Célia Sapart
Une femme au carrefour du changement climatique !
Célia Sapart est une femme d’action. C’est surtout une scientifique qui a multiplié les missions polaires sur le terrain. Derrière elle, se cachent aussi 13 années de recherches académiques, dans différentes universités du monde et un rôle d’experte auprès du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Dès la semaine prochaine, elle assurera une chronique mensuelle dans le Courrier. Présentation !
L’amour de la nature, c’est de son papa qu’elle le tire. « C’est lui qui nous a fait découvrir les océans et qui m’a donné l’envie de creuser ce domaine durant ma jeunesse », décrit Célia Sapart. Cette Vallonnière se prend alors de passion pour des émissions comme Thalassa. « Je rêvais de devenir la Cousteau au féminin », rigole-t-elle volontiers. En 2001, la femme de 42 ans n’a pas hésité à partir à Bordeau afin d’y suivre des études en océanographie. Elle découvre le terrain peu de temps après lors d’une mission de six mois en Alaska.
Sur un site de forage au Groenland
« J’ai toujours été fascinée par la possibilité de raconter l’histoire de notre humanité et de notre climat en observant notre environnement. Mon truc, c’était de mesurer l’impact de l’humain sur l’évolution du climat. » Après un master international sur les changements climatiques en Angleterre, elle a eu l’occasion d’approfondir pour le moins cette question lors d’une thèse doctorale, débutée aux Pays-Bas et poursuivie sur un site de forage au sommet du Groenland ! Là-bas, elle a reconstruit méticuleusement l’influence de l’activité humaine sur le climat lors des 2000 dernières années. Son entêtement à comprendre le passé, pour mieux affronter l’avenir, l’a ensuite propulsée plus au Nord où elle a traversé l’océan Arctique par le passage Est. « C’était incroyable et ce ne serait plus possible de le faire aujourd’hui au vu des tensions géopolitiques actuelles. »
En pleine dérive, de nuit, au cœur de l’Antarctique
C’est en 2017 que Célia Sapart a débuté, d’abord dans sa tête, son « virage professionnel ». « J’ai navigué autour de l’Antarctique durant trois mois sur un gros brise-glace américain, pendant l’hiver austral. Le but était de comprendre comment la banquise était affectée par l’activité humaine. Même à cet endroit, si loin de toute civilisation, la situation était critique. » Cette mission reste la plus compliquée vécue par la Vallonnière qui a bien cru qu’elle n’en reviendrait jamais, compte tenu des conditions de glace difficiles. « Un soir, nous avons été bloqués au milieu de la glace sur un zodiac. Nous dérivions de plus en plus loin de notre brise-glace à travers la nuit et le vent glacial. J’ai eu très peur et cela m’a fait réfléchir à comment mon travail pouvait réellement aider à résoudre la crise climatique. » La naissance de son fils lui a alors servi de socle à un changement.
Au carrefour du problème
« Avec un enfant à élever, on se questionne forcément sur l’avenir. D’accord, j’écrivais des articles scientifiques. Mais combien les lisaient ? Dix personnes ? Cent personnes ? L’urgence climatique impose des changements drastiques et urgents et je ne me sentais plus à la bonne place dans mon labo. » Voilà pourquoi elle a rejoint l’organisation européenne CO2 Value Europe en tant que directrice scientifique (2020). Son objectif est d’agir sur les causes concrètes du réchauffement climatique en poussant les industries les plus polluantes à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre tout en défossilisant l’industrie (limiter les carburants fossiles). Désormais située au carrefour de l’action climatique, Célia Sapart peut ainsi interagir avec les industriels et les politiciens. « Heureusement, en Europe, on a passé plus ou moins le stade de les convaincre qu’il y a un réchauffement climatique. Maintenant, on tente de les convaincre de prendre des mesures adaptées et efficaces pour le combattre. » Vaste domaine…
Kevin Vaucher
Nouvelle chroniqueuse au Courrier
Bien qu’elle conserve un poste à Bruxelles, loin du Val-de-Travers, Célia Sapart est revenue habiter à Môtiers après un exil de 22 ans. Soucieuse d’apporter des réponses aux questions climatiques, jusque dans les régions, elle a accepté de vous fournir des éléments concrets sur vos interrogations. Elle interviendra une fois par mois dans notre journal. « Par ici, le poids des traditions est encore bien ancré. Et c’est tant mieux ! Cela a du bon. Mais notre environnement et notre climat changent à toute vitesse et nous devons agir au plus vite pour limiter les dégâts et apprendre à nous adapter. C’est pourquoi je compte apporter des informations et des solutions concrètes, basées sur les connaissances scientifiques et mes expériences de terrain. » Bienvenue à elle !