C’est un beau roman, c’est une belle histoire !
À carnaval, il fut un temps où les guggens étaient installées sur des chars, à l’arrière de tracteurs, pour jouer dans tous les villages du Vallon. En ce temps-là, Yoan Margot est enfant et il cohabite avec une maladie qui l’empêche de sortir de chez lui. Un beau jour, le char des Britchons dévie de sa trajectoire et vient proposer un « concert privé » de quelques minutes au petit garçon. Comment ne pas avoir la passion du Carnavallon chevillée au corps après ça ? Dès 13 ans, Yoan s’engage donc comme bénévole avant de prendre des responsabilités au comité. Il en a aujourd’hui 28 et son frère Florian a occupé la présidence de la manifestation durant 5 années. C’est naturellement dans un flot d’émotions que les deux frangins ont décidé de quitter le comité.
Vous connaissez déjà une partie de la vie de Yoan Margot. Disons aussi quelques mots sur celle de son frère Florian. Il aura bientôt 40 ans et il sort de 5 ans de présidence du Carnavallon. Tous les deux ont passé au moins dix ans au sein du comité de la manifestation. Avant eux, leurs parents avaient déjà œuvré pour le bien de « l’événement d’avril » à partir des années 1980. Cette histoire de famille est riche de souvenirs et d’anecdotes dont nous vous proposons un petit florilège, balancé entre bonheur, pleurs et même… amour !
Nuits blanches… après le Carnavallon
Le petit garçon malade a bien grandi et sa vie a évolué avec lui. Alors qu’il venait d’avoir 20 ans, Yoan a rencontré sa compagne Cindy dans un endroit un peu spécial pour lui. Lequel ? Le Carnavallon évidemment. Cela devait probablement être écrit tant cet événement est une forme de fil rouge pour la famille Margot. Ce n’est pas pour rien que les deux frères posent généralement chaque année deux semaines de vacances pour s’occuper du montage et du démontage du carnaval vallonnier. « Bon, cette édition a été un peu spéciale car j’ai dû travailler le lundi et le mardi qui ont suivi la fête », ajuste le cadet. En sa qualité de technicien d’unité de production, il a charbonné de 18 heures à 6 heures du matin. Pour Yoan, les nuits blanches, c’est après le Carnavallon apparemment…
Pas de promesses, des actes !
Quoi qu’il arrive dans leurs vies professionnelles (Florian est chauffeur poids lourds), les Margot répondent toujours présent lorsqu’on fait appel à eux. « On dit toujours qu’on ne fait pas de politique car on préfère agir directement plutôt que de faire des promesses. » Vous voulez un acte concret ? Florian a parcouru plus de 500 kilomètres avec son véhicule privé cette année pour mener à bien l’organisation de l’édition 2024. Tout cela sans faire de note de frais bien sûr. Sur les trois jours d’un Carnavallon, chacun marche entre 90’000 et 100’000 pas pour faire tourner la machine avec le reste du comité et les 300 bénévoles.
Critiques : « J’en ai pleuré »
Oui, vous avez bien entendu : 300 bénévoles ! « Contrairement à ce que nous craignions, les critiques parues dans la presse ces derniers mois n’ont pas fait de mal à l’événement. Au contraire, elles ont renforcé la solidarité des Vallonniers », se réjouit le coprésident sortant. « Cela nous a beaucoup touchés quand même. J’avoue que j’en ai pleuré », ajoute Yoan. Heureusement, le duo a une recette magique en cas de coup de mou : « Il suffit de penser à la joie des enfants lorsqu’ils reçoivent leurs cornets de bonbons après le cortège du samedi ou à toutes ces familles réunies autour du repas pour se rebooster automatiquement. Regardez, Florian en a la gorge nouée rien que d’en parler… » Aucun doute, leur amour pour le Carnavallon est fort et sincère.
« Ma première décision a été d’annuler le Carnavallon… »
Tant Florian que Yoan prévoient d’ailleurs de rester bénévoles pour l’événement malgré leur départ annoncé du comité. « On a envie de vivre le truc différemment, sans avoir autant de responsabilités. » Certaines fois, la pression a joué des tours à l’aîné de la famille comme cette fois où il devait ouvrir les portes de la patinoire au moment des trois coups. « J’avais totalement oublié ce ‹ détail › », plaisante-t-il. Les premiers visiteurs ont ainsi vu leur attente être prolongée d’une bonne demi-heure. Lorsqu’il est entré dans la peau du nouveau chef sécurité, Yoan a, quant à lui, affronté une autre forme de menace : le Covid ! « Ma première décision a été d’annuler le Carnavallon 2020 et ma deuxième décision a été d’en faire de même avec la cuvée 2021 », en rit-il aujourd’hui. Définitivement, la famille Margot et le Carnavallon ce n’est pas qu’une belle histoire, c’est surtout un beau roman…
Kevin Vaucher