Calendrier, sapin, décorations
D’où sortent nos traditions de Noël ?
Comme chaque année à l’approche de Noël, les décorations fleurissent dans les rues et sur les maisons (voir notre article sur le couple Orsat). Des sapins de Noël passent de la forêt à la ville et illuminent les festivités de nombreuses familles. Et puis, pour patienter, enfants comme adultes ont les calendriers de l’Avent pour tenir jusqu’au jour J. Rien de nouveau vous allez me dire. Oui, c’est vrai. Mais savez-vous d’où viennent toutes ces traditions, appliquées génération après génération ?
Pour ceux qui ne le savent pas, l’Avent est la période qui précède Noël. Elle commence le quatrième dimanche précédant la célébration de la naissance du Christ, selon la tradition chrétienne. Ce sont les Allemands qui sont à l’origine du bien connu calendrier de l’Avent. Cette coutume s’est forgée au 19e siècle. On était encore très loin de ce qu’on trouve aujourd’hui en magasin. Au début, on disposait quatre bougies, rouges ou blanches, sur une couronne de bois. Elle était parfois recouverte de houx et rappelait la couronne d’épines du Christ.
L’apparition des fenêtres
Les quatre bougies étaient alors allumées chaque dimanche avant Noël pour symboliser son avènement. Quatre semaines donc quatre bougies, le compte est bon ! Et puis, des bougies plus petites ont petit à petit complété la couronne afin de les allumer les autres jours de la semaine. Par ailleurs, chaque matin de l’Avent, les parents donnaient des images comportant des extraits de l’Ancien Testament à leurs enfants. Ils devaient les apprendre par cœur. Suivant cette dynamique, le calendrier de l’Avent que l’on connaît aujourd’hui est apparu en Allemagne dans la seconde moitié du 19e siècle. Une petite fenêtre par jour à ouvrir qui dévoile une image religieuse. D’abord élaborés dans chaque foyer, les calendriers vont ensuite être commercialisés à large échelle.
Commercialisation à grande échelle et objet marketing
C’est l’éditeur munichois Gerhard Lang qui a l’idée d’imprimer et de commercialiser des calendriers de l’Avent à partir de 1908. Des petites figurines et des cadeaux ont bientôt remplacé les images pieuses. Après la Deuxième Guerre mondiale, cette tradition se répand dans le monde entier. Les chocolats prennent place dans les petites fenêtres dès 1958. Aujourd’hui, de nombreuses marques ont repris le concept à leur compte. Ces 24 fenêtres sont l’occasion pour elles de faire tester une large gamme de leurs produits à leurs clients tout en créant un lien fort, lié à Noël. C’est donc essentiellement devenu un objet marketing dans les commerces.
Le sapin de pommes rouges du paradis
Le sapin de Noël et ses décorations ont une histoire bien plus ancienne encore que celle des calendriers. La coutume qui consiste à utiliser des branchages verts pour orner les maisons durant la période hivernale est un usage païen intégré aux fêtes chrétiennes au 7e siècle. Quatre siècles plus tard, on présentait des scènes, appelées Mystères, durant la période de l’Avent. L’une de ces scènes était celle dite du paradis. Un sapin garni de pommes rouges symbolisait alors l’arbre du paradis. En Europe, les premières traces écrites évoquant une décoration de sapin de Noël remonte à 1510. Cela se passait en Lettonie où une guilde (association) de marchands décorait un arbre avec des fleurs séchées et des rubans avant de lui… mettre le feu.
Le rôle des protestants
Cela avait pour but de vivre un moment solennel sur la place du village. La notion de communion était donc bien présente. Plus près de chez nous, le premier arbre de Noël « contemporain » est apparu en Alsace. On en trouve trace sur les livres de comptes de la ville de Sélestat en 1521. Cet arbre n’avait encore aucune lumière. Son usage se répandit énormément à l’époque de la réforme, chez les protestants. Ils voulaient ainsi se distancer des catholiques et de leurs crèches de Noël. Cette tradition s’est donc répandue avec le protestantisme en Europe et en Scandinavie notamment. En France, c’est à Versailles que fut introduit le premier arbre de Noël par la femme de Louis XV, d’origine polonaise. En Grande-Bretagne, le prince Albert (époux de la reine Victoria), d’origine allemande, fit de même en dressant un sapin de Noël au château de Windsor (1841). Cette « mode » a fait comme une traînée de poudre chez la bourgeoisie d’abord avant d’atteindre les gens du peuple.
Kevin Vaucher