Bon œil sur la céramique
Année après année, le succès de la formule de l’atelier de céramique du Val-de-Travers ne se dément pas ! À savoir trois semaines d’exposition-vente durant le mois de décembre pour permettre aux Vallonniers de découvrir son travail tout en écoulant le stock de pièces créées durant les mois précédents. Et au vu de la fréquentation enregistrée depuis le 4 décembre, il y aura encore de la céramique sous le sapin cette année. Et sans doute quelques tableaux également. Comme c’est aussi de coutume, l’atelier a offert une vitrine à une artiste de la région et c’est la peintre Sabina Radicchi-Huguenin qui a eu cet honneur en 2021. Parfait pour nourrir le regard extérieur et intérieur des visiteurs !
C’est pas compliqué, on a eu du monde tous les jours d’ouverture sauf la fameuse journée où il a neigé tout ce qui pouvait. Les gens ont évité de trop se déplacer ce jour-là,
dressent sous forme de bilan les complices Patricia Schick et Marie-France Bitz. Les personnes qui aiment prendre leur temps avant de se décider peuvent encore se rendre à l’atelier de céramique de la rue de l’Industrie 16A à Fleurier aujourd hui et demain (entre 14 h et 18 h 30). Après ce sera trop tard. Quoique ?
Chaque année, on reçoit encore des coups de téléphone les 24 et 25 décembre pour des cadeaux de dernière minute.
Une tradition presque aussi immuable que leur expo de Noël qu’elles organisaient déjà dans leurs anciens locaux de Môtiers et de Couvet. Voilà 27 ans que ça dure !
La teinte couleur d’eau a la cote
Ça fait déjà presque 30 ans que je la supporte, rendez-vous compte,
balance Marie-France.
Et moi, qu’est-ce que je devrais dire alors,
renvoie aussitôt Patricia dans une complicité éclatante. En tout cas, leur duo fonctionne parfaitement pour ce qui est de la céramique et elles ont à nouveau tapé dans le mille pour ce qui est des nouveautés 2021.
On a choisi de partir sur des teintes gris-vert couleur eau et c’est ce qui est parti le plus vite. On a aussi travaillé sur l’intégration de miroirs et ça a surpris en bien nos visiteurs donc c’est une très bonne chose pour nous.
Parmi ceux-ci, beaucoup de fidèles qui reviennent édition après édition. Mais aussi pas mal de nouvelles têtes et de nouvelles demandes à satisfaire.
Les clients réguliers drainent d’autres personnes avec eux et la base s’agrandit de plus en plus. Certains achètent toute leur vaisselle chez nous et d’autres en profitent pour faire leurs cadeaux pour les fêtes de fin d’année. à cette période, il faut être là. Nous on travaille toute l’année pour ces trois semaines d’ouverture. On participe évidemment à d’autres petits événements mais celui-là est largement le plus important.
Et elles ne se contentent pas d’être là, elles offrent aussi la possibilité à une autre personne de mettre en avant son travail.
Pour habiller nos céramiques, on propose à un créateur ou à une créatrice d’afficher ses réalisations aux murs ou sur d’autres espaces.
Ce fut notamment le cas des bijoux d’Ylona Mordasini par le passé mais aussi des vins du Domaine Christalain de Boudry.
Aller au-delà des enveloppes !
Cette fois, le choix s’est porté sur la peintre chaux-de-fonnière Sabina Radicchi-Huguenin. Cette peintre autodidacte pratique depuis deux décennies sur son temps libre.
Ce n’est pas mon activité principale mais le plaisir d’exposer est le même. C’est la première fois que je partais sur une thématique liée à une tranche d’âge : l’adolescence féminine. Simplement parce que j’avais parfois l’impression de ne plus comprendre mes deux filles à la maison et j’ai voulu créer à partir de cela.
L’exploration de l’humain et de ses ressentis, au-delà de ses propres enveloppes, la fascine. C’est ce qu’elle cherche à mettre en couleurs sur ses peintures.
Sur les tableaux que je présente à cette expo, j’ai utilisé des teintes très pop et fluorescentes. Ça peut déranger comme ça peut apaiser mais au moins ça interpelle !
Et sans qu’elle ne sache comment l’expliquer, ce sont surtout les personnes âgées qui amorcent le dialogue avec elle pour lui demander des renseignements sur ses œuvres.
Chacun est libre de réagir comme il le veut à mes tableaux, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise lecture. Moi-même je n’ai pas vraiment d’intention quand je peins.
Du coup de cœur à l’instantané des émotions
Sabina peint l’instantané, comme le photographe immortalise ce qui se passe sous ses yeux à un moment X. C’est seulement après que cela vibre d’une façon plus ou moins prononcée chez elle.
C’est pareil pour les visiteurs. Certains voient de l’agressivité ou de la tristesse sur une toile alors que d’autres peuvent y déceler de la joie par exemple. Je fais surtout mes tableaux pour partager des émotions, je joue donc passablement sur les regards et les expressions.
Dans cet ère du port du masque généralisé, notre rapport au regard a évolué. Beaucoup de choses passent par lui désormais.
Finalement, j’ai également représenté en peintures la notion d’équilibre. L’adolescence est un passage crucial dans lequel chacun doit trouver son équilibre alors que tout le bouscule et évolue très vite autour de lui.
Si elle n’a aucune intention au moment où elle peint, Sabina Radicchi-Huguenin sait parfaitement bien faire parler ses créations et susciter la réflexion. De quoi agiter le regard intérieur après que la céramique a épaté le regard extérieur !
Kevin Vaucher