Cinéma Colisée
Une rampe d’accès, première étape d’accessibilité pour tous
Le cinéma Colisée de Couvet sera accessible aux personnes à mobilité réduite. Grâce au large soutien du Rotary Club du Val-de-Travers, l’association de la salle obscure a pu doter son parvis d’une rampe d’accès. Son inauguration a eu lieu vendredi dernier.
Le résultat de plus de trois années de travail entre l’association du cinéma Colisée et le Rotary Club du Val-de-Travers était inauguré, vendredi dernier : une rampe d’accès aux normes légales pour personnes à mobilité réduite. « Vraiment, il fallait faire quelque chose », a commenté, sur le moment, Patricia Rosselet Pianaro, présidente de l’association gérant la salle, ajoutant que si l’accès au cinéma n’était pas impossible, il n’était véritablement pas pratique. « Nous sommes en lien depuis trois ans avec le Rotary Club sur ce dossier et c’est une belle initiative de sa part », poursuit-elle, en saluant l’aide financière du club-service sans qui rien n’aurait été possible.
Cette soirée d’inauguration a accueilli une petite trentaine de personnes et proposait une brève partie officielle, une conférence de Maryline Hugli, membre du Club en fauteuil roulant du Jura, un apéritif dînatoire et la projection du film « Intouchables », œuvre iconique des dernières années sur le handicap. Payante pour les personnes sans handicap, les recettes de la soirée devront servir à entreprendre d’autres travaux pour adapter les WC du cinéma aux personnes en fauteuil. Également, une rangée de sièges a déjà été supprimée pour le confort des personnes en fauteuil. De plus, la rampe en question permet un accès plus aisé aux poussettes ou aux personnes utilisant béquilles ou cannes.
Projet de « longue haleine »
Lors d’une brève allocution officielle, le président de la section Val-de-Travers du Rotary Club (RCVdT), Christophe Beuchat, a rappelé que cette rampe marquait une « étape importante » pour son club-service. « Ce projet est un symbole de notre engagement à rendre la culture accessible à tous », a-t-il notamment souligné. Membre du RCVdT et personne qui a suivi le dossier, Simon Eschler a brièvement rappelé aux auditeurs le long chemin de celui-ci, entre « démarches, acteurs, financement, normes, réalisations et problèmes rencontrés en cours de route ». Ce dernier a finalement remercié la commune, la rampe se trouvant sur son terrain, d’avoir « vite délivré » un permis de construire.
Représentant de cette dernière, le président de l’exécutif, Eric Sivignon, a tenu à féliciter l’association du cinéma et le Rotary Club pour « ce projet de longue haleine », avant de rappeler que le contexte légal, depuis 2004, contraint de rendre accessibles les lieux publics aux personnes handicapées et reconnu que les instances politiques avaient peiné à prendre le sujet en considération, chose désormais progressivement faite. « Mais le projet de ce soir n’est pas concerné par cette loi, ce qui rend donc d’autant plus louable sa réalisation », a salué l’élu, en remerciant aussi le club-service pour son investissement à œuvrer pour l’accès à la mobilité de tous.
« Première étape » pour l’accessibilité
Après ces interventions, Maryline Hugli a livré à l’assistance un témoignage poignant, mais néanmoins teinté d’humour, sur sa vie en fauteuil roulant. Atteinte d’une sclérose en plaques, la membre du Club en fauteuil roulant du Jura a évoqué combien il lui fut difficile d’accepter son handicap et la nécessité d’une chaise. « Accepter de voir la vie depuis en bas », comme l’a-t-elle imagé. Elle a raconté un quotidien où « tout déplacement doit être anticipé » et où un rien peut venir littéralement « vous mettre un bâton dans les roues ». Surtout, elle a mis en exergue le peu de lieux et de services en Suisse adaptés aux personnes à mobilité réduite et cité en comparaison l’Espagne ou les pays nordiques.
Son allocution, Maryline Hugli l’a terminée avec un espoir que les discours de plus en plus réguliers sur le handicap ou des événements comme les Paralympiques de Paris puissent contribuer à déconstruire les idées préconçues et amener vers une société plus égalitaire. Message déjà compris par l’association du cinéma Colisée. « Cette rampe est une première étape en matière d’accessibilité », a reconnu Bertrand Stoller, directeur du Colisée, en rappelant le projet de reconstruction des commodités. Mais comme toujours, celui-ci est lié au « nerf de la guerre » des possibilités financières.
Gabriel Risold