CNIP
30 ans et une mission toujours actuelle
Jeudi dernier, le CNIP a célébré ses trente années d’existence. La cérémonie officielle fut l’occasion de rappeler l’importance de l’institution dans l’insertion professionnelle et sa mission, à la fois sociale et économique. La présentation de la montre anniversaire, estampillée Dubied et produite dans les ateliers de Couvet, a clos, en apothéose, la partie officielle.
« Trente ans, dans l’histoire de l’humanité, cela ressemble à une poussière de seconde, mais pour une entreprise, une société ou une institution, c’est énorme ». Le constat de la conseillère d’État, Florence Nater, résumait parfaitement l’importance de la cérémonie anniversaire dans les locaux du Centre neuchâtelois d’intégration professionnelle (CNIP), le 24 octobre dernier. Plus de 200 invités, parmi ceux-ci les autorités communales de la commune de Val-de-Travers, in corpore, la présidente du Conseil d’État neuchâtelois et cheffe du département de l’emploi et de la cohésion sociale (DECS), divers responsables et partenaires des services de l’État et du monde économique et industriel, notamment horloger, avaient répondu présent à l’événement.
Le président du Conseil d’administration de l’institution, Jean-Daniel Dubois, a rappelé, lors de sa prise de parole, que dans « ce genre d’événements, comme les César, l’important ce sont les remerciements », et a adressé les siens aux représentants du droit public, aidant à maintenir la vision de l’intégration professionnelle du centre, les acteurs étatiques et économiques et leur étroite collaboration, les collègues du CNIP, et enfin, « les adultes qui ont perdu leur emploi », pour divers facteurs conjoncturels « ou plus graves, des raisons de santé ». Présentant trois bobines de fils, vert, blanc et rouge, pour chaque catégorie de formation du centre, Jean-Daniel Dubois a « filé » la métaphore sur son rôle essentiel. « Le CNIP entrelace ses fils », a-t-il débuté. « Pour réintégrer les adultes dans le tissu, et pourquoi ne pas dire, le tricot industriel ». Et ce à Couvet, sur l’ancien site de l’entreprise Dubied, rempli d’histoire et de prestige. « Choses qui n’ont pas de prix », a-t-il estimé.
Une montre pour les 30 ans
Fondé en 1994, établi à Couvet depuis 2001 et établissement autonome de droit public depuis 2010, le CNIP accompagne depuis ses débuts les personnes devant entreprendre une réorientation dans un nouveau métier, une diversification ou un perfectionnement professionnel, dans les domaines mécanique et industriel. Pour ses 30 ans d’existence, le centre avait décidé de « marquer le coup » en produisant un objet symbolique de l’histoire du tissu industriel régional, une montre estampillée Dubied et produite en 47 exemplaires, en référence au nombre de montres gousset créées par l’entreprise de Couvet en 1930 pour ses employés ayant 30 ans de service.
Un projet parti de deux constats, selon le directeur du CNIP, Thuan Nguyen : l’absence d’un produit auquel s’identifier et la nécessité de donner un but final aux travaux d’apprentissage. « À travers cet objet, on peut démontrer les compétences industrielles des apprenants et le savoir-faire des formateurs », a-t-il avancé durant son discours, soulignant la présence d’une « mentalité différente dans les ateliers ». « Les apprenants sont là pour apprendre, mais nous sommes là pour leur apprendre », a résumé Thuan Nguyen, estimant que l’objectif du projet anniversaire est atteint, avec des exigences qui sont « montées d’un cran », désormais.
Lieu pour retrouver « une confiance »
Président de la commune de Val-de-Travers, Eric Sivignon a salué une institution résonnant doublement avec la région par son lien d’activités économiques de la vallée et en faisant revivre un site industriel historique de Couvet, ravivant une « flamme d’activité » depuis 23 ans. Une réhabilitation d’un site marqué par le passé qui fut aussi soulignée par la conseillère d’État Florence Nater. La cheffe du DECS a reconnu que le CNIP avait toujours su évoluer « selon les nouvelles exigences du tissu économique » et que cela faisait sa réussite. « Je pense aux apprenants qui ont su et usé leurs tabourets pour retrouver, dans ces murs, une confiance en leurs capacités », a-t-elle imagé, en insistant sur l’importance du centre alors que des défis liés à l’intelligence artificielle ou démographique s’annoncent.
En conclusion, la conseillère d’État a adressé un « bravo » aux membres et apprenants du CNIP, voyant dans le centre « la rencontre des espérances et des compétences ». Après, les discours, la prestation du magicien David Schulthess a diverti avec humour et malice l’assemblée, avant, dans une apothéose, de révéler la montre Dubied, symbole du trentième anniversaire. Les exemplaires de ce garde-temps anniversaire seront distribués aux partenaires du CNIP, un étant donné par tirage au sort lors de la cérémonie. Toutefois, la place de l’institution ne découle pas de la magie ou du hasard. Dans un climat économique où le long terme n’a plus lieu et où reconversion et formation continue sont devenues une norme, le centre tient de l’évidence et répond, toujours après trente ans, aux enjeux actuels de l’intégration professionnelle.
Gabriel Risold
CNIP, portes ouvertes : 1er novembre (14 h-18 h) 2 novembre (9 h 30-12 h 30).