Commerces
Consommer sans regarder sa montre est-il possible ?
Habituellement, ce sont nous qui faisons appel aux bons soins des commerçants du Vallon. Aujourd’hui, c’est une partie d’entre eux qui viennent à nous pour soulever une question qu’ils sont de plus en plus à se poser : avec les zones bleues limitées à 1 heure de stationnement au centre-ville de Fleurier, est-il encore possible de consommer sans regarder sa montrer ou sans tricher ? Faisons le tour du sujet ensemble !
« Cela fait bientôt 30 ans que je suis commerçant au village et je sens malheureusement que le commerce se meurt peu à peu », commence par évoquer Ludovic Louis-Jacquet. Son salon de coiffure, situé à la rue de l’Hôpital de Fleurier, est en première ligne sur cette question. « Ces derniers mois, les travaux de la Migros nous ont impactés directement puisque des véhicules de chantier étaient stationnés sur les places bleues qui se trouvent dans la zone. »
À ce sujet, la Commune de Val-de-Travers est rapidement intervenue afin de trouver une solution adaptée à tous. La question n’est pas là. Ce qui coince aujourd’hui, c’est le temps de stationnement autorisé dans le centre-ville en général.
Négociation avec l’agent de sécurité publique en bigoudis et peignoir
« Vous savez, dans la coiffure, les coupes nécessitent souvent plus d’une heure et mes clientes et clients se retrouvent souvent embêtés pour le parking. » Le commerçant en veut pour preuve cette scène surréaliste survenue il y a quelques semaines : « Une cliente a vu depuis le salon que sa voiture allait être amendée car elle avait dépassé le temps limite. Elle est alors sortie, bigoudis sur la tête et peignoir au vent, pour aller plaider sa cause auprès de l’agent de la sécurité publique en question. Pensez-vous qu’elle a envie de revivre une scène comme celle-là et qu’elle a envie de revenir au centre-ville de Fleurier ? J’en doute ! » Si certains agents font parfois preuve de compréhension, nombreux sont les commerces à appeler à davantage de souplesse.
« Pourquoi pas deux ou trois heures de stationnement au centre-ville ? »
Dans le même temps, ces agents ne font-ils pas simplement leur travail ? Être trop laxiste n’aurait-il pas l’effet inverse et conduirait à la problématique des « voitures-ventouses » qui restent parquées toute la journée et empêchent justement les habitants d’aller proche des commerces ? « Non ! Nous ne demandons pas une durée de stationnement illimitée ! Mais pourquoi pas imaginer des zones bleues spéciales avec deux ou trois heures de stationnement ? Aujourd’hui, je vous le dis franchement comme je le pense : on a plus le temps de consommer sans regarder sa montre ! Je ne parle pas uniquement du coiffeur mais de tous les commerces. C’est pareil chez l’esthéticienne ou au restaurant. Même boire un café ou faire l’apéro avec des amis devient compliqué. Alors, soit les gens trichent avec leur disque soit ils consomment moins et limitent leur temps chez nous. » Et comme le temps, c’est de l’argent, les commerces en pâtissent !
Et un repli en zone blanche ?
Reste la solution des places en zone blanche qui se trouvent un peu plus loin dans le village. « Non, non, pas du tout ! Ces places sont déjà occupées par les riverains, ceux qui travaillent et ceux qui prennent le train. C’est impossible d’y voir une solution viable », repousse Ludovic Louis-Jacquet. Sur ce dossier, la Commune n’a pas encore été contactée directement mais il se pourrait qu’un collectif de commerçants voie le jour prochainement pour faire valoir leurs intérêts. « C’est une idée ! Nous souhaitons aussi ouvrir le débat grâce à cet article qui se veut constructif. Nous cherchons des solutions et pas à créer des problèmes. » D’ici là, n’ayez pas peur si vous croisez des dames en peignoir et bigoudis…
Kevin Vaucher