Au cœur de l’hiver 1871, l’Armée de l’Est du général Bourbaki est en déroute après avoir échoué à reprendre Belfort et tente une retraite vers Besançon, mais celle-ci est coupée par les troupes bado-prussiennes du comte von Manteuffel. Acculée, « l’Armée Bourbaki » est contrainte de se replier vers la frontière suisse. Le 1er février aux Verrières est signée la convention d’internement entre le général suisse Herzog et le général français Clinchant qui assume le commandement depuis la tentative de suicide de son supérieur. Les 88’000 soldats rescapés du contingent de 150’000 hommes de l’Armée de l’Est trouvent ainsi refuge en Suisse alors que la guerre de 1870 est presque à son terme. Le 150e anniversaire de cet acte humanitaire, « de solidarité entre les nations et les peuples » comme l’a relevé Christian Mermet, président de l’Association Bourbaki Les Verrières, sera célébré, après 151 ans, en raison des mesures sanitaires en vigueur l’hiver dernier.

Lundi, l’association a présenté le programme de la journée de commémoration qui se déroulera le 29 janvier prochain.

Cet épisode a 150 ans, mais il résonne encore pleinement aujourd’hui,

a estimé Christian Mermet, en soulignant que celui-ci est quelque peu fondateur de la tradition humanitaire suisse. Chargée de la coordination de la manifestation, Marylise Saillard a rappelé que l’accueil en Suisse des 88’000 soldats français constituait un événement majeur.

 Il s’agit de la première grande action humanitaire, d’un premier acte de neutralité de la Suisse et d’une première action d’envergure de la Croix-Rouge suisse,

a-t-elle énuméré.

Les soldats français seront hébergés dans l’ensemble des cantons, hormis le Tessin faute de passage aisé en hiver. Un fait d’importance dont la journée commémorative aura le relief national et international mérité, avec, en invité d’honneur, la présence du président de la Confédération, Ignazio Cassis et d’un ministre du gouvernement français, très probablement Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie. également, le président du Conseil d’État neuchâtelois, Laurent Favre, l’ambassadeur de France en Suisse, Frédéric Journès, seront présents ainsi que des élus français et suisses.

Cortège officiel et autres événements

La présence d’élus des deux côtés de la frontière démontre que cette commémoration se veut franco-suisse avec un travail commun avec la commune frontalière des Verrières-de-Joux, même si le maire, Jean-Luc Faivre, a reconnu qu’en France « on ne fête pas trop les défaites ». Toutefois, le 29 janvier, il ne s’agira pas de fêter mais de se souvenir et c’est à quoi servira une exposition de l’Asssociation Avalfort avec la participation de la Croix-Rouge française, sur la guerre de 1870, dans la salle des fêtes de la commune française, du 24 janvier au 1er février. La principale partie officielle de la journée du 29 janvier sera un cortège entre la salle des fêtes des Verrières-de-Joux et le temple des Verrières, et un passage symbolique à la douane, entre 14 h et 15 h, avec plusieurs allocutions des invités officiels, salves d’honneur des batteries 13, de Fribourg, et 14, de Neuchâtel, et la présence d’un détachement d’honneur de l’armée suisse et de la batterie fanfare la Vieille garde impériale de 1806.

Le public ne sera pas oublié et pourra accompagner gratuitement le cortège. Néanmoins, d’autres événements en lien avec les commémorations lui seront proposés.

Nous avons souhaité un programme varié pour plaire à un maximum de gens,

a expliqué Marylise Saillard, en citant les différentes activités mises en place. Expositions de photos ou d’œuvres, présentations de livres en lien avec l’épisode historique ou une conférence de l’historien Daniel Lonchampt seront accessibles à la population entre l’hôtel-de-ville, le collège et le temple des Verrières, de 10 h à 17 heures. Le parcours thématique de 5 kilomètres sera évidemment ouvert aussi. Enfin, dès 11 h, le public de curieux ou de passionnés d’histoire pourra se sustenter, dans la cour du collège et à la salle de gym des Verrières, avec la vente d’une petite restauration, de boissons et de produits du terroir estampillés « Bourbaki ». Et une soupe, cuisinée par la batterie 14, sera offerte à la mi-journée à la population. Un rappel symbolique aux quelques vivres offerts aux soldats fatigués et affamés qui déposèrent les armes à la frontière le 1er février 1871.

Gabriel Risold

Informations et programme :
www.bourbaki-verrieres.ch