Cercle scolaire du Val-de-Travers
Après 10 mois, halterego démontre toute son utilité
Le 11 janvier dernier, le Cercle scolaire du Val-de-Travers inaugurait sa classe de scolarité alternée, nommée halterego. Après dix mois de fonctionnement, point de situation avec Jean-Claude Othenin-Girard, codirecteur du Cercle scolaire et Amandine Vuille, éducatrice de la structure.
Halterego, la classe de scolarité alternée mise sur pied par le Cercle scolaire du Val-de-Travers, ou École Jean-Jacques Rousseau (EJJR), aborde la fin de son deuxième semestre d’existence. Novatrice au niveau cantonal, bénéficiant d’un suivi de l’Université de Neuchâtel, la structure et son équipe, une enseignante spécialisée et deux éducatrices sociales, ne sont pas encore en mesure de tirer un bilan, mais un premier point de situation, oui. « Nous constatons que cet encadrement spécifique répond à un vrai besoin », relève Jean-Claude Othenin-Girard, codirecteur de l’EJJR et responsable des cycles 1 et 2, en ajoutant qu’une des craintes primitives était le nombre d’élèves pouvant être concernés.
Pour rappel, la structure se veut être un dispositif pour les enfants présentant des difficultés comportementales ou socio-émotionnelles ou ne parvenant plus à mobiliser leurs compétences sociales et scolaires, et dans l’objectif de réintégrer leur classe régulière. « Un nouvel environnement où l’élève peut travailler sur sa confiance en lui et développer de nouvelles compétences », complète le codirecteur de l’EJJR. La première volée d’halterego, six enfants au cours du semestre de printemps 2023, a débouché sur des satisfactions, cinq étant revenus dans leur classe respective à la rentrée d’août. Le nouvel outil du Cercle scolaire n’a par contre pas pu répondre totalement aux besoins d’un élève.
Moments essentiels
Une deuxième volée de cinq élèves (ndlr : la structure peut en accueillir six) a débuté le semestre actuel au sein d’halterego et déjà l’équipe de la structure a un œil plus aiguisé sur la méthode à adopter. « Au départ, il s’agit de créer un lien avec l’élève et comprendre ses comportements », note l’éducatrice sociale, Amandine Vuille. « Il faut ensuite agir en proposant des outils ou techniques pour améliorer la gestion de la colère, de la frustration et répondre pacifiquement aux provocations ». Une attention particulière est donnée aux enfants présentant un trouble neuro-développemental et qui doivent trouver des stratégies pour composer avec leurs sensibilités et difficultés.
L’éducatrice souligne le fait que les moments semblant, au préalable, accessoires au travail pédagogique se révèlent tout aussi essentiels. « Les repas, où les élèves imaginent, sous notre supervision, les menus, font les courses et cuisinent sont centraux », explique-t-elle. « Ils se responsabilisent face au quotidien. Ces progrès dans leurs choix et actes sont pour eux une fierté ». Également, l’équithérapie, en lien avec les écuries du Haut-Vallon, est « une belle et grande découverte », tant le contact avec l’animal apporte d’autres volets pour aborder la gestion de son comportement.
Des exercices parfois ardus pour les enfants mais qui débouchent sur une certaine fierté. Et, depuis septembre, de la médiation animale avec un chien est développée par l’enseignante spécialisée, Laure Reinhard. Ces activités se révèlent aussi des biais pour travailler l’apprentissage scolaire.
Perception « pas claire »
Les six premiers mois d’activité ont également permis à la direction de l’EJJR d’établir certains constats, et notamment celui qu’un passage au sein d’halterego nécessitait d’impliquer l’ensemble des parties, à savoir l’équipe de la structure, les enseignants, les classes et les parents des élèves concernés. Amandine Vuille remarque que parfois le retour à l’école (ndlr : les élèves retournant deux jours par semaine dans leur classe habituelle) reste fragile. « La collaboration entre tous les acteurs est primordiale pour aller vers une école qui veut insérer l’élève dans la société », constate Jean-Claude Othenin-Girard, en saluant l’investissement des enseignants titulaires des élèves bénéficiant de la structure.
Lorsque nos deux interlocuteurs dressent un premier bilan de ce projet novateur de scolarité alternée, ils ne peuvent passer outre les échos désobligeants et critiques entendues, comme par exemple, « école de fous » ou « maison de redressement ». Le fait que la classe soit située aux Bayards, ainsi que son coût d’investissement ont aussi alimenté le débat. « Oui cela a clairement un coût mais en rapport à son gain pédagogique et sociétal, cet instrument le vaut largement », estime le codirecteur du Cercle scolaire. Le choix des Bayards se justifie par une césure temporaire pour l’élève avec l’environnement scolaire. Amandine Vuille et Jean-Claude Othenin-Girard regrettent ces opinions qui résultent d’une « image projetée pas claire » et d’une méconnaissance des pratiques et des activités de la classe halterego.
Gabriel Risold
Épisodes à venir
L’EJJR bénéficie de nombreux « espaces ressources » sur le plan pédagogique et éducatif pour une école à visée inclusive, comme les classes Passer’Ailes. Ainsi, le Courrier du Val-de-Travers hebdo suivra périodiquement, durant l’année à venir, la classe halterego, afin de montrer l’étendue du projet porté par l’EJJR et la Commune de Val-de-Travers.