Commerce
On ira tous au paradis ?
« Ici, c’est le paradis ! » C’est par ces mots, floqués sur une pancarte bien en vue, que les clients de La plume enchantée sont reçus à la Grand-Rue 25 de Fleurier. Avant d’obtenir la clef de son petit paradis, Corinne Ruffieux-Jaquet a dû faire ses preuves sur un parcours jalonné d’épreuves professionnelles et débuté il y a près de trente ans. Aujourd’hui, à 52 ans, la Vallonnière peut vivre l’âme en paix dans le monde de la papeterie qu’elle aime tant. Depuis le 1er février, les clients se pressent à l’entrée du paradis…
Après un mois d’ouverture, La plume enchantée n’a pas désenchanté et Corinne Ruffieux-Jaquet a toujours un large sourire dessiné sur son visage. « Le premier bilan est vraiment excellent ! Les gens sont super contents de revoir une papeterie dans les rues et idéalement placée. Je ne calcule plus le nombre de personnes qui m’ont dit que ce type de magasin leur manquait ! » Mais de la parole aux actes, il y a parfois bien plus qu’un coup de crayon, les clients sont-ils toujours au rendez-vous ?
30 à 50 passages par jour
« Franchement oui ! La journée d’ouverture était de la folie. Plus de 120 clients sont passés par le magasin, sans même vous parler des curieux qui étaient là aussi. » De quoi faire passer le paradis de Corinne en petit enfer temporaire d’un point de vue relationnel : « Moi qui adore le contact, j’avais imaginé pouvoir dialoguer avec chacun des clients mais je me suis vite rendu compte que ça allait être impossible. Il y avait vraiment beaucoup de monde. » Bonne nouvelle ! Depuis le 1er février, l’affluence s’est stabilisée autour des 30 à 50 passages par jour. Ce bon rythme au niveau des affaires permet désormais à Corinne de prendre le temps du conseil et de la discussion avec ceux qu’elle rencontre. « C’est plus que positif ! Maintenant, le challenge consiste à garder cette clientèle pour que La plume enchantée écrive son avenir dans la durée », pousse-t-elle.
Le meilleur magasin du monde
Le bail à loyer a été signé pour une période de deux ans. Ce qui s’apparente un peu à une période d’essai quant à la viabilité d’une papeterie au Val-de-Travers. « Je suis persuadée que ça va fonctionner », s’encourage-t-elle. « Ce n’est pas qu’une simple papeterie, il y a aussi des articles de bricolage, une boutique cadeau, des articles fantaisie, des cartes, des cartouches d’encre, du scotch, du papier aquarelle et bien d’autres choses encore. » Et, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les jeunes ne sont pas les derniers à y trouver leur compte. « C’est le meilleur magasin du monde », a même décoché un jeune gamin à sa maman. Tous les jours de la semaine, un pic de fréquentation est enregistré au moment de la sortie des écoles. « Les jeunes aiment cette ambiance et ils passent parfois juste pour regarder les nouveautés. » Les stylos animaux font un véritable tabac par exemple !
Elle finit par se lancer dans le vide et retombe… au paradis !
Pas de quoi étonner plus que ça Corinne qui est une adepte convaincue de l’univers de la papeterie. « C’est mon monde à moi ! Dès 1987, je faisais un apprentissage de vendeuse en papeterie à Travers. Ensuite, j’ai fait un petit tour du canton pour continuer à œuvrer dans ce domaine. » Fleurier, Colombier puis finalement La Chaux-de-Fonds ! En 1997, elle est de retour à Fleurier, dans la quincaillerie familiale. Ses parents se retirent en 2016. Elle reste encore trois ans avant de ressentir le besoin de revenir à son premier amour. Direction une papeterie de Sainte-Croix. De retour au paradis, cette femme qui ne cesse de cravacher a dû faire un choix en fin d’année 2024. « Mon patron arrivait gentiment à la retraite et l’idée de me mettre à mon compte s’est peu à peu installée. J’ai vu une annonce pour ce local de la Grand-Rue 25 au même moment. C’était maintenant ou jamais et je me suis lancée dans le vide »… pour finir par tomber au paradis, dans les plumes ! Bonne pioche.
Kevin Vaucher
Internet, smartphone, ChatGPT : une concurrence féroce ?
On ne va pas se mentir, la dynamique actuelle est plutôt à la fermeture des petits commerces. Les temps sont aussi difficiles pour l’industrie du papier au sens général du terme. Pourtant, personne dans son entourage n’a essayé de freiner Corinne Ruffieux-Jaquet lorsqu’elle a révélé son envie d’ouvrir une papeterie à Fleurier ! « Au contraire, j’ai senti un fort soutien qui m’a encouragée à oser y aller. Je pense qu’on aura toujours besoin de papeterie dans nos vies. Ma fille m’a même aidée à trouver le nom du magasin. Je ne regrette pas du tout mon choix car je travaille aujourd’hui dans mon petit paradis. »