Comme dans du beurre (de cacahuète)
On l’avait annoncé la semaine passée : les triplettes allaient envoyer des cacahuètes au bocciodromo de Couvet. Et les boules se sont effectivement entrechoquées dimanche dernier lors du championnat suisse de triplette. Elles ont dansés et elles ont parfois fait chavirer les spectateurs et les téléspectateurs (oui oui, aussi) en entraînant des revirements de situation qui ne manquaient pas de sel. Au final, ce grand événement du monde de la boccia s’est déroulé comme dans du beurre malgré les éliminations relativement rapides des trois équipes vallonnières.
28 équipes de triplette se sont affrontées dimanche, toute la journée, pour déterminer laquelle était la meilleure du pays. La réponse est tombée en fin d’après-midi sur les pistes du Pré-Jorat 6. Précédemment, les trois formations covassonnes avaient rapidement pris la porte. « Elles ont toutes été battues par des trios de très bon niveau, qui ont au moins atteint le stade des demi-finales. La déception est donc moins grande. Certains ont eu leur chance, d’autres moins mais au moins on était là », réagit le président du BC Couvet Felicino Rota.
12 boules en jeu, ça peut faire des dégâts
Le club de boccia local était même bien là, au cœur du dispositif. « Nous ne regrettons pas notre choix d’avoir accordé l’organisation de cette compétition de haut niveau à Couvet. Les organisateurs ont magnifiquement marqué le coup pour les 60 ans du club », rendait hommage le délégué de la fédération suisse de boccia, Romano Pezzani. « Et sur les pistes, il y a eu du spectacle, le plateau était royal », s’enthousiasme-t-il. Et les favoris ont-ils répondu au rendez-vous ? « Dans cette discipline, on ne peut pas vraiment parler de favoris car un match peut basculer en 2 ou 3 coups. Il ne faut pas oublier qu’il y a 12 boules en jeu à chaque point. » Autrement dit, chaque mauvaise boule tirée peut faire des dégâts.
Deux demi-finales folles
On a d’ailleurs pas tardé à s’en apercevoir sur les pistes. Les deux demi-finales ont donné lieu à des rebondissements constants. L’« équipe Klein » (San Gottardo) n’a-t-elle pas perdu sa rencontre alors qu’elle menait sur le score de 8-1 (le premier à 12 points rafle la mise) ? Dans l’autre affrontement du dernier carré, la « triplette Corbo » (Italgrenchen) n’est pas passée loin de l’élimination non plus. Alors qu’elle était largement devant (8-5), elle s’est retrouvée à une unité de la porte (8-11) avant de retourner la situation à son avantage. Fou !
Et les Romands, alors ?
C’est finalement Pro Ticino Zurich (Di Vicino, Glorioso, Giurriola) qui a remporté la finale 12-5 devant Italgrenchen (Corbo, Scura, Taeggi). Et malgré tous ces revirements, aucun n’a profité à une formation romande. étrange non ? Elles sont si éloignées des autres, en termes de niveau, pour être en position d’en profiter ? Romano Pezzani a peut-être une explication ? « Il y a d’excellents joueurs romands et même vallonniers. Robertino Rossi s’est classé troisième sur le circuit A (le principal), pas plus tard qu’hier (samedi 10 juin). Peut-être qu’il y a moins de compétitions en équipe en Suisse romande et donc moins d’équipes aussi », esquisse-t-il poliment.
La boccia en streaming, c’est fait !
En réalité, il y a de très bons joueurs mais pas en nombre suffisant pour former plusieurs triplettes d’impact. Les moyens financiers ne sont pas les mêmes non plus. Certains clubs alémaniques ou tessinois déposent jusqu’à 30’000 francs par année pour engager des mercenaires et former une bonne équipe. Pour les sponsors, la boccia est actuellement en train d’essayer de rattraper son retard au niveau de sa visibilité. « Toutes les grandes compétitions suisses sont retransmises en direct sur internet pour la première fois (youtube notamment). » Et ça percute ? « Oui, les stats sont positives. La première étape du circuit élite a attiré 14’000 téléspectateurs. Par comparaison, un match régional de foot tessinois fait 1000 à 2000 visites », expose Romano Pezzani. Et ça, ce n’est pas peanuts !
Kevin Vaucher