouveau pasteur de l’église évangélique libre de La Côte-aux-Fées. Absolument rien ne devait le mener jusqu’ici, lui qui a longtemps travaillé dans l’industrie minière de son pays : le Congo. Là-bas, il a notamment travaillé dans la plus grande église francophone du pays. Chaque culte regroupait quelque 3000 fidèles. Ici, il officie devant une cinquantaine de personnes en moyenne. Mais pas de quoi lui faire regretter son choix.
Autant vous préparer tout de suite, cet article va vous faire voyager dans plusieurs pays différents. Il va falloir vous accrocher à votre chaise et suivre le mouvement. Né dans un village du Congo, le jeune Bobo part rapidement faire des études dans la capitale. Il souhaite faire un master en droit. Mais il sait aussi qu’il doit se diversifier car le marché du travail est très instable. Le Congo étant un grand pays minier, il opte pour diverses formations dans le domaine.
Un défilé d’investisseurs
« À un moment, je me suis spécialisé dans l’évaluation des pierres précieuses car un riche homme d’affaires souhaitait créer une entreprise de transformation des diamants pour les envoyer vers Anvers et vers l’Inde. Mais il est décédé avant que son idée aboutisse. » Là-bas, les investisseurs arrivent et repartent à un rythme constant. Le plus difficile est de « monter dans le bon bateau ». Bobo Numbi lie ensuite son destin à des Sud-Africains et des Australiens. Il est envoyé plus à l’est du pays pour un nouveau projet lié à l’exploitation du cuivre et du cobalt. Cette expérience minière se transforma rapidement en une action beaucoup plus humaine.
En relation avec les chefs de villages
« Notre entreprise arrivait pour exploiter les terres des populations locales. Il fallait donc une personne pour gérer les relations avec les chefs de villages. C’est à moi qu’est revenue cette responsabilité. C’était assez difficile car la région était très reculée, sans eau ni électricité. En contrepartie de notre présence, nous avons apporté les soins médicaux aux villageois ainsi qu’un accès privilégié à l’eau. Nous avons tout fait pour les aider au maximum. » Il faut relever que Bobo a été plongé dans la spiritualité depuis tout jeune. À 13 ans, il faisait déjà la lecture de l’Évangile aux jeunes enfants. Plus tard, il a travaillé dans la plus grande église francophone du pays où 500 jeunes se déplaçaient chaque samedi.
Le pasteur suisse du Congo
Le pasteur qui assurait la cérémonie officiait devant 3000 fidèles et… c’était un Suisse. Le voici, peut-être, son premier lien avec la Suisse. Et la première fois qu’il a entendu parler de La Côte-aux-Fées, c’est lorsqu’une connaissance l’a prévenu que l’église évangélique libre du village recherchait un nouveau pasteur pour succéder à David Hoehn. « Mais comme j’étais très occupé par mes activités, je n’ai pas été très réceptif à cet appel. » Pendant ce temps, au village, sept candidats ont postulé pour le poste en jeu. Sans le savoir, une bonne âme œuvre pour lui à distance. « Une membre de l’église a affirmé que Dieu lui avait fait savoir que la bonne personne ne se trouvait pas dans ces candidatures et qu’il fallait être patient. »
Encore un petit détour par la Belgique et c’est bon
Et finalement, Bobo Numbi envoya sa candidature in extremis ! La suite de l’histoire était déjà presque écrite. Il est arrivé au Vallon
au mois d’août 2023 et il a été officiellement nommé pasteur le 22 septembre dernier.
Ses trois enfants et son épouse l’ont accompagné. « Cela a été un peu difficile pour les enfants au début. Ils vivaient à Liège depuis 2020 avec leur maman. C’est l’une des plus grandes villes du pays. Moi, je m’y suis installé en 2022 mais je faisais des allers-retours. J’ai notamment été envoyé en Afrique du Sud, dans un endroit très isolé, pour travailler dans le secteur minier. Je me dis aujourd’hui que c’était probablement pour me préparer à vivre ici, à La Côte-aux-Fées », rigole-t-il volontiers. Ainsi soit-il !
Kevin Vaucher