Caroline Hills
Découvrez l’envers du décor du film tourné au Val-de-Travers
Pour beaucoup, un film se résume à ce qu’on voit à l’écran ! Confortablement posé sur son canapé, il est facile de penser que le caméraman envoie ses images à l’équipe de montage qui n’a plus qu’à additionner chaque prise pour donner vie à une histoire. En réalité, il n’en est rien, un impressionnant et très long travail de traitement d’images est nécessaire avant même de pouvoir penser au montage. C’est ce qu’on appelle la postproduction. Le Courrier vous éclaire !
Le film Caroline Hills est actuellement en pleine phase de tournage. Son réalisateur José Luis Segura n’est pas pour autant au bout de ses peines et de son travail. Outre la suite des prises, qui auront lieu dans les semaines à venir, il s’occupe également de tout le travail de postproduction. Un job énergivore qu’il fait en parallèle des tournages dans l’espoir de sortir le film d’ici à la fin de l’année en cours. Le Courrier vous en dira bientôt un peu plus là-dessus également…
La colorimétrie : ce qui donne « la couleur » du film !
Pour l’heure, revenons-en à notre postproduction. Une fois qu’une scène du film est tournée, les images finissent sur l’ordinateur du réalisateur. Enfin, vu le gigantisme poids des données collectées, on parle plutôt ici de plusieurs disques dur. « Bien que nous soyons seulement au 60% du film, nous avons déjà 1.2 terra de données. C’est énorme ! On va atteindre les 3 à 4 terra lorsque toutes les images seront dans la boîte. » Une fois que les images sont stockées, il peut travailler dessus grâce à différents logiciels dont Da Vinci. L’une des premières choses à faire est de gérer la colorimétrie. Vous ne le savez peut-être pas mais les images qui sont captées ne sont jamais celles qui sont diffusées à l’écran. On donne à chaque film une « ambiance de couleurs » pour lui donner une âme et influer sur l’état d’esprit du téléspectateur.
Tourner de jour et créer un effet nuit, l’une des « tricheries » du cinéma
Pour Caroline Hills, la colorimétrie est plutôt jaune bleutée. « Le but est de donner un aspect automnal chaleureux mais aussi un aspect plus froid, plus sombre et plus inquiétant. » Cette dichotomie crée un déséquilibre qui plonge le public dans l’angoisse, l’inconfort et le malaise. Parfaitement dans le ton du film ! Pour donner cette couleur au film, il ne suffit pas de donner une autre teinte aux images. « Ce n’est pas un filtre qu’on appliquerait à l’image, je procède avec un logiciel professionnel où je peux ajuster différents curseurs. Je règle la balance, je joue avec le contraste, je corrige le grain, j’ajuste la saturation et je bouge les courbes de températures par exemple. » Cet outil est si sophistiqué qu’il permet en quelques clics de créer un faux effet de nuit. « C’est très facile à faire. Certains films avec beaucoup de scènes de nuit sont tournés en plein jour en réalité. »
Pourquoi un fond vert et pas rouge ou noir ?
L’une des autres astuces de la postproduction est l’utilisation du fond vert. Tourner une scène avec un fond vert – couleur Courrier – permet ensuite d’incruster ce qu’on veut en arrière-plan. Pourquoi le vert et pas le rouge par exemple ? « Parce que le vert est la couleur la moins utilisée pour nos vêtements et la moins présente naturellement dans la vie. Lorsqu’on utilise le keylight – l’outil pour modifier l’arrière-plan –, il supprime tous les pigments verts de l’image. C’est donc important qu’il y en ait le moins possible sur ce qu’on veut garder à l’écran. Avec le rouge, cela rendrait invisible ceux qui ont le grain de peau rougeâtre notamment. Avec le noir, cela supprimerait les cheveux foncés et les ombres sur le visage. » Médias et cinéma, même combat : il n’y a rien de tel que le vert…
Kevin Vaucher
À quoi sert le « clap » au début d’une scène ?
Le geste est tellement entré dans les mœurs qu’on y fait même plus attention. Chacun a déjà vu le « clap » qui débute chaque prise de vue. Mais savez-vous seulement pourquoi il est utilisé ? Car en plus d’être emblématique, c’est surtout utile. Lors du tournage d’une scène, il y a deux enregistrements : celui de la caméra et celui du micro (le son de la caméra, peu qualitatif, est jamais utilisé). Faire un « clap » permet de synchroniser très exactement le son et l’image lors du montage grâce au geste sur les images et à la fréquence sur la bande son.