Cercle scolaire
Quand la jeunesse vote et choisit
Jeudi dernier 24 novembre était jour de scrutin au collège de Longereuse. Les élèves du degré 11 devaient se prononcer sur l’attribution du montant communal de l’aide au développement à deux projets de développement humanitaire. Une journée où les futurs citoyens devaient faire un choix important.
Voter, choisir, décider, pour ou contre. C’est l’acte que font environ 30% ou un peu plus de notre communauté quatre fois par an. Jeudi dernier, les élèves de 11e année de l’École Jean-Jacques Rousseau se sont soumis à ce même exercice au collège de Longereuse. La question présentée devant eux était simple : à qui allouer les 22’000 francs d’aide au développement et à la coopération internationale de la Commune de Val-de-Travers. Deux projets étaient en concurrence, un de l’association Eirene et l’autre de la fondation Action de Carême, et des membres des deux organisations étaient présents, le matin de ce jeudi à Fleurier, pour convaincre les derniers hésitants.
Le processus en est à sa douzième année, depuis que la Commune de Val-de-Travers a octroyé ce montant pour l’aide au développement en 2011, et le codirecteur de l’École Jean-Jacques Rousseau n’est que ravi du procédé. « Cela permet d’être citoyen avant l’heure », explique David Hamel. « C’est se retrouver dans la peau d’un votant, faire son choix et décider de l’usage d’une enveloppe budgétaire ». Le codirecteur ajoute que tout est constitué comme un véritable vote : carte de vote, livret indicatif, bulletin, enveloppe de vote, etc. Même l’abstention est autorisée, comme le vote par « correspondance » pour les élèves absents lors du scrutin. « Il doit y avoir sept ou huit élèves qui ont déjà déposé leur enveloppe au secrétariat », relève David Hamel.
« Vous avez un pouvoir »
Présent pour une courte introduction avant les présentations des projets, Christophe Calame, conseiller communal en charge de la jeunesse et de l’enseignement, tient à donner « un ordre d’idées » aux élèves par rapport aux 22’000 francs qui seront alloués. La somme est minime par rapport à un budget de commune d’environ 70 millions. Le conseiller communal rappelle que le vote de l’année dernière s’est joué à cinq voix d’écart, et cite également le vote de lundi dernier, au Conseil général, qui a vu l’extension de Longereuse validée d’une seule voix. « Vous avez un grand pouvoir, et aussi celui de vous abstenir. C’est à vous de décider », a intimé le membre de l’exécutif. Le conseiller communal est convaincu par la démarche et notamment du fait de confier aux élèves la responsabilité de choisir le bénéficiaire du montant. « Tout l’intérêt de la chose est là ! », estime Christophe Calame, en ajoutant que les élèves peuvent vraiment avoir une expérience civique avec un enjeu tout en prenant conscience des problématiques internationales.
Choisir, mais comment ? Justement, les deux organisations choisies par le Cercle scolaire présentaient leur projet de développement, ce jour-ci, aux élèves. Certes ceux-ci avaient reçu des documents au préalable et les avaient déjà étudiés en classe dans le cadre des leçons Monde contemporain et citoyenneté (MCC), mais désormais les ONG devaient convaincre. « Comme on peut convaincre dans un débat », note David Hamel. à souligner qu’aucun des projets n’est totalement tributaire de cette donation, car ils sont soutenus déjà par Latitude 21, la fédération neuchâteloise de coopération au développement. Chaque année, la faîtière cantonale sélectionne cinq projets de développement pour le Cercle scolaire du Val-de-Travers qui en choisit, parmi ceux-ci, deux aux caractéristiques distinctes à soumettre aux élèves de 11e. Et, cette année, ceux exposés étaient totalement différents.
Place au vote
Tout d’abord, nous avions Eirene suisse qui supporte, à Gulu en Ouganda, l’association HashtagGulu qui vient en aide aux enfants et jeunes vivant dans la rue, notamment à la suite de la guerre civile, en offrant éducation, formation et accès aux soins. Puis, nous avions Action de Carême qui agit en collaboration avec l’ONG locale Tsinjo Aina pour la création de caisses d’épargne mutuelles et de microcrédit à Madagascar et aider ainsi au désendettement de la population rurale et agricole en promouvant aussi la souveraineté alimentaire. Les présentations terminées, il n’y a eu que peu de questions. Si ce ne sont des interrogations factuelles. Comment l’action se déroule sur le terrain ? Pourquoi ne faire que cela ? à moyen terme, ces problèmes peuvent-ils être résolus ? à cette question, les membres des ONG ont répondu que malheureusement le travail humanitaire se fait sur le temps long.
Après une matinée, les élèves ont eu la pause de midi pour réfléchir et mûrir leur choix et décider en votant d’octroyer cette somme d’argent. Entre 13 h 10 et 13 h 30, une urne était en place dans le hall d’entrée du collège pour déposer son enveloppe de vote, tel un citoyen. Certains choisissent au dernier moment, d’autres arrivent avec le matériel déjà scellé. Après le dépouillement fait, par des membres de l’École Jean-Jacques Rousseau, le résultat a été proclamé sur le préau. C’est le projet de Eirene en lien avec HashtagGulu, qui fut plébiscité par 61 voix contre 26 pour Action de Carême et un bulletin blanc. Une large victoire pour un projet touchant des enfants et adolescents, ce qui a éventuellement joué émotionnellement envers les votants. Le taux de participation, sur 110 « électeurs inscrits », a été de 80%. L’espoir de voir peut-être ces futurs citoyens garder le goût du vote une fois majeurs.
Gabriel Risold