Chasseron-Buttes
Un mythe qui se raconte!
Depuis le 27 octobre, nous vous exposons les petits secrets et les grandes histoires de la course Chasseron-Buttes, dans le Courrier papier. Alors qu’un nouveau comité vient de succéder à celui présidé par Adrien Juvet, entre 2009 et 2022, le moment était parfait pour replonger dans cette course née en 1951. C’est le ski-club de Buttes qui a créé cette course de descente, devenue le théâtre de performances toujours plus rapides et d’anecdotes toujours plus folles. Petit tour d’horizon en texte et en images.
Commençons par la renaissance de cette course en 2009. Cela faisait 21 ans que la course n’avait plus été organisée, faute d’enneigement suffisant après l’édition de 1988. Petit à petit, ces conditions ont eu raison de l’énorme envie de (bien) faire du comité d’organisation. Le conseiller d’État Laurent Favre faisait partie de ceux qui lui ont redonné vie. Il fut même coprésidents durant 2 ans. C’est de lui qu’est venue l’idée de créer une course de ski-alpinisme, en plus de la fameuse descente. Le Trophée du Chasseron a cimenté l’événement grâce à la fréquentation en hausse constante depuis son lancement. Dès 2014, le Trophée enregistre plus d’inscriptions que la descente en elle-même. Un joli retour gagnant !
La 21e édition de 2009 avait pu avoir lieu dans des conditions parfaites. Beaucoup de neige et ensoleillement permanent. « Ce jour-là, je me rappelle que nous montions la Robella avec « Lobotz » (Pierre-Alain Lebet). C’est lui et l’ancien comité d’organisation qui attendaient de telles conditions depuis 1988 et ils ne les avaient jamais eues. En nous, le nouveau comité, nous avons la météo parfaite dès notre première tentative d’organisation. Il n’en revenait pas et m’envoyait de joyeuses insultes tout le long de la montée », rigole Adrien Juvet. Cette année-là, les coprésidents Laurent Favre et Adrien Juvet avaient vraiment tout eu. Les deux hommes étaient montés à bord d’un hélicoptère qui filmait la course, grâce à un sponsor, pour assister à la descente.
Les affiches ont toujours été utilisées par le comité d’Adrien Juvet pour se démarquer grâce à des visuels originaux et singuliers. « Souvent, on utilisait des designs des Chemins de fer de Sainte-Croix (Travys) qui étaient d’accord de nous céder les droits. En 2015, nous avons eu la chance de pouvoir reproduire un visuel du grand peintre Hans Erni. J’étais comme un fou qu’il nous donne son accord pour l’anniversaire de la 25e descente. Une journée spéciale avait d’ailleurs été organisée sous la direction de Duilio Rota (directeur du Courrier du Val-de-Travers hebdo). » L’histoire de l’affiche utilisée pour présenter la dernière édition en date (2022), qui était aussi la dernière sous la présidence d’Adrien Juvet, est encore plus forte. Elle représente l’arrière grand-papa d’Adrien, Samuel, en train d’avancer dans la neige en direction du Chasseron (voir photo ci-contre). Pour continuer dans l’histoire familiale, c’est Pierre-André – le grand-papa d’Adrien – qui avait terminé premier des juniors de la première descente de 1951.
Petites anecdotes – grande histoire !
L’édition oubliée de 1952
En 71 ans, seulement une trentaine de descentes (et dix Trophée du Chasseron) ont pu avoir lieu. C’est dire que le mythe ne se laisse pas facilement dompter. Mais les anecdotes autour de lui ne manquent pas. Elles commences dès la 2e édition de 1952. Celle-ci a purement été oublié dans le répertoriage du nombre de descentes. Du coup, la 5e était en réalité la 6e, la 10e la 11e, 19e la 20e et ainsi de suite. L’erreur a perduré dans le temps et participe aujourd’hui au mystère de la manifestation. C’est uniquement en 2015, lorsque les organisateurs se sont plongés dans les archives du Courrier du Val-de-Travers hebdo que la course de 1952 a été « ressuscitée ».
Record de participation en 1982
La popularité de la course est allée crescendo. Il y avait 82 participants en 1951 puis il y en avait 103 en 1978 et 450 en 1982. Cela reste le record absolu de la manifestation. Ils étaient 162 sur la ligne de départ de la descente ou du Trophée du Chasseron en février de cette année.
Moyenne de 67 km/h et chrono de 6’16
Les 7 kilomètres de la descente ont été sciés de plus en plus rapidement. En 1951, le gagnant, Willy Bouquet, avait terminé en 12 minutes piles ! Ce temps n’a cessé d’être amélioré d’édition en édition. En 1978, le record de l’épreuve est pulvérisé par Henri Bernasconi, passant de 9’26 à 7’05. Puis c’est Daniel Juvet (le papa d’Adrien) qui s’en est emparé en 1981 (6’39) avant que son frère établisse ce qui reste encore la marque de référence en 1984 (6’16). Il avait dévalé les 837 mètres de dénivelé négatif sur une vitesse moyenne de 67 km/h.
Plus de 21’500 remontées en 1986
Outre d’être garant de sensation forte, Chasseron-Buttes boostait aussi l’activité des installations de la Robella. En 1986, ce sont par exemple plus de 21’500 remontées, aux diverses installations, qui avaient été enregistrées. Grâce à la renommée qu’il a acquise, le mythe ressurgit donc bénéfiquement sur l’ensemble de la station.
Le skieur qui fait 3 fois le parcours
En 1968, un skieur, probablement mentaliste, avait parcouru le tracé trois fois. Avait-il senti qu’une longue période de « privation » approchait ? En effet, Chasseron-Buttes a connu une longue période d’absence entre 1968 et 1978, en raison d’hiver pas assez généreux en or blanc. A l’inverse, la descente a pu se faire sans discontinuer entre 1980 et 1988. Ainsi est jalonnée la vie du mythe vallonner.
L’hommage reçu dans un bar berlinois
Adrien Juvet, ainsi que son comité, ont reçu de nombreuses félicitations de la part des participants pour l’organisation de la course et la beauté du parcours. Mais l’une des plus belles reconnaissances est arrivée par hasard, lors d’un apéro en Allemagne. « J’ai rencontré quelqu’un dans un bar de Berlin qui m’a confié qu’il était venu une seule fois en Suisse pour participer à une course. Quand il m’a dit que c’était Chasseron-Buttes, j’étais fier et scotché à la fois. »