Cercle scolaire du Val-de-Travers
Quels réflexes adopter dans un monde hyperconnecté ?
Vendredi dernier, les élèves de 9e année du Cercle scolaire du Val-de-Travers ont assisté à deux périodes de prévention numérique et à l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux. Une séance qui est sans doute essentielle à l’heure d’une jeunesse hyperconnectée.
Les réseaux sociaux, l’envoi de messages, de vidéos, de photos, est-ce bien ? Et internet et les jeux en ligne, est-ce mal ? Tels étaient, en quelque sorte, les questionnements introductifs de la séance de prévention de la police neuchâteloise à l’utilisation des réseaux sociaux et d’internet qu’ont suivie les élèves de 9e année du Cercle scolaire du Val-de-Travers, vendredi dernier. Aux questions, la jeune assistance a tenté quelques timides réponses, positives ou négatives, avant de se ranger derrière celle de Daniel Favre, responsable de la prévention au sein de la police cantonale : « Cela dépend ! ».
Comme chaque année, cette séance a pour objectif d’inculquer aux élèves les bons réflexes sur les réseaux et les clés pour éviter les risques et dangers des nouveaux outils numériques. Et la démarche prend immédiatement son sens lorsque presque l’ensemble de l’assemblée reconnaît user de Snapchat, TikTok, Instagram, Whatsapp ou encore Telegram. Le « Monsieur prévention » de la police cantonale depuis de nombreuses années, pose la question si le mieux ne serait pas d’interdire ces médias aux mineurs. « Mais alors on vous enlève ‹ l’ouverture au monde ›, la communication et le savoir qu’ils offrent », avance-t-il. Un monde virtuel où comme dans le réel, il y a « des gens bien », mais aussi des individus mauvais.
Ne pas céder à l’émotion
Pendant deux heures, l’entier des problématiques numériques a été abordé dans l’esprit bienveillant de l’échange afin de permettre aux adolescents de se confier, mais toujours avec une certaine rigueur. « Tu as TikTok privé avec 3500 amis ? Ils viennent tous à ton anniversaire ? », demande Daniel Favre à une élève qui vient de l’informer de la situation, avant d’expliquer que toute publication sur les réseaux devient publique et peut être visible par tout le monde. « Tout est public selon vous ? », interroge-t-il. Presque l’ensemble des jeunes secouent la tête. « Non, il y a des choses privées », reconnaissent-ils, dans une première prise de conscience. Autre question de Daniel Favre : est-ce plus dangereux « dehors ou dedans » ? Les élèves peinent à répondre. « Dans la rue, si on te tape sur la figure, ce sont des coups au corps. Sur les réseaux, on te donne des coups au cœur », image-t-il.
Le premier conseil du policier tient presque de l’évidence et permet d’éviter plusieurs risques, un like, un partage, une diffusion mal choisie ou les tentatives d’approche d’une personne mal intentionnée : résister à l’émotion, analyser et raisonner avant de réagir sur les réseaux. Comme l’explique Daniel Favre, dans la vie réelle l’humain possède plusieurs sens pour juger les intentions d’autrui, éléments qui disparaissent avec l’interface d’un écran. « Travaillez avec votre tête et non avec votre cœur », intime ce dernier, précisant qu’user de la fibre émotive est la base de l’arnaqueur ou du prédateur sur réseaux sociaux. Le spécialiste explique les bonnes pratiques de communication sur les réseaux : connaître ses contacts, utiliser un pseudo et ne pas donner d’informations personnelles.
IA nouvelle problématique
Autre phénomène de ces dernières années, Daniel Favre met en garde contre les influenceurs et influenceuses. Des vies qui semblent « super sympas », mais qui sont aussi souvent mises en scène et fallacieuses. « Ils et elles ont la même vie que vous ! », indique le policier. Nouvelle composante également des risques des réseaux sociaux, l’émergence de l’intelligence artificielle et la production de photos, vidéos, messages audio ou textes faux, des « deepfakes ». Et, dans ces cas-là, trancher le vrai de l’invention devient ardu. « On peut mettre désormais n’importe quoi dans la bouche de n’importe qui », précise Daniel Favre, conseillant aux adolescents d’être d’autant plus attentifs car ils seront la génération totalement confrontée à cette problématique. Le policier l’avoue, à la place des jeunes, il trouverait aussi « la vie compliquée ».
Le « Monsieur prévention » rappelle à la jeune assemblée les enjeux importants entourant les « Nudes », ces images de parties du corps dénudées, dont la production, la diffusion et rediffusion sont pénalement répréhensibles. « Donc faites attention à ce que vous publiez », conseille, une nouvelle fois, Daniel Favre. Un thème lié aussi à celui du cyber-harcèlement. Le policier suggère une idée, celle de laisser le téléphone en dehors de la chambre pour éviter les réseaux durant la nuit. Surtout, il expose la vraie réponse : parler ! « Le silence est le meilleur copain du harceleur, il faut briser le silence ! », explique Daniel Favre, en concluant qu’avec la prise de parole d’un de ces acteurs, harceleur, victime et spectateurs, le triangle du harcèlement ne peut plus fonctionner. La séance s’est terminée dans l’émotion de certains témoignages courageux d’élèves et la majorité a quitté la salle, probablement, plus mature qu’à son arrivée.
Gabriel Risold