Cercle scolaire du Val-de-Travers
Passer’Ailes : « coup de pouce » et « bouffée d’oxygène » pédagogiques
L’an dernier, le Cercle scolaire du Val-de-Travers innovait en créant une classe de scolarité alternée, Halterego, mais celle-ci n’est pas son unique « espace ressource ». Depuis 2010, la classe Passer’Ailes constitue une structure pédagogique essentielle pour les élèves en difficulté scolaire.
Dans son édition du 2 novembre dernier, le Courrier du Val-de-Travers hebdo indiquait qu’il se pencherait lors des prochains mois sur les différentes structures « ressources » du Cercle scolaire du Val-de-Travers, dont la classe Halterego est la dernière en date. Cependant, en 2010, le Cercle scolaire était déjà à l’avant-garde lorsque, sous l’impulsion du conseiller communal en charge de l’enseignement d’alors, Claude-Alain Kleiner, il créait la classe Passer’Ailes afin d’aider et d’accompagner les élèves rencontrant des difficultés globales d’apprentissage. Une première, à l’époque, dans le canton.
« Cette structure permet un travail individualisé selon les besoins de l’élève pour éviter un décrochage complet par rapport à sa classe régulière », précise Jean-Claude Othenin-Girard, directeur adjoint de l’École Jean-Jacques Rousseau (JJR), responsable du cycle 2. Depuis quatorze ans, Passer’Ailes a démontré son utilité et une classe Passer’Ailes 2 a été mise en place, pour les niveaux de 7e et 8e années, ainsi que des espaces ressources pour les niveaux supérieurs. Actuellement, 10 élèves bénéficient de l’accompagnement spécialisé de Passer’Ailes 1 et 8 de Passer’Ailes 2.
Approche personnalisée
Selon Marion Messerli, enseignante spécialisée en charge de Passer’Ailes 2, aucun profil type n’existe pour les élèves nécessitant cette aide. « Les difficultés sont principalement pédagogiques liées à des troubles de l’apprentissage, mais elles peuvent être aussi sociales ou comportementales, avec parfois des parcours personnels complexes », explique-t-elle, en ajoutant que dans certains cas, ces problèmes sont reliés, l’un découlant de l’autre. Responsable de Passer’Ailes 1, soit les niveaux 5e et 6e, Julie Pipoz note que l’effectif réduit de ces classes permet une approche plus personnalisée, adaptée à l’élève. « Nous travaillons sur ses besoins, son vécu, ses émotions et aussi sur son estime de soi », détaille-t-elle.
L’effectif réduit offre aussi aux deux enseignantes la possibilité de s’écarter du programme avec des outils et des pratiques pédagogiques différentes, ateliers ou jeux. Marion Messerli cite l’exemple de la préparation d’une recette de cuisine, où français, lecture, mathématiques et algèbre seront mobilisés. « Il s’agit de donner du sens aux apprentissages. Qu’est-ce qu’on apprend et pourquoi », évoque-t-elle. Des interrogations sans réponse pour des élèves avant d’intégrer Passer’Ailes. « Pour certains, cette classe est une bouffée d’oxygène », avoue Julie Pipoz, précisant que la situation d’échec est intimement difficile face à la comparaison avec les camarades. Toutefois, le lien avec la classe régulière est constant puisque les élèves suivent Passer’Ailes 1 trois matins par semaine et un à quatre matins pour la classe 2.
« Outil porteur d’espoir »
Les deux enseignantes spécialisées apprécient cette collaboration avec les enseignants titulaires qui permet un échange régulier au sujet de l’élève et d’évaluer ses écueils et ses progrès. « C’est une plus-value pour l’élève, le titulaire et nous », relèvent-elles, en ajoutant que la participation à la vie de classe est importante. Également, la relation avec les parents est essentielle, car le décrochage scolaire a des répercussions sur la sphère familiale. Généralement, le passage au sein de Passer’Ailes est bien accepté et les deux enseignantes se veulent disponibles. « Au final, c’est un outil porteur d’espoir qui permet la compréhension des difficultés et de rassurer les parents », estiment les deux enseignantes, en ajoutant qu’il ne faut pas voir l’échec ou la difficulté scolaire comme un échec de vie définitif.
De plus, la mise en place de Passer’Ailes 2 et de la classe ressource offre une continuité dans l’accompagnement de ces élèves. « Désormais, un élève peut être aidé jusqu’à la fin de sa scolarité », avance Jean-Claude Othenin-Girard, qui reconnaît qu’il est compliqué de dresser un bilan de la structure. « Si l’élève ‹ raccroche au wagon › c’est parfait, mais s’il retrouve juste le sourire et le plaisir d’aller en classe, c’est déjà un succès », avoue-t-il. Un avis partagé par Julie Pipoz et Marion Messerli pour qui, « tant qu’il y a un petit plus, c’est une réussite ». Si, pour certains, le « coup de pouce » de Passer’Ailes permet un « déclic » et d’atteindre les objectifs scolaires, pour d’autres, une confiance neuve et un plaisir de l’école recouvré, constituent déjà une victoire.
Gabriel Risold