Boccia : des choix percutants
Le boccia-club Couvet doit faire face à une réalité : le manque de relève. Concurrencé aussi bien par la pétanque que d’autres sports plus valorisés, le seul club de boccia du Vallon ne baisse pourtant pas les bras. En ébullition permanente malgré son calme apparent, le président Lino Rota a plein d’idées pour redynamiser le club. L’arrivée de nouveaux tenanciers au restaurant jouxtant son « bocciodromo » va dans ce sens.
En ce mois de mai, il règne comme une certaine effervescence à la rue du pré-Jorat 6 à Couvet. Face à nous, deux bâtiments. La halle de boccia à droite avec deux pistes (et deux autres de pétanque) a retrouvé vie après des mois d’inactivité en raison du coronavirus. À gauche, le restaurant s’est refait une beauté tant dans la forme – décor et mise en place soignés – que dans le fond. En effet, des nouveaux tenanciers proposent une cuisine italienne sous l’appellation « La Terra del Salento ».
Ce qui fait notre force ? Des saveurs authentiquement italiennes dans l’assiette et pas uniquement dans le nom de l’établissement,
ironise Tiziano Peluso. C’est plein d’espoir qu’il a fêté l’inauguration le 1er mai dernier avec sa compagne Maria-Luisa Tottaro – patronne officielle de l’établissement – et le chef de cuisine italien.
Nouvelle dynamique sportive et culinaire
Une semaine plus tard, ils étaient autorisés à ouvrir leur terrasse tout en continuant les livraisons dont le démarrage a été très réussi.
C’est encourageant pour nous. On a déjà travaillé dans la restauration mais c’est la première fois qu’on ouvre notre propre établissement en Suisse. On va donc tout faire pour convaincre.
Les membres du boccia-club Couvet, qui sont évidemment restaurés par le couple italien, sont déjà convaincus. C’est d’ailleurs grâce à l’intermédiaire de différents joueurs de boccia de la région que Maria-Luisa et Tiziano ont été mis en relation avec Lino Rota. Le président du club covasson est tout heureux de l’arrivée des nouveaux tenanciers.
J’ai repris le club il y a deux ans et depuis je me bats pour dynamiser son environnement au maximum. La cinquantaine de membres est vieillissante et n’aspire plus forcément à prendre des responsabilités.
Pour être clair, le club n’existerait plus s’il n’avait pas accepté de succéder à Robertino Rossi. Une certaine stabilité financière est assurée par la trentaine de sponsors et par la location de la moitié de la halle au club de pétanque. Ce qui permet de dégager un budget d’environ 10’000 francs.
Avant, on avait quatre pistes de boccia mais on a diminué de moitié par manque de jeunes pour compléter notre effectif.
L’ancien président gagne le premier tournoi
La relève des jeux de boules préfère se tourner majoritairement vers la pétanque car plus accessible peut-être.
C’est sûr qu’il faut un certain niveau sportif pour lancer des boules de 900 grammes sur des pistes longues de 26.5 mètres. Il faut aussi pouvoir avoir accès à des pistes tout bêtement.
Dans le canton, il y en a uniquement deux à Couvet, deux à Neuchâtel et deux autres à La Chaux-de-Fonds. Il y en avait aussi à Cortaillod mais elles ont été transformées en pistes de…pétanque.
Le fait qu’il y ait un nombre élevé de règles à la boccia peut aussi en décourager certains de commencer.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé pour le club de Couvet qui a gracieusement accueilli les élèves du Vallon durant deux ans.
Avec aucune retombée concrète ni grande considération de la commune malheureusement,
déplore-t-il. Ce sport est peu considéré en Suisse romande par rapport au Tessin par exemple où il y a encore 10’000 à 15’000 licenciés. Ils sont une cinquantaine seulement dans le canton de Neuchâtel. Durant une année « normale », différents tournois sont organisés en individuel, en doublette et en triplette. Bonne nouvelle, un premier tournoi depuis très longtemps a pu se dérouler la semaine passée au « bocciodromo » de Couvet. C’est l’ancien président du club Robertino Rossi (Neuchâtel) qui a battu Remo Ferrari (Couvet) en finale.
Le 22 mai, grande bataille en vue à Couvet
Touché à une épaule, Lino Rota s’est tout de même qualifié pour les demi-finales bien qu’il n’ait plus rien à prouver avec ses multiples titres dont 17 trophées de champion romand.
C’était une bonne mise en jambes avant notre habituel tournoi national (le serti diam’s) du 22 mai.
Un prize money plus conséquent, une soixantaine d’équipes venues de toute la Suisse et de grosses pointures sont attendues au Val-de-Travers. C’est en faisant de bons résultats en tournoi que les joueurs peuvent marquer des points et grimper dans la hiérarchie helvétique.
En parlant de prize money, il faut savoir qu’on gagnait des petits lingots d’or avant. Quelque chose comme dix grammes pour le premier, cinq pour le deuxième et ainsi de suite,
explique avec une passion qui se ressent dans chaque mot celui qui joue à la boccia depuis petit.
Une ferveur que l’on retrouve aussi dans les paroles de certaines femmes. Alors oui, elles sont peu nombreuses mais elles sont parfaitement acceptées dans cet univers masculin. C’est notamment le cas de Corinne Umgaro qui a commencé ce sport il y a quinze ans et qui s’entraîne toujours trois fois par semaine.
Un jour, j’ai suivi mon mari Vincenzo au bocciodromo et j’ai mis le pied à l’étrier. J’étais la seule femme licenciée dans le canton de Neuchâtel et maintenant que je joue à Corgémont, je suis la seule femme sur le canton de Berne.
Son abnégation l’a amenée à la troisième place du championnat suisse féminin il y a cinq ans. Une source d’inspiration pour les jeunes filles ?
Kevin Vaucher